Avec l’interdiction de l’Unrwa, Israël et les États-Unis condamnent la « colonne vertébrale » humanitaire des Palestiniens

Publié le par FSC

Tom Demars-Granja
L'Humanité du 29 janvier 2025

 

 

L’ambassadeur israélien aux Nations unies, Danny Danon, a confirmé, mardi 28 janvier, que l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) devra cesser ses activités en Israël, à partir de ce jeudi 30 janvier. Un choix qui « met en danger les vies et l’avenir des Palestiniens », alerte le chef de l’Agence, Philippe Lazzarini.


Israël ne compte pas revenir sur sa décision aussi crainte par les Palestiniens que décriée par la communauté internationale. L’ambassadeur israélien aux Nations unies, Danny Danon, a confirmé, mardi 28 janvier, que l’interdiction des activités de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), en Israël, entre en vigueur ce jeudi. L’agence devra donc quitter toutes ses installations, y compris à Jérusalem-est, annexée par Israël.


L’échéance du 30 janvier avait été décidée suite à l’adoption – à une écrasante majorité, les députés communistes et arabes s’y opposant – d’une loi par le parlement israélien, le 28 octobre dernier. Composée de deux textes, cette dernière décrète l’arrêt des activités de l’Unrwa et l’interdiction aux responsables israéliens de travailler avec l’agence humanitaire. Dix-neuf des 13 000 employés de l’Unrwa avaient été accusés d’avoir participé à l’attaque du 7 octobre 2023. Accusations retoquées par un groupe d’examen indépendant, créé fin avril 2024 par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et dirigé par l’ancienne ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna.

Un « revirement » guère étonnant


Quitte à mettre « l’avenir des Palestiniens » en danger, comme l’a dénoncé l’ONU, Israël en a aussi profité pour conforter son alliance avec les États-Unis. Si l’administration de Joe Biden avait plaidé pour la poursuite des opérations de l’Unrwa – tout en suspendant ses contributions financières à l’agence -, Dorothy Shea, ambassadrice par intérim, a ouvertement soutenu la « décision souveraine » d’Israël, lundi 27 janvier.


Un « revirement » guère étonnant au vu de ces derniers jours, où plusieurs annonces sont venues symboliser la tournure que devrait prendre l’entreprise génocidaire et coloniale du gouvernement israélien. Samedi 25 janvier, le président des États-Unis, Donald Trump, n’a ainsi pas hésité à comparer la bande de Gaza, réduite à néant par plus d’une année de bombardements, à un « site de démolition », avant d’évoquer de possibles déplacements forcés des Gazaouis, par exemple vers l’Égypte ou la Jordanie. Il a aussi prévu, pour sa première rencontre officielle avec un dirigeant étranger, d’accueillir le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou à la Maison Blanche, le mardi 4 février prochain.


Les conséquences d’un départ de l’Unrwa sont considérables, alors que l’agence s’est affirmée comme étant la « colonne vertébrale » de l’aide humanitaire sur place. Et ce, pour plusieurs générations de Palestiniens, dont la vie quotidienne (éducation, emplois, services de santé) dépend de l’agence fondée en 1949.


« L’attaque incessante contre l’Unrwa met en danger les vies et l’avenir des Palestiniens, a ainsi rappelé le chef de l’Agence, Philippe Lazzarini, devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Nous sommes malgré tout déterminés à rester et faire notre travail jusqu’à ce que ce ne soit plus possible. » Même son de cloche pour l’ambassadeur palestinien des Nations unies, Riyad Mansour, qui a souligné que seules l’Autorité palestinienne et l’Unrwa étaient en capacité de « répondre aux conditions désastreuses et restaurer les vies et l’espoir du peuple palestinien ».
 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article