L'essentiel : combattre le capitalisme ET l'impérialisme déclinant !
L'analyse de Gilles Questiaux peut paraître provocatrice à l'heure où le réflexe unitaire à gauche est centré sur la volonté d'empêcher le R_haine d'accéder au pouvoir.
Elle alerte cependant sur le caractère vain de la critique purement morale de l'extrême droite, l'abandon des opinions-intérêts des couches populaires tentées manifestement par le " on-a-tout-essayé "de manière catastrophique pour nous, sauf eux !
D'autant que la social-démocratisation générale de la gauche, son suivisme atlantiste la place en soutien inconditionnel (n'est-ce pas monsieur Gluksmann) du régime néo-nazi de Kiev, sans qu'elle y voit contradiction avec ses exigences éthiques proclamées et ses traditions pacifistes.
Ignorante du basculement du monde qui redistribue les rapports de force et nous met dans le choix de la poursuite de la vassalité aux Etats-unis OU d'une rupture de cette vassalité et du choix coopératif dans le monde multipolaire en voie de construction.
Ni la gauche, ni le R_haine ni bien sûr le bloc extrême centriste de Macron n'envisageant cette option.
Pour beaucoup cependant, la décision dans l'urgence du soutien au Nouveau Front Populaire sans aucune espèce d'illusion prend en compte à la fois la volonté unitaire de faire face au couple objectivement complice Macron- R_haine s'accompagnant du nécessaire combat sans ménagement des penchants et des dérives de la " gôche ".
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A relire dans le contexte des élections législatives précipitées après la décision de dissolution de l'AN par Macron, où pour la première fois une victoire du RN est envisageable. Et bien, ça ne change absolument rien à ce qui est constaté ici (11 juin 2024).
Combattre l’extrême-droite n’est vraiment pas une priorité dans le monde de 2024.
D’abord qu’est-ce qu’on entend par ce grand mot de « combattre », y a-t-il des SA dans les rues qui font régner la terreur comme à Berlin en 1930, des chemises noires comme en Italie en 1920 ? A part en Ukraine, dans le camp du régime de Kiev, on n’a pas vu ça en Europe depuis bien longtemps.
Dans la réalité quand on s’exprime ainsi on profère une métaphore grandiloquente pour dire sa désapprobation du mal métaphysique et qu’on va mette en quarantaine tous ceux qui ne font pas immédiatement la même chose quand on leur demande. Mais même ce combat verbal restera symbolique et se tiendra dans l’entre-soi confortable où tout le mode est d’accord et on se gardera bien d’arpenter les cités, les banlieues pavillonnaires et les régions rurales pour tenter de convaincre les masses. On sait trop bien comment on serait reçu. Non par des coups de gourdin et l’huile de ricin comme avant-guerre, mais avec commisération et des haussements d’épaule.
Il existe de graves menaces contre les libertés publiques, mais elles ne proviennent pas de ce coté là. Elles proviennent du coté des partisans de l'UE et de l'OTAN.
Et puis il y a trois raisons pour lesquelles un tel « combat » est non seulement inutile mais carrément contreproductif.
1 ) Utiliser ses fenêtres de tir dans les médias pour attaquer l’extrême-droite - qui n’est pas au pouvoir en France pour le moment - signifie implicitement que Macron, les libéraux, les oligarques qui gouvernent à travers eux, sont un moindre mal, et tous les efforts politiques exercés dans ce sens aboutiront à les consolider. Comme l’extrême-droite est présentée dans les médias comme une opposition à cet ordre politique répugnant, la plupart des gens en concluront qu'en l'attaquant, en fait, on défend le pouvoir en place. Combattre l’extrême-droite ça s'est résumé en 2017 et en 2022 à pousser le grand cri Votez Macron ! au deuxième tour (et pour ceux qui avaient réussi à se faire peur à eux même, dès le premier).
2) Dans les classes populaires, un grand nombre voire la majorité partage une partie des idées qui sont présentes dans les discours de l'extrême-droite, et qui pour discutables qu'elles soient ne sont pas des idées racistes ou suprématistes en elles-mêmes : rejet de l’assistanat, de la délinquance, de l’immigration, ainsi que de la culture et des mœurs post-modernes, et si on veut se faire l'interprète de ces classes et défendre leur intérêt matériel – ce qui serait quand même un minimum ! - il vaudrait mieux ne pas les contrarier systématiquement quand ce n’est pas carrément les insulter en voulant leur faire honte pour leurs opinions, d'ailleurs sans jamais vouloir les discuter d'égal à égal. Des opinions qui sont systématiquement interprétées de manière paranoïaque – suivant une logique qui est justement dénoncée quand elle conduit à amalgamer antisionisme et antisémitisme. Par exemple, si on veut rendre effective l’expulsion des déboutés du droit d’asile, on sera assimilé à des collabos qui chargeaient les wagons à Drancy de déportés dirigés vers Auschwitz.
3) L’extrême-droite de maintenant n’est pas celle de 1930 (et la gauche non plus d’ailleurs) il s’agit essentiellement d’un épouvantail électoral, et les fascistes dignes de ce nom, les seuls vénérablement nocifs, extrémistes, dangereux, sont allés combattre les Russes en Ukraine sous les applaudissements des bien-pensants. Ni Trump, ni Melloni n'ont rien changé fondamentalement, ni aucun des partis parvenus au pouvoir après avoir été stigmatisés comme le retour de la peste brune n’a mené de politique sensiblement différente de celle de cet « establishment » et de ces élites qu’ils prétendaient combattre quand ils étaient dans l’opposition. C’est un tigre de papier, un fantasme qui se développe en roue libre entre militants qui ont perdu le contact avec la réalité, dans le monde parallèle des réseaux sociaux.
Combattre l’extrême droite aujourd'hui c’est une manière simple de montrer qu’on ne combat pas le capitalisme, mais à sa place un fantôme destiné à effrayer les petits enfants. Et la classe ouvrière le voit bien.