Quand l'oligarchie qui détient les moyens d'informationintervient directement dans le champ politique

Publié le par FSC

 

Le cas de l'oligarque Bolloré étant le plus illustraif.

Eh on pourrait reprocherque le contrat de législature du " Noucveau Front populaire  ne dise mot de la question pourtant si important de la détention par le privé et le monde des affaires de la plupart des moyens d'information.
Sachant que le R_haine dans son programme prévoit une privatisation de ce qui reste de service public et que c'est à partir de cette puissance d'intervention que sont imposés les thèmes du débat public et que se gagne l'hégémonie politique et culturelle.

La souveraineté du peuple passe par la mise au pas de ces détenteurs des moyens d'information ne serait-ce que pour être fidèle au programme du Conseil National de la Résistance.

 

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Eh c'est le monde qui le dit sans pouvoir se départir de sa russophobie :

La Matinale du Monde

dimanche 16 juin 2024

Législatives 2024 : comment les médias de Vincent Bolloré orchestrent l'alliance du RN et de la droite

Par Ariane Chemin et Ivanne Trippenbach

Fin d'après-midi, dimanche 9 juin. Pascal Praud, qui le matin même «  pariait» dans le JDD qu'il ne se passerait rien après la victoire du Rassemblement national aux élections européennes, apprend qu'Emmanuel Macron annoncera, dans la soirée, la dissolution de l'Assemblée nationale. Il a eu droit à une courte conversation avec le conseiller élyséen Bruno Roger-Petit, à peine sibyllin, puis avec l'ancien sarkozyste Pierre Charon. Et c'est ainsi que, vers 18 heures, avant même le premier ministre, Gabriel Attal, et la quasi-totalité des membres du gouvernement, le présentateur vedette de la chaîne d'opinion réactionnaire CNews devine que «  la dissolution est actée  ». « Je ne l'ai pas dit, je ne l'ai pas tweeté  », se vante-t-il le lendemain à l'antenne.

Aussitôt, le groupe de Vincent Bolloré met l'ensemble de ses médias au service d'une alliance entre le Rassemblement national (RN) et Les Républicains (LR). De CNews au JDD, de Paris Match à Europe 1, il joue depuis une semaine de ses synergies et des chambres d'écho de ses chaînes de télé, radio et journaux pour imposer thèmes et tempo de la campagne législative qui s'ouvre. Le 10 juin, a révélé Le Monde , le magnat des médias a reçu la visite du patron des LR, chez lui, boulevard de Montmorency, pour orchestrer son ralliement au RN. Vincent Bolloré et Eric Ciotti déjeunent souvent ensemble – encore il y a peu. Mais l'industriel breton s'est imposé comme une figure semblable, aux Etats-Unis, au patron de Fox News, Roger Ailes, qui en 2016 avait porté sur scène la candidature de Donald Trump et le conseillait pour ses débats télévisés. Pour rallier le parti d'extrême droite, Eric Ciotti est venu chercher sa bénédiction plutôt que celle de Nicolas Sarkozy, qui n'a même pas été prévenu.

La campagne ainsi lancée, Laurence Ferrari (qui coiffera en septembre le nouvel hebdomadaire JDNews)se désole sur CNews du «  psychodrame »créé dans l'état-major LR par l'annonce de cette alliance, alors que le RN a récolté 31,4 % des voix dimanche. Toujours sur CNews, Pascal Praud ouvre, lui, son « Heure des pros » par ces mots : «  Eric Ciotti a écouté ses militants, ça arrive parfois pour un chef politique. » Refuser le pacte avec le RN, comme l'ont fait « les chefs à plume  » de LR, c'est confirmer, selon lui, que la « pauvre droite française reste la plus bête du monde, déconnectée du terrain, sans courage, sans avenir, qui décidément ne comprend rien à rien, et surtout pas ses électeurs » . Au passage, il tente de donner un nom de baptême à ce mariage : « Le programme commun de la droite » , en miroir du Nouveau Front populaire de la gauche.

« Cette brochette de caciques »

Au micro d'Europe 1, avec qui il est en contrat, le directeur des rédactions du Figaro, Alexis Brézet, a l'honnêteté de rappeler que seul un électeur LR sur deux soutient l'alliance entre droite et extrême droite. Mais lui aussi affirme que sans alliance avec le RN, LR est mort. Les arguments sont les mêmes que ceux de Pascal Praud : « Le déchaînement des anti-Ciotti est invraisemblable, cette brochette de caciques en rangs serrés, Gérard Larcher, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, Michel Barnier, Jean-François Copé, raille-t-il, jeudi 13 juin , tous ces barons qui n'ont pas toujours enchaîné les triomphes. »

Dans sa bouche, les « chefs à plume » sont devenus des « caciques », mais le raisonnement est identique. « On voudrait persuader les derniers électeurs LR de ne plus jamais voter pour ce parti, on ne s'y prendrait pas autrement », déduit le directeur du journal détenu par la famille Dassault. Jamais cet ancien de Valeurs actuelles, partisan depuis toujours de l'« union des droites » (comme on l'appelait au temps du RPR et du FN) et admirateur de l'idéologue maurassien Patrick Buisson, ne s'était autant dévoilé. Au point de devoir rassurer dès le lendemain sa rédaction, en lui promettant que le quotidien conservateur ne donnerait pas de consigne de vote.

Les médias du groupe Bolloré ambitionnent d'être ceux « où ça se passe », du moins à droite. Samedi, la dernière voix attendue chez Les Républicains est celle l'ancien président Nicolas Sarkozy, membre du conseil de surveillance de Lagardère, dont Vincent Bolloré est le nouveau propriétaire. Fidèle à sa ligne, il critique l'alliance RN-LR de son ami Éric Ciotti (« une erreur », « une absorption », « un constat de renoncement » qui condamnera le parti de droite à « être le supplétif du RN » ), mais choisit de le faire dans les colonnes du JDD. Et l'hebdomadaire dirigé par le zemmouriste Geoffroy Lejeune préfère titrer sur le « risque majeur pour le pays »pris, selon Sarkozy, par Emmanuel Macron, plutôt que sur ce qu'il dit d'Eric Ciotti.

Favoriser les retrouvailles des extrêmes droites

La chaîne a beau raffoler des clashs, aucun débat n'est organisé entre des élus LR en désaccord avec la ligne fixée par leur patron. Non que l'idée n'en ait effleuré certains. Mercredi soir, Eric Ciotti est invité sur CNews, devant la présentatrice Christine Kelly. Ils se connaissent : l'animatrice a raconté qu'il l'avait sollicitée pour prendre la seconde place sur la liste de François-Xavier Bellamy.

Autre invitée du groupe, la sénatrice Agnès Evren se trouve, elle, dans un studio d'Europe 1, à vingt mètres de là, dans le même bâtiment du 15e arrondissement parisien. L'élue LR écume depuis vingt-quatre heures les plateaux pour étriller Eric Ciotti, sans « plus aucune légitimité pour incarner la droite républicaine » , dit-elle. Un journaliste de la chaîne propose alors de le faire entrer par surprise face à Agnès Evren, et de lui offrir un micro. Scénario abandonné, officiellement pour raisons techniques.

Quand des happenings sont organisés, c'est pour favoriser les retrouvailles des extrêmes droites. Jeudi 13 juin, Sarah Knafo, Sébastien Chenu et Eric Ciotti sont les invités de « Touche pas à mon poste » (TPMP), sur C8. Cyril Hanouna appelle en direct Jordan Bardella, et tend le téléphone à la nouvelle eurodéputée du parti Reconquête. Sur le répondeur du président du RN, la compagne d'Eric Zemmour lance devant plus de 2 millions de téléspectateurs un appel à un rapprochement, alors que le parti de Marine Le Pen a rejeté l'alliance avec Marion Maréchal : «  Jordanon se connaît depuis qu'on a 17 anstous les deux on vient de Seine-Saint-Denis (…), une coalition est possible. Jordan, on y est prêts, la main est tendue, jusqu'à dimanche midi tout est possible. »

Tous les coups sont permis

Pris de court comme le reste du pays, le groupe Bolloré met les bouchées doubles : à partir de lundi, Cyril Hanouna, qui devait clore la saison de « TPMP », commentera également la campagne électorale sur Europe 1, deux heures durant, dans une nouvelle émission taillée pour la circonstance, « On marche sur la tête ». Car le groupe de Vincent Bolloré ne se contente pas de défendre la nécessité d'une coalition entre la droite parlementaire et les extrêmes droites ; il performe, il agit, à la manière d'un véritable parti politique.

A chaque média sa partition, mais tous les coups sont permis sous le bandeau et les alertes du groupe. « Info Le JDD/CNews » : vendredi, Gauthier Le Bret, journaliste de CNews, affirme qu'«  en réaction à l'alliance encouragée par Eric Ciotti avec le RN, Gérard Larcher prend l'initiative de négocier un accord avec la majorité présidentielle  ». Voilà le président du Sénat, second personnage de l'Etat, obligé de démentir «  formellement les rumeurs inacceptables et fantasques qui circulent. Il n'y a eu ni rendez-vous secret ni arrangement de sous-main  ».

Qu'importe, la fausse nouvelle crée un vent de panique chez Les Républicains. Comme à l'Elysée lorsque mardi matin, Europe 1 rapporte qu'Emmanuel Macron a évoqué devant un visiteur l'éventualité d'une démission. Depuis l'Italie, le chef de l'Etat lui-même se dépêche de démentir. Il sera là jusqu'en 2027, jure-t-il. Car Paris Match aussi l'a déjà balayé. « Gauche-droite, la nouvelle bataille » : pour illustrer son titre de une, l'hebdomadaire a imaginé un photomontage. À gauche, Raphaël Glucksmann, Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel. Pour la droite, Jordan Bardella, Eric Ciotti, Marion Maréchal. Et, au milieu, pas de président Macron. Effacé, invisibilisé. Déjà, en 2022, Match n'avait pas jugé bon de monter à la une sa réélection lui préférant, fait inédit, une photo du réalisateur Jacques Perrin, mort une semaine plus tôt.

« Mettre au pas le Conseil constitutionnel »

Le « parti » de Bolloré accueille enfin ce qui ressemble à des consignes de vote. C'est sur Europe 1 que le chef de file de la droite républicaine aux européennes, François-Xavier Bellamy, vient dévoiler qu'en cas de duel de second tour le 7 juillet, il choisira «  bien sûr » le candidat RN pour être le «  meilleur rempart contre La France insoumise » . Certains journalistes du groupe, comme Guillaume Bigot, 54 ans, sont, eux, directement partis au combat électoral : l'éditorialiste de CNews, connu pour ses propos complaisants à l'égard de Vladimir Poutine, se porte candidat RN-LR dans le Territoire de Belfort. L'avocat Pierre Gentillet, chroniqueur sur CNews, fondateur du Cercle Pouchkine, un think tank pro-Poutine, est quant à lui candidat RN-LR dans le Cher. « A condition de mettre au pas le Conseil constitutionnel, nous pourrons tout faire ! » , projette-t-il.

Vincent Bolloré reste silencieux. Mais l'un de ses complices et de ses interlocuteurs réguliers, l'ancien ministre Philippe de Villiers (qui s'est vu offrir sa propre émission sur CNews), a peut-être exprimé cette semaine ce que pense l'industriel breton, dans une sorte d'appel du 18-Juin totalement détourné, aux accents plutôt vichystes : «  On est en juin 40. Il faut que tous les Français comprennent que nous sommes au bord du gouffre. A la France qui veut rester la France, je dis ceci : ne vous laissez plus intimider, culpabiliser (…) N'écoutez plus le parti de l'étranger, qui est à l'œuvre comme toujours. »

Emporté par son élan, le Vendéen reprend mot pour mot la conclusion du fameux discours de Cochin prononcé par Jacques Chirac et rédigé par Marie-France Garaud et Pierre Juillet en 1978 : une charge violente contre l'Europe et «  l'abaissement de la France » – presque l'acte fondateur du souverainisme. Dans la foulée, d'autres signatures de la maison Bolloré déroulent en plateau le même discours contre « l'anti-France » « matrice »,selon Alexandre Devecchio (Le Figaro/CNews), du Nouveau Front populaire version 2024. La formule utilisée par Charles Maurras puis sous le régime de Pétain pour cibler le juif, le protestant, le franc-maçon et l'étranger, ennemis de l'intérieur fantasmés, traîtres par nature à la nation.

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