Gaza : l’extrême droite israélienne contre le cessez le feu

Publié le par FSC

Pierre Barbancey
L'Humanité du 15 janvier 2025

 

       Les révélations d’Itamar Ben Gvir remettent en cause la version du gouvernement israélien cernant l’impossibilité de conclure une trêve à Gaza.© GIL COHEN-MAGEN / AFP

 

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a révélé que durant l’année écoulée, et fort de la place de son parti au sein de la coalition gouvernementale, il avait fait capoter les négociations qui auraient permis de sauver des milliers de vies.


Ministre d’extrême droite chargé de la sécurité nationale, sioniste, prêt à toutes les provocations, Itamar Ben Gvir tente de s’opposer par tous les moyens à la signature d’un accord pouvant ramener les captifs israéliens et instaurer un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Pour cela, il est prêt à tout, même à révéler les pires secrets.


Il a ainsi affirmé sur son compte X, accompagné d’une vidéo : « Au cours de l’année dernière, en utilisant notre pouvoir politique, nous avons réussi à empêcher cet accord d’aller de l’avant, à maintes reprises. » Mais il a avoué par la même occasion qu’il n’avait plus un tel pouvoir, notamment parce que Benyamin Netanyahou, soucieux de ne pas faire dépendre son avenir politique des partis d’extrême droite, a élargi la coalition en y faisant entrer le parti Nouvel Espoir du ministre des Affaires étrangères Gideon Sa’ar en septembre. Les propos D’Itamar Ben Gvir ont été mal accueillis par une partie des Israéliens.

Un accord avec le Hamas rejeté pour des raisons politiciennes


Dans son message, il énumère les raisons de son opposition. Un tel accord signifiant un échange de prisonniers, des centaines de Palestiniens seraient ainsi libérés et avec eux, dans son imaginaire, la reformation de « groupes terroristes » qui mettraient en danger Israël.


Il estime également que, le texte ne prévoyant pas la libération en une seule fois de tous les Israéliens retenus dans la bande de Gaza, cela « scelle le sort du reste des otages qui ne sont pas inclus dans l’accord de mort ». C’est d’autant plus intéressant que, depuis des mois, Netanyahou et le gouvernement répondent aux centaines de milliers de manifestants israéliens que, si les captifs ne sont toujours pas libérés, la faute incombe uniquement au Hamas. Le président états-unien, Joe Biden, abondait lui aussi dans le même sens.


C’était donc faux. « Depuis plus d’un an, je dis qu’ils ne parviennent pas à un accord sur les otages pour des raisons politiques et tout le monde me dit que c’est impossible, que c’est choquant et comment pourrais-je dire une chose pareille », a posté Yaïr Lapid, le chef de l’opposition sioniste, sur X.


Isolé, Ben Gvir s’est tourné vers le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, un suprémaciste juif, qui, lundi, a qualifié l’accord de « catastrophe », mais n’a pas menacé de quitter la coalition gouvernementale. Il estime qu’Israël devrait poursuivre sa campagne militaire à Gaza jusqu’à la reddition complète du Hamas. « J’appelle mon collègue le ministre Bezalel Smotrich à unir ses forces avec moi, et ensemble nous travaillerons contre l’accord naissant », l’a exhorté Ben Gvir.


Yaïr Lapid a fait savoir qu’il soutiendrait Netanyahou pour éviter la chute du gouvernement si Ben Gvir et Smotrich devaient se retirer. « Il n’a pas besoin d’eux, (…) je lui ai offert un filet de sécurité politique en échange d’un accord sur (la libération des) otages. » Mais de la fin de la souffrance des Palestiniens à Gaza, personne ne parle, à l’exception des députés communistes régulièrement suspendus et même exclus de la Knesset, comme Aida Touma-Sliman et Ofer Cassif.
 

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