Israël : ces deux ministres d’extrême droite qui mettent en danger leur pays et la région
Caroline Constant
L'Humanité du 24 septembre 2024
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Israël, les ministres du chaos. Arte, le 24 septembre à 22h30 |
Issus de partis religieux, Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir sont deux ministres d’extrême droite de Benyamin Netanyahou. Leur racisme décomplexé, leur rapport à la violence d’État et leur volonté expansionniste en font de vrais dangers pour tous les habitants de la région, Palestiniens comme Israéliens, Libanais comme Égyptiens.
« Le peuple palestinien n’existe pas. » La phrase scandaleuse a été prononcée à Paris, en 2023, par Bezalel Smotrich, l’un des ministres israéliens d’extrême droite de Benyamin Netanyahou. Dans un documentaire très dense et très fouillé, Jérôme Sesquin et Nitzan Perelman ont enquêté sur deux des ministres les plus radicaux, les plus racistes, les plus décomplexés du gouvernement israélien : Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich.
Deux extrémistes religieux, deux hommes qui ont été soupçonnés de terrorisme et qui se retrouvent à la tête de l’État. Le documentaire revient à la fois sur leurs faits d’armes, sur la façon dont ils ont accédé au pouvoir et sur les conséquences de leurs choix mortifères sur la politique israélienne, à Gaza, en Israël, et dans les territoires occupés, qu’ils veulent intégralement annexer.
Itamar Ben-Givr, ancien porte-parole du parti raciste Kach
L’un, Bezalel Smotrich, du parti sioniste religieux, est ministre des Finances et de l’Administration des colonies. L’autre, Itamar Ben-Givr, est ministre de la Sécurité intérieure et dirige le parti suprémaciste juif.
Leurs faits d’armes, dès leur prime jeunesse, sont absolument alarmants : Itamar Ben-Givr est devenu, adolescent, porte-parole du mouvement raciste de l’ex-parti raciste Kach, fondé par Meir Kahane et longtemps classé comme terroriste. Il prônait alors le départ de tous les Arabes du secteur. Son activité militante a longtemps consisté à embaucher de jeunes adolescents (dont l’un témoigne) pour saccager des voitures, des murs, voire pour apprendre à manier des armes, au mépris total de leur propre sécurité.
Son héros ? Baruch Goldstein, celui qui, le 25 février 1994, a massacré 29 Palestiniens à Hébron. Sa politique consiste à jeter de l’huile sur le feu, à squatter les plateaux de télévision en avançant l’idée que les Palestiniens n’ont aucune légitimité sur leur territoire.
Bezalel Smotrich, suspecté de terrorisme dans sa jeunesse
Le profil de Bezalel Smotrich le complète assez bien : il a grandi dans un milieu très religieux et s’est vite retrouvé, à 24 ans, suspecté de terrorisme (un agent témoigne).
Il est surtout un idéologue, qui, en 2017, a clairement annoncé ses objectifs dans un clip terrifiant : si les Arabes « renoncent à leurs aspirations nationalistes palestiniennes, c’est-à-dire à tuer des juifs, ils auront le statut de résidents sans droit de vote à la Knesset. S’ils ont du mal à renoncer à un État palestinien et à leur volonté de tuer des juifs, ils pourront choisir entre deux options : émigrer dans un autre pays. L’État les y aidera – je suis moi – même très doué pour emballer la vaisselle. Et pour ceux qui ne veulent pas plier, je suis certain qu’on saura les vaincre ».
Dans leur discours, ces deux hommes inquiétés par la justice pour terrorisme utilisent ce terme à foison pour désigner tous les Palestiniens. Ils prônent une guerre incessante contre tous leurs voisins, Liban, Syrie, Égypte… pour récupérer leurs terres.
De nombreux chercheurs, journalistes, policiers et personnages divers se succèdent pour témoigner, ainsi que les deux anciens premier ministres Ehud Barak et Ehud Olmert. Un film nécessaire.
Israël, les ministres du chaos. Arte, le 24 septembre à 22h30