Gaza : au mépris de l'indignation internationale, Israël envoie ses chars dans Rafah bombardé

Publié le par FSC

L'Humanité du 28 mai 2024

Le Norwegian Refugee Council distingue « trois mondes » dans Rafah : « L’Est est une zone de guerre archétypale, le centre est une ville fantôme et l’Ouest est une masse congestionnée de personnes vivant dans des conditions déplorables. » © Eyad BABA / AFP

L’armée israélienne continue de massacrer des civils qui se sont réfugiés au sud de la bande de Gaza. Des chars israéliens sont entrés pour la première fois dans la ville de Rafah, où nul n'est à l'abri des bombardements et où de plus en plus de personnes meurent du manque de soins. Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunissait en urgence ce mardi 28 mai au soir.


La confidentialité poussera-t-elle les États-Unis à tout faire pour arrêter le massacre ? Le Conseil de sécurité des Nations unies se réunissait en urgence et à huis clos, ce mardi 28 mai au soir, pour évoquer une nouvelle fois le sort des familles gazaouies, sous les bombes israéliennes depuis plus de sept mois. C’est l’Algérie qui a appelé à cette réunion, après le massacre, dimanche soir, du camp de réfugiés de Barkasat, à Rafah, dont les images insoutenables ont ému le monde entier. Le ministère de la Santé du Hamas a par ailleurs partagé, ce même jour, un nouveau bilan de 36 096 morts dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre.


Il serait pourtant faux de dire que la pression s’accroît sur le gouvernement de Benyamin Netanyahou. Jamais le premier ministre israélien n’a été freiné dans sa marche destructrice par son grand allié états-unien. Ce dernier a même continué à financer et à armer Israël, qui tue sans distinction des enfants, des femmes, des humanitaires ou des journalistes. Ce mardi encore, l’armée israélienne a ciblé Rafah, faisant d’abord six morts et sept blessés le matin, selon le ministère de la Santé du Hamas, puis 21 morts de plus lors d’une nouvelle frappe sur des « tentes de personnes déplacées à l’ouest de Rafah », selon Muhammad Al Mughair, responsable de la Défense civile palestinienne.

« Toutes les évacuations médicales ont brusquement cessé »


Tel-Aviv a également envoyé pour la première fois ses chars dans le centre-ville, aperçus par des témoins près de la mosquée Al Awda, selon l’agence de presse Reuters. Ce déchaînement sur la ville, qui était jusqu’ici le seul refuge des Gazaouis, a poussé environ un million d’entre eux, soit près de la moitié de la population de l’enclave palestinienne, à fuir Rafah ces trois dernières semaines, selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). Dans un rapport cette semaine, le Norwegian Refugee Council distinguait « trois mondes » dans Rafah : « L’Est est une zone de guerre archétypale, le centre est une ville fantôme et l’Ouest est une masse congestionnée de personnes vivant dans des conditions déplorables. »


Depuis le début des attaques israéliennes sur la ville, de plus en plus de personnes meurent du manque de soins, faute de camions transportant l’aide humanitaire qui passe par les rares postes-frontières. « Toutes les évacuations médicales ont brusquement cessé » depuis trois semaines, a affirmé la porte-parole de l’OMS Margaret Harris. Cette situation, qui s’aggrave de jour en jour, provoque un formidable élan de solidarité, à l’image de ces rassemblements de milliers de personnes, lundi 27 mai, dans toute la France, pourtant appelés à la dernière minute, dans l’épouvante du massacre commis la veille à Rafah.


La souffrance des Palestiniens est connue du monde entier depuis plusieurs générations. En 2009, déjà, Kery James rappait ces « négociations sans fin pour la création d’un État palestinien / Mais quand viendra l’heure / Qu’est-ce qu’il en restera ? » Outre un cessez-le-feu immédiat, les membres de l’ONU doivent en effet garantir aux Palestiniens leur simple droit d’exister en reconnaissant leur État, « le seul moyen d’avancer » vers la paix, comme l’affirmait le premier ministre espagnol Pedro Sánchez, ce mardi 28 mai. Indépendamment de l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, 146 pays l’ont déjà fait. En attendant le « pays des droits de l’Homme ».
 

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