« Les responsables devront rendre des comptes » : l’ONU dénonce la série d’explosions au Liban, le Conseil de sécurité va se réunir en urgence
Théo Bourrieau
L'Humanité du 19 septembre 2024
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Au moins 20 personnes sont mortes et 450 ont été blessées mercredi 18 septembre dans l’explosion de talkies-walkies de membres du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth. La veille, l’explosion de bipeurs des membres du groupe paramilitaire avait causé la mort de 12 personnes et en avait blessé près de 2 800 autres. Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira en urgence vendredi 20 septembre.
Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira en urgence vendredi 20 septembre pour discuter de la série d’explosions meurtrières de bipeurs et de talkies-walkies du Hezbollah au Liban. Entre mardi 17 et mercredi 18 septembre, au moins 32 personnes sont décédées et plus de 3 000 autres ont été blessés, dont de nombreux civils.
« Il est très important qu’il y ait un contrôle efficace des objets civils, de ne pas les transformer en armes. Cela devrait être une règle pour tout le monde dans le monde, que les gouvernements devraient être capables d’appliquer », a déclaré devant la presse le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a lui aussi condamné les « attaques » aux bipeurs, se disant « extrêmement préoccupé » par la situation.
« Un grave risque d’escalade »
Antonio Guterres a estimé que cet événement est « particulièrement grave » mais « pas seulement en raison du nombre de victimes ». « La logique derrière l’explosion de ces appareils est de faire une frappe préventive avant une opération militaire majeure. Alors aussi important que l’événement soit en lui-même, c’est un signe qui confirme qu’il y a un grave risque d’escalade au Liban », a-t-il ajouté. « Tout doit être fait pour éviter cette escalade », a conclu gravement le secrétaire général des Nations Unies.
« Le ciblage simultané de milliers de personnes, qu’il s’agisse de civils ou de membres de groupes armés, sans savoir qui était en possession des engins ciblés, où ils se trouvaient et dans quel environnement ils se trouvaient au moment de l’attaque, constitue une violation du droit international des droits de l’homme et, dans la mesure où il est applicable, du droit international humanitaire », a fustigé mercredi 18 septembre le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, réclamant une « enquête indépendante, sérieuse et transparente ».
Vers un déplacement du conflit au Nord d’Israël
Les responsables de cette attaque meurtrière contre les membres du Hezbollah au Liban « devront rendre des comptes », promet le Haut-Commissaire. « En cette période extrêmement instable, j’appelle tous les États influents dans la région et au-delà à prendre des mesures immédiates pour éviter une nouvelle aggravation des conflits actuels », a également prié Volker Türk, craignant une escalade militaire et meurtrière incontrôlable.
Sans évoquer les explosions au Liban, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a estimé que le « centre de gravité » de la guerre se déplace « vers le nord ». Si Israël n’a fait aucuns commentaires sur ces deux jours particulièrement violents au Liban, le journal progressiste du pays Haaretz a estimé que les explosions des appareils de transmission du mouvement libanais ont placé « Israël et le Hezbollah au bord d’une guerre totale ».
Hassan Nasrallah, le dirigeant du Hezbollah, devrait prendre la parole jeudi 19 septembre dans l’après-midi. Des représentants de la diplomatie américaine, française, allemande, italienne et britannique devraient également se réunir le même jour à Paris.