Criminels de guerre
L'Humanité du 22 novembre 2024
Son procureur, Karim Khan, avait publiquement dénoncé les menaces, les pressions et les intimidations exercées sur les juges de la Cour pénale internationale (CPI). Benyamin Netanyahou et ses amis à Washington n’ont reculé devant aucune manœuvre, jusqu’aux plus odieuses, pour tenter d’entraver la procédure ouverte à La Haye.
Peine perdue. Les magistrats de la chambre préliminaire ont tenu bon. Ils ont fini par délivrer les mandats d’arrêt requis contre le premier ministre israélien et son ministre de la Défense, limogé début novembre, Yoav Gallant, et contre le chef de la branche armée du Hamas, Mohammed Deïf, tous accusés de crimes de guerre et crime contre l’humanité.
Alors que les hommes, les femmes et les enfants de la bande de Gaza sont toujours livrés à l’entreprise génocidaire que revendiquent les extrémistes du gouvernement israélien, cette décision est un signal fort : personne n’est au-dessus du droit international.
Elle lance un message explicite non seulement aux dirigeants israéliens, mais aussi à leurs alliés, à ceux qui leur livrent des armes, à ceux qui acquiescent à leurs crimes : ils devront répondre de leurs actes, des comptes devront être rendus pour la dévastation infligée aux Palestiniens dans les territoires illégalement occupés par Israël.
Le sentiment d’impuissance devant le cataclysme auquel l’armée israélienne assujettit l’enclave palestinienne est à la mesure du sentiment d’impunité des responsables politiques et militaires israéliens, qui piétinent le droit international avec l’assentiment complice des puissances occidentales.
Comme la plainte pour génocide instruite par la CIJ à la demande de l’Afrique du Sud, ces mandats d’arrêt sont un pas vers la justice. La réaction de Benyamin Netanyahou, qui vilipende une décision « absurde » motivée selon lui par « l’antisémitisme » et digne de « l’affaire Dreyfus », tient de l’abjection.
Recherché par la justice internationale, le premier ministre israélien devra, pour l’heure, limiter les déplacements qui l’exposent à une arrestation dans les 124 États parties au Statut de Rome de la CPI. La communauté internationale doit enfin sortir de la léthargie, stopper ce criminel de guerre, le contraindre au cessez-le-feu à Gaza et au Liban, l’empêcher d’étendre sa politique incendiaire à tout le Moyen-Orient.