Après la prise du mont Hermon, le Grand Israël passe par le Golan syrien

Publié le par FSC

De fait, le renversement du pouvoir syrien s'inscrit dans le grand projet de remodelage du Moyen-Orient US et celui du grand Israël porté par Netanyahou et les extrémistes religieux.

Peu à avoir avec la démocratie, les droits  de l'homme ... !

En prenant appui sur les groupes terroristes sans doute bientôt retirés des listes diffamantes.

 

Avec l'approbation enthoutiaste des démocrates de "gauche" occidentaux !

Au prix du dépeçage de la Syrie.

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Lina Sankari
L'Humanité du 16 décembre 2024

 

Un véhicule militaire israélien roule le long de la ligne de cessez-le-feu entre le plateau du Golan occupé par Israël et la Syrie, vue de Majdal Shams sur le plateau du Golan, le 15 décembre 2024.© REUTERS/Jamal Awad

 

Le gouvernement israélien a validé un projet visant à doubler la population dans le Golan syrien annexé. Un déploiement stratégique qui favorise la recomposition du Moyen-Orient.
Les livres d’histoire israéliens présenteront-ils bientôt Benyamin Netanyahou comme le dirigeant qui a accéléré le parachèvement du Grand Israël ? Le premier ministre en rêve. Ce 15 décembre, le gouvernement de Tel-Aviv a ainsi approuvé à l’unanimité un projet du leader du Likoud visant à doubler la population dans le Golan syrien.


Quelques jours auparavant, Benyamin Netanyahou expliquait que le plateau volcanique appartenait à son pays « pour l’éternité », soulignant l’importance de la zone conquise lors de la guerre des Six-Jours en 1967 et annexée en 1981 en violation du droit international. « Notre contrôle sur le plateau du Golan garantit notre sécurité, il garantit notre souveraineté », a-t-il énoncé devant les journalistes.

Balkaniser la région


Auditionné, il y a une semaine, dans le cadre de son procès pour corruption, Benyamin Netanyahou a insisté sur le tournant historique que représente la prise du mont Hermon en assurant : « Quelque chose de tectonique s’est produit ici, un tremblement de terre qui ne s’est pas produit au cours des cent années qui ont suivi l’accord Sykes-Picot. »


Signé en 1916 entre Britanniques et Français, au mépris des populations locales, l’accord actait le démembrement de l’Empire ottoman et le partage des provinces arabes. En 2014 déjà, Abou Bakr Al Baghdadi, le chef de l’« État islamique », revendiquait la même volonté « d’effacer les frontières coloniales des accords Sykes-Picot » et de balkaniser la région.


Stratégique, le mont Hermon l’est à plusieurs titres. D’une part, il domine la plaine syrienne du Hauran, à moins de 50 kilomètres de la capitale syrienne. D’autre part, ce contrefort de l’Anti-Liban fournit des ressources en eau à Israël et lui permet de sécuriser le Jourdain et le lac de Tibériade.


L’annexion de la partie syrienne du Golan, le 8 décembre, garantit la mainmise sur la zone tampon, contrôlée par la Force des Nations unies chargée d’observer le désengagement (Fnuod) depuis 1974, pour protéger ses implantations et les 30 000 colons qui vivent dans 34 localités. 23 000 Druzes, qui se revendiquent majoritairement syriens, tout en ayant le statut de résident en Israël, habitent également la zone.


Le 11 décembre, la France a dénoncé cette rupture unilatérale de l’accord de 1974 et exhorté Israël à se retirer de cette zone démilitarisée. L’Arabie saoudite a elle aussi fustigé une opération qui « sabote » les chances de la Syrie de recouvrer son « intégrité territoriale ». Une annexion qui « confirme la violation continue par Israël des règles du droit international », observe le ministère saoudien des Affaires étrangères.

Un coup porté à l’« axe de la résistance »


Il faut reconnaître à Benyamin Netanyahou un certain sens du timing. Cette offensive militaire intervient un mois avant l’investiture de Donald Trump à la Maison-Blanche. Lors de son précédent mandat, en 2019, le président élu avait reconnu la souveraineté d’Israël sur le Golan.
Dans le même temps, le premier ministre israélien, qui n’a pas hésité à s’attribuer le mérite de la chute de Bachar Al Assad, a en outre procédé à plus de 500 frappes et détruit 80 % de l’arsenal syrien afin de s’assurer que le nouveau pouvoir demeure en position de faiblesse dans le cadre de la recomposition stratégique de la région. Le chef du gouvernement israélien assure cependant que son pays n’a « aucun intérêt à se confronter » aux nouvelles autorités de Damas.


Nouveau maître de la Syrie, Ahmed Hussein Al Charaa, anciennement connu sous son nom de guerre Abou Mohammed Al Joulani, montre d’une certaine manière patte blanche. Lors d’une interview à Syria TV, diffusée depuis Istanbul, il a confirmé que ses forces ne sont pas « en mesure de mener une campagne » contre Israël. Celui qui a troqué le treillis pour un costume de ville occidental redoute toutefois que Tel-Aviv ne cherche à « entrer en Syrie sous le prétexte de la présence iranienne ». Sur ce point aussi, il se veut rassurant : il n’y a désormais plus « d’excuses pour l’ingérence étrangère en Syrie après le départ des Iraniens ».


Ahmed Hussein Al Charaa confirme ainsi la désagrégation de l’« axe de la résistance », qui lève un obstacle de plus à l’hégémonie états-unienne et aux ambitions israéliennes dans la région. Ce 14 décembre, le secrétaire général du Hezbollah libanais, Naïm Qassem, dont le mouvement a perdu, avec la fuite de Bachar Al Assad, une voie d’approvisionnement essentielle en armes iraniennes à travers la Syrie, a tendu la main à Damas en mettant en garde contre une normalisation des relations entre Damas et Tel-Aviv.


De manière allusive, Ahmed Hussein Al Charaa sous-entend qu’il existe « de nombreux détails dans les coulisses » de la campagne militaire qui a abouti au renversement de Bachar Al Assad. « Nous (les) révélerons plus tard », promet-il. De son côté, le chef d’état-major de l’armée israélienne a cru bon de préciser, vendredi, que son pays « n’interfère pas dans ce qui se passe en Syrie ». Jusqu’à quand ? Si Damas ne parvenait pas à garantir la stabilité, l’armée israélienne serait-elle tentée d’avancer pour étendre sa zone de sécurité ?
 

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