Netanyahou : l'escalade !

Publié le par FSC

Luis Reygada
L'Humanité du 24 juin 2024

 

Un panache de fumée s’élève lors d’un bombardement israélien sur le village de Khiam dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël, le 23 juin 2024. © Rabih DAHER / AFP

 

Benyamin Netanyahou veut redéployer ses troupes vers la frontière nord. Les États-Unis disent vouloir éviter l’escalade, mais assurent Israël de leur « soutien total » en cas de « guerre totale » avec le Hezbollah.


« Soyons clairs : les peuples de la région et du monde ne peuvent pas se permettre que le Liban devienne un autre Gaza. » C’est en ces termes qu’António Guterres s’est adressé à la presse, vendredi dernier, conscient du risque d’embrasement qui pèse sur le Moyen-Orient. Et des répercussions dont personne ne sait quelle pourrait être l’ampleur à l’heure où la tension monte dangereusement entre Israël et le Hezbollah.
« Un geste irréfléchi – une erreur de calcul – pourrait déclencher une catastrophe qui irait bien au-delà de la frontière et, franchement, au-delà de l’imagination », a ajouté le secrétaire général des Nations unies.


C’est bien de la crainte d’un conflit régional qu’il s’agit, et les événements de ces derniers jours ne sont pas de nature à l’apaiser. Après huit mois de guerre, Benyamin Netanyahou a affirmé, dimanche, que « la phase intense des combats contre le Hamas » arrivait à sa fin.
« Cela ne signifie pas que la guerre est sur le point de se terminer, (…) nous serons en mesure de redéployer certaines forces vers le nord », a précisé le premier ministre. L’objectif : être en mesure d’envoyer davantage de troupes sur le front libano-israélien pour affronter le Hezbollah.

Washington souffle le chaud et le froid


« Nous pouvons et sommes prêts à lutter sur plusieurs fronts », a-t-il déclaré, tandis que son ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, parlait déjà, la semaine dernière, de possibilité de « guerre totale » contre le mouvement chiite.
Au risque de provoquer une réaction iranienne ? Au même moment, l’envoyé spécial américain pour le Liban, Amos Hochstein, jugeait « urgente », depuis Beyrouth, une désescalade et nécessaire une solution diplomatique afin d’éviter de se diriger « vers une guerre plus importante ».


Mais rien ne semble aujourd’hui aller dans ce sens. Les affrontements se sont multipliés tout au long du front, qui s’étend sur 120 kilomètres de la Méditerranée aux contreforts du Golan, occupé et annexé par Israël. Le Hezbollah, qui revendique la possibilité de voir ses effectifs renforcés par des dizaines de milliers de combattants provenant d’Iran, d’Irak, de Syrie ou du Yémen en cas de dégénération du conflit, a annoncé, dimanche, avoir visé deux sites militaires israéliens à l’aide de drones explosifs. L’aviation et l’artillerie israéliennes étaient également très actives, ce week-end, avec une dizaine de régions et de localités libanaises prises pour cible.


« Je prévois d’aborder l’évolution de la situation sur les fronts nord et sud, à Gaza et au Liban », a déclaré le ministre israélien de la Défense, ce dimanche, avant de décoller en direction de Washington. Yoav Gallant, qui devrait se concerter notamment avec le secrétaire d’État Antony Blinken, le secrétaire à la Défense Lloyd Austin et le directeur de la CIA William Burns, a qualifié son agenda de « critique pour l’avenir de la guerre ».


Sa visite aux États-Unis interviendra alors que « le feu rouge américain contre une offensive israélienne au Liban est passé à l’orange », estime Firas Maksad, un chercheur interrogé par le quotidien libanais l’Orient-le Jour, après les révélations faites par CNN, ce samedi.
Le média états-unien a en effet rapporté qu’un haut responsable de l’administration américaine aurait promis, la semaine dernière à Washington, au ministre israélien des Affaires stratégiques et au chef d’état-major de la sécurité nationale de ce pays, un « soutien total » à Israël en cas de guerre totale avec le Hezbollah. De quoi renforcer les ardeurs guerrières de Netanyahou, au lieu de les apaiser.

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