Appel pour la réintégration de Salah Lamrani, exclu de la CGT pour son soutien à la Palestine
Le fonds de l'affaire est de savoir si le débat et la coexistence de points de vue différents ont droit à l'existence dans la CGT comme ses statuts le prévoient.
Nous n'avons pas connaissance dans le détail des motifs l'exclusion de Salah Lamrani qui apparaissent divers, la question palestinienne apparaissant comme centrale.
Certes la CGT participe aux manifestations dénonçant les actions criminelles du gouvernement israélien.
Mais dans sa dénonciation elle part du récit dominant qui fixe les lignes rouges assignées par le pouvoir macronien, les médias système et l'occident collectif aligné de fait sur le soutien inconditionnel à Netanyahou (cf par exemple la sanction de l'humoriste Guillaume Meurice à France inter) : tout commence le 7 octobre avec l'action armée du Hamas qui doit être obligatoirement qualifié de terroriste.
Sauf à encourir sanctions, mise au ban de la " bonne société ", qualification d'anti-sémitisme ou/et d'apologie du terrorisme.
Et d'encourir la répression judiciaire comme notre camarade secrétaire de la CGT du Nord Jean-Paul Delescaut que la direction confédérale et Sophie Binet soutiennent.
La question demeure pour le mouvement syndical de son indépendance par rapport aux classes dominantes et aux campagnes médiatiques massives dans les moments de tension au plan national comme international.
Sur une base de classe ET anti-impérialiste qui fasse la clarté sur les agissements guerriers USA et OTAN en tête !
Contre les peuples et contre la PAIX !
Dans les commentaires qui accompagnent le plaidoyer de défense de Salah Lamrani par Bruno Drweski on retiendra la réflexion de Marie Nivet :
- PAR MARIE NIVET
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Salah Lamrani / Alain Marshal
Appel pour la réintégration de Salah Lamrani, exclu de la CGT pour son soutien à la Palestine
Professeur de Lettres élu au Bureau et à la Commission Exécutive de la CGT Educ’action 63, Salah Lamrani, qui est également blogueur sous le pseudonyme d’Alain Marshal (anagramme de son nom), a été exclu du syndicat pour avoir critiqué les positions de la Confédération suite aux événements du 7 octobre. Un courrier interne qu’il a initié, et qui est devenu une lettre ouverte publiée sur son blog Mediapart et sur change.org, dénonçait la porosité à la propagande pro-israélienne de plusieurs déclarations et communiqués confédéraux, et rappelait le droit à la résistance armée d’un peuple colonisé. A ce jour, il a été signé par des centaines d’adhérents, responsables et sympathisants de la CGT, ainsi que par 6 sections syndicales CGT et 2 collectifs de solidarité avec la Palestine
Une procédure d’exclusion abusive a été lancée contre Salah, sans que les accusations portées contre lui fassent l’objet d’un document écrit basé sur des faits clairement établis et constitutifs d’une faute. Son exclusion définitive a été prononcée le 12 avril en Conseil Syndical Départemental, instance où les droits à la défense n’ont pas été respectés, tout débat contradictoire y ayant été interdit. Ce processus sommaire visait à camoufler les irrégularités de la procédure et les véritables griefs formulés à son encontre, qui ont constamment changé, et relèvent du délit d’opinion ou de points mineurs ne résistant pas à l’examen. Bien que ce « procès » se soit tenu en présence d’observateurs de l’Union Départementale du Puy-de-Dôme et de l’Union Nationale des Syndicats de l’Education Nationale (UNSEN-CGT), ceux-ci n’ont pas participé au processus d’exclusion qui est du seul fait de la CGT Educ’action 63. La Confédération n’est pas non plus mise en cause à ce jour dans cette décision contraire aux principes fondamentaux de la CGT que tous les syndicats doivent respecter.
Si les positions exprimées par Salah sur le 7 octobre sont la principale cause de son éviction, comme le démontrent la chronologie des événements et le solide dossier qu’il a constitué (accessible sur ce lien), il a aussi été mis en cause pour d’autres opinions « minoritaires », que ce soit sur la Fédération Syndicale Mondiale (FSM), car il soutient le retour de la CGT en son sein, sur la guerre en Ukraine ou sur des questions sociétales comme l’IVG ou les problématiques LGBT, qu’il estime hors champ syndical.
Ses convictions et pratiques religieuses ont également été stigmatisées, notamment sa défense du droit à l’existence des écoles privées confessionnelles, considérée contraire au principe de laïcité. Arguant d’un « conflit de valeurs », le Bureau l’avait mis à l’écart, alors qu’il avait fait ses preuves dans la défense des droits des salariés. Et suite à son refus de démissionner, Salah a été victime d’accusations infamantes, notamment d’avoir traité un camarade de « mécréant » durant une réunion de Bureau, ce qui le faisait passer pour un extrémiste religieux. Parce qu’il a diffusé en interne, via un lien Youtube non répertorié, un enregistrement de cette réunion démontrant qu’il s’agissait d’une calomnie, l’avocat de la CGT Educ’action 63 lui a envoyé une mise en demeure le menaçant d’une convocation policière et d’une peine « d’un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende ». En plus de l’innocenter, cet enregistrement comporte des aveux explicites de plusieurs membres-clés du Bureau, qui y qualifient ses vues sur la situation en Palestine de « point saillant » et de grief « le plus grave » justifiant son éviction, notamment parce qu’elles feraient perdre des adhérents au syndicat.
Il n’est pas acceptable, alors que les mises en examen et condamnations se multiplient contre les défenseurs de la cause palestinienne pour « apologie du terrorisme » présumée (notre camarade Jean-Paul Delescaut, Secrétaire général de l’UD CGT du Nord, en est une des dernières victimes), ce à l’instigation du pouvoir politique inféodé à Washington et son soutien indéfectible à Israël, qu’un syndicaliste et militant soit mis en danger par ses propres camarades pour avoir appelé à soutenir authentiquement le peuple palestinien à son heure de vérité.
Il n’est pas acceptable, au moment où la situation s’aggrave pour les travailleurs, et que celle des luttes d’ensemble et de la construction d’une stratégie de conquête semblent au point mort, de menacer la cohésion de la CGT en ouvrant de tels conflits en son sein, et en mettant en œuvre des mesures aussi drastiques qu’une exclusion suite à un procès politique d’un autre âge, qui discrédite le syndicat et le prive d’une bonne volonté.
Il n’est pas acceptable, alors que la société et même les forces politiques de gauche se déchirent, faisant le lit de l’extrême droite dont « l’arc républicain » a adopté le racisme et l’islamophobie systémiques ainsi que les discours de haine, d’oublier que
« La CGT est ouverte à tous les salariés […] quels que soient leur statut social et professionnel, leur nationalité, leurs opinions politiques, philosophiques et religieuses. Elle agit pour une société démocratique, libérée de l’exploitation capitaliste et des autres formes d’exploitation et de domination, contre les discriminations de toutes sortes, le racisme, la xénophobie et toutes les exclusions. […] La démocratie syndicale assure à chaque salarié la garantie qu’il peut, à l’intérieur du syndicat, défendre librement son point de vue sur toutes les questions intéressant la vie et le développement de l’organisation. » (Préambule des Statuts de la CGT).
Nous appelons la Confédération CGT à intervenir pour faire toute la lumière sur cette affaire, ce qui devrait conduire à annuler cette mesure d’exclusion anti-statutaire dont la cause principale est le refus de Salah de renvoyer dos à dos Israël et toute la Résistance palestinienne : le Hamas en est une des composantes fondamentales à côté d’autres groupes, islamiques, laïcs ou marxistes.
Salah est visé à cause de sa démarche publique en faveur d’un soutien ferme au peuple palestinien victime d’un génocide à caractère fasciste avec la complicité des capitales occidentales. Tous les différends politiques, idéologiques et personnels doivent trouver une résolution interne conforme au droit et aux traditions de dialogue, de libre débat et de franche camaraderie de la CGT, qu’une confirmation confédérale de cette exclusion arbitraire déshonorerait.
Contact pour signature : petitioncgtpalestine@gmail.com ou laurentdewangen@gmail.com
Veuillez préciser en objet « Pour la réintégration de Salah Lamrani », ainsi que le libellé de votre signature : Nom et Prénom (ou initiales), profession, département, éventuelle affiliation syndicale et/ou associative et fonctions, et toute autre mention jugée utile. Les sympathisants de la CGT sont distingués des adhérents (ou anciens adhérents) par un alinéa. Les abonnés Mediapart peuvent signer avec leur nom de profil, auquel renvoie un lien hypertexte.
extraits de sa pensée:
"Il faut distinguer la légitimité d'un groupe armé à opérer pour son autodétermination du caractère de son mode opératoire. Les attaques du 7 octobre relèvent de crimes de guerre, voire contre l'humanité." (youtube)
"Tant qu’Israël ne guérira pas de son colonialisme, il n’y aura pas d’issue, les Palestiniens seront dépossédés ou massacrés, et les Israéliens ne seront pas en sécurité."(politis)
Le Hamas est un mouvement religieux structuré autour d’une branche politique, et qui a développé une branche armée dont le mode opératoire est le terrorisme. M’accuser de soutenir le Hamas, c’est mal me connaitre. Je suis née dans une famille communiste. Par ailleurs, posons-nous la question : qui a soutenu le Hamas ? On a très bien documenté le soutien du gouvernement israélien au Hamas. Bezalel Smotrich [ministre des Finances, et leader extrémiste des colons, N.D.L.R.] et même Benyamin Netanyahou ont expliqué pourquoi il fallait le soutenir et le faire financer pour briser les organisations ouvertes à la négociation. Le journal israélien Haaretz l’a révélé. Il y a donc beaucoup d’ironie à accuser tel ou tel de soutenir le Hamas.(politis)
Quand on soutient le Hamas et qu'on est français, à l’abri des bombes, ce n'est pas normal, car le Hamas n'est pas internationaliste, a cassé les syndicats à Gaza, ne soutient que les bourgeois et instrumentalise le peuple
Quand on soutient le Hamas en Palestine et qu'on est opprimés, c'est ma foi légitime et parfois nécessaire car les autres partis ont été baillonné
Quand on finance le Hamas, comme le fait Israel et donc ses alliés, c'est qu'on ne veut pas de paix juste et durable et qu'on préfère la peur et la guerre pour coloniser toutes les terres.
Marie