Guerre à Gaza : nouveau massacre dans une école de l'agence de soutien aux Palestiniens
Pierre Barbancey
L'Humanité du 10 juillet 2024
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Quatre établissements, qui accueillent des milliers de réfugiés, ont été directement touchés. © Eyad BABA / AFP |
Un bombardement israélien a fait au moins 30 morts, essentiellement des femmes et des enfants. Josep Borrell, Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, a condamné l’attaque et demande un cessez-le-feu. Des discussions ont repris au Qatar en présence du directeur de la CIA, William Burns. Des pourparlers largement perturbés par les attaques continuelles qui touchent les civils.
Philippe Lazzarini, le responsable de l’UNRWA, l’organisme des Nations unies en charge des réfugiés palestiniens, avait prévenu : il n’existe aucune zone sécurisée dans la bande de Gaza. Il a également révélé qu’Israël a bombardé les deux tiers des écoles de l’UNRWA depuis le début de la guerre.
Et dans les quatre derniers jours, quatre établissements de ce type, qui accueille des milliers de réfugiés, ont été directement touchés. Sur son compte X, il a écrit, mercredi : « Les écoles sont passées de lieux sûrs d’éducation et d’espoir pour les enfants à des abris surpeuplés et finissent souvent par un lieu de mort et de misère. Neuf mois plus tard, sous notre regard, les massacres incessants, la destruction et le désespoir se poursuivent. Gaza n’est pas un endroit pour les enfants. Le mépris flagrant du droit international humanitaire ne peut pas devenir la nouvelle norme. »
« Pendant combien de temps des civils innocents vont-ils être les premiers touchés ? »
Dans la ville d’Abbasan, à l’est de Khan Younes, dans le sud de Gaza, une attaque aérienne israélienne contre l’école d’al-Awdah a tué au moins 30 personnes et en a blessé 53. La plupart sont des femmes et des enfants, selon des médecins palestiniens. Des images de l’école, obtenues par la chaîne qatarie Al Jazeera, montrent de jeunes Palestiniens jouant au football dans la cour du bâtiment pendant que des dizaines de personnes regardent.
Puis, une forte explosion se fait entendre, déclenchant la panique et la fuite. Un garçon a affirmé à Al Jazeera avoir perdu plusieurs membres de sa famille dans l’attaque. « Nous étions assis et un missile est tombé et a tout détruit, a-t-il dit en sanglotant. J’ai perdu mon oncle, mes cousins et ma famille. »
Il en faut plus pour ébranler les stratèges militaires israéliens. L’armée a ainsi déclaré qu’elle examinait les rapports selon lesquels des civils auraient été blessés. Elle affirme qu’elle a frappé avec des « munitions précises » un combattant du Hamas qui aurait participé au raid terroriste du 7 octobre sur Israël.
Josep Borrell, Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, a condamné l’attaque, déclarant dans un message sur X : « Pendant combien de temps des civils innocents vont-ils être les premiers touchés par ce conflit ? » Il a ajouté : « Il est impératif de parvenir immédiatement à un cessez-le-feu pour apporter un répit à des centaines de civils bloqués, libérer tous les otages et apporter l’aide humanitaire nécessaire. »
Des pourparlers compliqués
Des tracts ont été lâchés sur la ville de Gaza, cette fois-ci avec une carte indiquant des « itinéraires sûrs » pour l’évacuation de toute la ville, pas seulement de certains quartiers. Ils exhortent les civils à se diriger vers le sud le long de deux routes menant au centre de la bande de Gaza. Pourtant, dans le camp d’Al-Nuseirat, justement au centre du territoire, six Palestiniens, dont des enfants, ont été tués mercredi dans une frappe aérienne sur une maison.
Le Croissant-Rouge palestinien a reçu des dizaines d’appels désespérés de résidents de la ville de Gaza piégés chez eux, mais leurs équipes n’ont pas pu les atteindre en raison de l’intensité des bombardements. « Les informations provenant de la ville de Gaza montrent que les habitants vivent dans des conditions tragiques. Les forces d’occupation continuent de frapper les quartiers résidentiels et de déplacer les gens de leurs maisons et des abris où ils avaient trouvé refuges », dénonce l’ONG palestinienne.
Cette aggravation de la tension se produit alors que des pourparlers sont censés reprendre ce mercredi, à Doha, en présence du directeur de la CIA, William Burns et du chef du Mossad, David Bernea. Le Hamas a fait des concessions la semaine dernière, notamment en abandonnant la demande qu’Israël s’engage dès le départ à mettre fin à la guerre avant de signer un accord de cessez-le-feu.
Le mouvement palestinien entend néanmoins pousser cette question lors de négociations qui pourraient avoir lieu à l’occasion d’un premier accord visant à libérer des Israéliens détenus à Gaza. Mais, le chef du Hamas Haniyeh, qui s’est entretenu avec des médiateurs qataris et égyptiens, a mis en garde contre « les répercussions désastreuses de ce qui se passe dans la ville de Gaza, à Rafah et dans d’autres zones de la bande de Gaza ».