Gaza, Liban : Benyamin Netanyahou surfe sur les contradictions des États-Unis pour semer le chaos
Axel Nodinot
L'Humanité du 24 septembre 2024
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Joe Biden s’adresse à la tribune de l’ONU, le 24 septembre 2024. © REUTERS/Shannon Stapleton |
Alors qu’Israël bombarde le Liban et continue d’occuper les territoires palestiniens, les États-Unis soutiennent toujours leur allié au Proche-Orient.
La vidéo publiée sur les réseaux sociaux est lunaire. Benyamin Netanyahou s’adresse en anglais aux Libanais. « La guerre d’Israël n’est pas contre vous, mais contre le Hezbollah, qui vous utilise depuis trop longtemps comme boucliers humains », affirme-t-il, usant de la même rhétorique qu’à Gaza pour les mêmes résultats : les bombardements israéliens au Liban ont déjà tué, en à peine quelques jours, plus de 558 personnes, dont de nombreux civils et enfants.
Le premier ministre israélien étend sa guerre régionale, sans aucun frein de la part de Washington, ni de quiconque. Après bientôt un an de bombardements et plus de 41 000 morts dans l’enclave palestinienne, Joe Biden répète vouloir un cessez-le-feu à Gaza, sans pour autant retenir le bras d’Israël. Maintenant que ce dernier s’abat sur le Liban, alimentant les craintes américaines d’un conflit régional, le président sortant agira-t-il enfin ?
Vers un embrasement régional
L’ouverture de ce nouveau front est une autre bravade du gouvernement israélien envers l’allié états-unien, après plusieurs mois de fausses promesses de Benyamin Netanyahou à Joe Biden et son secrétaire d’État, Antony Blinken, quant à l’acceptation d’un cessez-le-feu dont on sait maintenant qu’il ne l’a jamais voulu.
Le premier ministre israélien veut raser Gaza, avancer toujours plus dans la colonisation de la Cisjordanie et poursuivre la guerre, « pour rester au pouvoir et hors des tribunaux », écrit David Sanger dans le New York Times. Mais Washington ne réagit pas, si ce n’est en envoyant toujours plus d’armes à Tel Aviv, espérant peut-être un affaiblissement de « l’axe iranien ».
« Nous restons déterminés à empêcher une guerre généralisée dans la région, a déclaré Joe Biden devant l’Assemblée générale des Nations unies ce mardi. Le Hezbollah, sans avoir été provoqué, s’est joint aux attaques du 7 octobre, et un an plus tard, trop de personnes restent déplacées des deux côtés de la frontière libano-israélienne. »
Le président états-unien a également évoqué la « menace croissante que représente l’Iran, qui ne doit jamais mettre la main sur l’arme nucléaire ». Alors même qu’il était encore à la tribune, Benyamin Netanyahou a annoncé que les frappes sur le Liban allaient continuer.
Dans les faits, l’armée américaine a annoncé qu’elle allait envoyer d’autres troupes dans la région, déjà garnie de quelque 40 000 soldats en Syrie, en Irak ou dans le golfe Persique. Une manœuvre effectuée « par excès de prudence », selon Patrick Ryder, attaché de presse du Pentagone. « Une incursion terrestre (au Liban) est possible », a quant à elle déclaré, sans sourciller, l’ancienne colonelle israélienne Miri Eisin à l’AFP.
Le trou noir créé par Israël aspirera-t-il Washington et Téhéran ? À New York, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a temporisé. « Le chemin est encore long avant une éventuelle implication directe de l’Iran dans la guerre », a-t-il déclaré, en rappelant toutefois son soutien au Hezbollah, qui « ne peut pas s’opposer seul à un pays qui est défendu, soutenu et approvisionné par les pays occidentaux, les pays européens et les États-Unis ».