Gaza : pourquoi Benyamin Netanyahou torpille toute possibilité de cessez-le-feu ... avec la complicité de Biden/Harris
Pierre Barbancey
L'Humanité du 22 août 2024
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Benyamin Netanyahou a choisi la fuite en avant plutôt qu’un cessez-le-feu. © JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP |
Le premier ministre israélien entend maintenir ses troupes sur le territoire palestinien et multiplie les bombardements et les attaques terrestres tuant toujours plus de civils. L’Iran, pour l’heure, retient ses coups.
Joe Biden a souligné « l’urgence de finaliser un accord sur un cessez-le-feu et une libération des otages » dans la bande de Gaza, a fait savoir la Maison-Blanche, mercredi. Le président américain a appelé Benyamin Netanyahou. Mais cette conversation a montré l’incapacité de ses représentants à forcer Israël à arrêter la guerre.
Alors que des pourparlers sont en cours au Caire et que les médiateurs (États-Unis, Égypte, Qatar) laissent entendre depuis le début de la semaine qu’un accord est possible, le premier ministre israélien passe son temps, en toute impunité, à saborder toute avancée qui aboutirait à un cessez-le-feu. Ce qui n’a pas empêché le secrétaire d’État américain Antony Blinken d’affirmer qu’Israël avait accepté le plan présenté par Joe Biden, le 31 mai.
À peine quelques heures après l’entretien entre Biden et Netanyahou, l’armée israélienne a poussé ses incursions plus profondément dans les zones du centre et du sud de la bande de Gaza. Mercredi, au moins 27 Gazaouis ont péri dans des bombardements israéliens, dont 3 dans une frappe sur une école abritant des déplacés à Gaza-ville. Parallèlement, plusieurs raids ont été menés au Liban, tuant 6 personnes dont Khalil Al Maqdah, un chef de la branche armée du Fatah.
Les États-Unis opposés à une « occupation à long terme de Gaza par Israël »
L’intransigeance de Netanyahou est maximale. « Nous sommes prêts à faire face à n’importe quel scénario, tant sur le plan défensif qu’offensif », a-t-il déclaré lors d’une visite dans une base militaire du nord d’Israël. Le Hamas exige l’application du plan Biden, qu’il avait accepté début juillet.
Celui-ci prévoit d’abord une trêve de six semaines accompagnée d’un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et de la libération d’otages enlevés le 7 octobre, puis, dans une deuxième phase, un retrait total israélien du territoire assiégé. Le mouvement islamiste a accusé les États-Unis d’avoir intégré au plan de « nouvelles conditions » d’Israël.
Ce qui semble exact puisque Tel-Aviv n’entend pas quitter officiellement le corridor Philadelphie, le long de la frontière entre l’Égypte et Gaza.
« Israël insistera pour que tous ses objectifs de guerre, tels qu’ils ont été définis par le cabinet de sécurité, soient atteints, y compris que Gaza ne constitue plus jamais une menace à sa sécurité. Cela nécessite de sécuriser la frontière sud », a insisté le bureau du premier ministre.
De son côté, Antony Blinken se borne à répéter l’opposition de son pays à une « occupation à long terme de Gaza par Israël », tout en envoyant des navires de guerre pour protéger son allié. Washington sait que l’Iran n’a toujours pas répliqué après l’assassinat du numéro 1 du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran, mais qu’un échec des négociations pourrait déclencher une guerre régionale.
« Reste-t-il une once d’humanité (dans cette guerre) ? » s’interroge, sur X, Philippe Lazzarini, chef de l’UNRWA, l’agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens. Selon l’ONU, les multiples ordres d’évacuation israéliens poussent les habitants du territoire palestinien en proie à un désastre humanitaire « vers des zones surpeuplées et dangereuses ».