« Au nom de la justice et du droit international, marchons !
Par Roland RICHA
Avec les agences de presse du 05 février 2025
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A la Maison blanche, le 04 février 2025. Celui de droite est sous mandat d'arrêt de la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. |
Mohammad Sabaaneh, dessinateur palestinien : « Je ne partirai pas »
« En tant que Palestiniens, nous savions exactement ce que Donald Trump comptait faire. Il est un grand partisan d’Israël et avait déjà laissé entendre qu’il souhaitait nous expulser de Gaza, mais aussi de la Cisjordanie. Lorsqu’il mentionne la Jordanie en plus de l’Égypte (où seraient expulsés les Palestiniens – NDLR), c’est bel et bien pour la population de Cisjordanie aussi. Mais nous n’attendons pas Donald Trump pour décider où nous allons vivre. Nous nous battrons pour Gaza. Je reviens d’ailleurs du festival d’Angoulême, où je présentais mon second livre intitulé Je ne partirai pas, en français ! »
Pour l'écrivain palestinien Karim Kattan : « Trump met à jour des désirs secrets »
« On me parle beaucoup de sidération ce matin, face aux déclarations de Trump. Comme si on ne venait pas d’assister à ce qui s’est passé durant ces quinze derniers mois. Comme si ça sortait de nulle part. Trump est dans l’escalade mais dans la continuité. Il met à jour les désirs secrets des uns et des autres. Parler de sidération permet de s’en sortir à peu de frais. Trump, on le singularise à tort, comme s’il ne s’inscrivait pas dans le projet – exprimé à répétition – non seulement du gouvernement israélien, mais aussi d’une grande partie de la société israélienne.
La responsabilité est collective et totale. Les réactions du gouvernement français vont aller dans le sens de la rengaine sur les deux États. N’est-il pas indécent de parler de deux États sur l’anéantissement de Gaza et à la colonisation de la Cisjordanie ? Trump, personnage ignoble, qui représente tout ce que je déteste, ne fait pas semblant. Il est clair. Il ne se cache pas.*
À quoi sert la déclaration de Trump ? Je ne sais pas. À normaliser peut-être la chose, le nettoyage ethnique à Gaza, à en faire un sujet de débat plutôt qu’un impensable. Nous n’avons pas beaucoup d’illusions. La question est de savoir comment les autres États vont réagir, qu’il s’agisse des États européens, des États arabes ou des différentes instances internationales.
En l’écoutant, on se rend compte que la destruction totale de Gaza continue. Malgré le soulagement immense du cessez-le-feu, le programme est le même : annexer, annexer, annexer. »
« Au nom de la justice et du droit international, marchons ! » exhorte Ben Jamal, directeur de Palestine Solidarity Campaign
« C’est le test décisif et fondamental pour le gouvernement de Keir Starmer. L’histoire jugera de la façon dont il va réagir. Pendant des mois, il a suivi une ligne consistant à rester proche de la puissance américaine et à traiter Israël comme une démocratie libérale, alors même que la plus haute Cour du monde enquête sur le crime de génocide et que son premier ministre est recherché pour des crimes tels que l’utilisation de la famine comme arme de guerre. Trump et Netanyahou révèlent une vision qui a toujours été claire : étendre la domination d’Israël sur toute la Palestine historique et achever la tâche d’expulser les Palestiniens qui continuent de se battre pour leur droit à l’autodétermination et à la liberté.
Nous appelons tous ceux qui partagent notre engagement en faveur d’un monde fondé sur les principes des droits, de la justice et de l’application universelle du droit international à descendre dans la rue avec nous le 15 février, lorsque nous marcherons de Whitehall à l’ambassade des États-Unis, à Londres. »
Insaf Rezagui : « Un processus de déshumanisation des Palestiniens »
Pour la docteure en droit international et membre du comité de rédaction de Yaani, « Ce qui est ahurissant, d’abord, c’est que Donald Trump affirme, devant le responsable de la destruction de Gaza, que la solution est de procéder à un nettoyage ethnique. La bande de Gaza fait partie du territoire palestinien. La Cour internationale de justice l’a rappelé en juillet dernier, toute atteinte à cette intégrité est une violation pure et simple du droit international.
Enfin, les propositions faites pas Trump participent du processus de déshumanisation des Palestiniens car, selon lui – et les dirigeants israéliens tiennent le même discours — ce sont des Arabes, ils peuvent donc s’installer dans n’importe quel pays arabe. Or, les Palestiniens constituent un peuple, un groupe protégé. Leur déplacement forcé serait, aux yeux du droit international, constitutif d’un crime. »
Rafaëlle Maison, professeure de droit : « L’annonce d’une purification ethnique »
« Cette déclaration est une provocation : impossible à réaliser, totalement contraire au droit international – dont les principes ont encore été rappelés, cet été, par la Cour internationale de justice –, et relevant d’un impérialisme assumé. Elle viole non seulement le droit du peuple palestinien à disposer de lui-même, mais également le cœur même de la charte des Nations unies : l’interdiction de l’acquisition de territoires par la force. C’est aussi une promesse de gratifications accordée aux auteurs d’un génocide. Et l’annonce d’une purification ethnique relevant d’un crime contre l’humanité. » estime la professeure agrégée de droit public à l’université Paris-Sud.
Le roi de Jordanie rejoint le mouvement de sidération générale
Le roi de Jordanie, Abdallah II, a exprimé son rejet de « toute tentative » d’annexion des Territoires palestiniens ainsi que des déplacements de la population de Gaza et de Cisjordanie. Lors d’une rencontre avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le monarque a souligné « la nécessité d’arrêter les activités de colonisation ».
Moscou réaffirme son soutien à la solution à deux Etats
A l’occasion d’une conférence de presse, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskova a rappelé la position de la Russie : le règlement du conflit au Moyen-Orient ne peut se faire que sur la base d’une solution à deux Etats – palestinien et israélien. « C’est la thèse qui est consacrée dans la résolution pertinente du Conseil de sécurité de l’ONU, c’est la thèse qui est partagée par l’écrasante majorité des pays impliqués. Nous partons de là, nous la soutenons et nous pensons que c’est la seule option possible » a-t-il déclaré.
« La France doit porter des propositions claires et offensives contre les partisans suprémacistes », estime la France insoumise
« L’intention affichée de Trump de “prendre le contrôle de la bande de Gaza” est une nouvelle négation des droits des Palestiniens à disposer d’un État, alerte la France insoumise (LFI). Sa prétention à transformer en “Côte d’Azur” un territoire rayé de la carte, après avoir déporté ses habitants encore en vie, est un énième déni d’humanité des Gazaouis, déjà décimés par dizaines de milliers et traités comme des « animaux humains » par le gouvernement israélien. »
Si le mouvement de gauche estime qu’il n’y a, dans les déclarations de Donald Trump, « rien de surprenant de la part d’un suprémaciste soutenant les méthodes racistes prônées par les suprémacistes israéliens au pouvoir », il estime que l’État français « ne doit pas se limiter à dire l’évidence ».
« La France doit former à l’ONU une coalition avec tous les États refusant que les droits des Palestiniens soient éternellement bafoués, et porter des propositions claires et offensives contre les partisans suprémacistes du “choc des civilisations”, au Proche Orient et ailleurs, ajoute la FI. La France doit rejoindre le groupe de la Haye créé le 31 janvier 2025 pour défendre le droit international. Dans l’immédiat, elle doit reconnaître l’État de Palestine, seule réponse symboliquement et juridiquement à la hauteur des déclarations gravissimes du président étasunien. »
« Ceux qui doivent veiller sur Gaza, ce sont les Palestiniens », répond Luiz Inácio Lula da Silva, président du Brésil
« Et où iront les Palestiniens ? Où vivront-ils ? Quel est leur pays ? C’est quelque chose de quasiment incompréhensible », a fustigé le président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, rappelant que la bande de Gaza est le théâtre d’un « génocide » : « Honnêtement, je ne sais pas si les États-Unis – qui sont impliqués dans tout cela – seraient les mieux placés pour s’occuper de Gaza. »
« Ceux qui doivent veiller sur Gaza, ce sont les Palestiniens, qui ont besoin d’une réparation pour tout ce qui a été détruit afin qu’ils puissent reconstruire leurs maisons, leurs hôpitaux, leurs écoles et vivre dans la dignité et le respect », a ensuite déclaré le président de gauche, lors d’une interview avec des radios brésiliennes.
Le transfert forcé d'une population est « strictement prohibé », rappelle le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme
La rapporteuse spéciale de l’ONU sur les droits de l’Homme dans les Territoires palestiniens occupés a vivement dénoncé le projet présenté hier par le président américain, le qualifiant d’« illégal, immoral et complètement irresponsable ». Lors d’une conférence de presse à Copenhague, Francesca Albanese s’est déclarée « choquée par le mépris du droit international, non seulement de la part d’Israël, mais aussi de la plupart des pays de la communauté internationale ». Elle a également exprimé sa crainte qu’Israël ne profite de la prochaine phase de la guerre pour s’emparer de nouveaux territoires palestiniens et en expulser la population.
Des déclarations appuyées par le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Volker Türk, qui affirme que « tout transfert forcé ou expulsion d’un territoire occupé » est « strictement prohibé ». Un simple rappel du droit international.
« L’histoire jugera de la façon dont Keir Starmer va réagir », interpelle Ben Jamal, directeur de Palestine solidarity campaign, au Royaume-Uni
« C’est le test décisif et fondamental pour le gouvernement du premier ministre Keir Starmer, estime Ben Jamal, directeur britannique de Palestine solidarity campaign, interrogé par l’Humanité. L’histoire jugera de la façon dont Keir Starmer va réagir. » En réaction au projet politique de Donald Trump, et pour mettre la pression sur le premier ministre britannique, ce dernier appelle « tous ceux qui partagent notre engagement en faveur d’un monde fondé sur les principes des droits, de la justice et de l’application universelle du droit international, à descendre dans la rue – avec nous – le 15 février, lorsque nous marcherons de Whitehall (rue de Londres où se concentre l’essentiel du pouvoir politique du Royaume-Uni – NDLR) à l’ambassade des États-Unis ».
« Pendant des mois, il a suivi une ligne consistant à rester proche de la puissance états-unienne et à traiter Israël comme une démocratie libérale, alors même que la plus haute Cour du monde enquête sur le crime de génocide et que son premier ministre est recherché pour des crimes tels que l’utilisation de la famine comme arme de guerre, ajoute-t-il. Trump et Netanyahou révèlent une vision qui a toujours été claire : étendre la domination d’Israël sur toute la Palestine historique et achever la tâche d’expulser les Palestiniens qui continuent de se battre pour leur droit à l’autodétermination et à la liberté. »
Le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés s’abrite derrière un appel à la prudence
Pour le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés, la situation n’est « pas claire » après les déclarations de Donald Trump qui a affirmé mardi vouloir « prendre le contrôle » de Gaza et plaider pour en expulser les habitants. « C’est très difficile de s’exprimer sur cette question très délicate », a assuré Filippo Grandi lors d’une interview avec l’AFP à Bruxelles.
Alors que Donald Trump a également signé mardi un décret exécutif visant à retirer les États-Unis de plusieurs instances de l’ONU dont le Conseil des droits de l’Homme, le haut responsable des Nations Unies se réfugie derrière un appel à la prudence : « C’est quelque chose de très surprenant, mais il faut voir concrètement ce que ça signifie », a déclaré Filippo Grandi.
« C’est une déclaration de guerre qui a pour but de donner le droit à Israël de s’implanter à Gaza », réagit la députée israélienne Aïda Touma-Sliman (Hadash)
Les propos de Donald Trump sont « une déclaration de guerre, une autre après cette guerre génocidaire, qui a pour but de donner le droit à Israël de s’implanter à Gaza », estime Aïda Touma-Sliman, députée Hadash (communiste) israélienne.
« Il n’y a aucun moyen d’accepter ces déclarations, et ce crime de guerre qui consiste à déporter le peuple de sa terre natale. Cette idée doit se heurter à une position claire et ferme de la communauté internationale, car elle pourrait initier une autre guerre dans la région. L’impérialisme ne sera jamais une solution », insiste auprès de l’Humanité l’élue israélienne.
« À mon regret, poursuit-elle, la grande majorité des députés de la Knesset, même les sionistes dits de gauche ou centristes, Benny Gantz, Yaïr Lapid, d’autres, ne voient ces annonces que comme un signe de la considération de Donald Trump pour Israël. Il y a pourtant une solution, il suffit d’écouter ceux qui subissent la guerre depuis un an et trois mois, et que l’on n’entend pas souffrir. Donald Trump peut bien jouer avec Benyamin Netanyahou, le peuple palestinien résistera au transfert et à la déportation. »
Les Palestiniens doivent pouvoir « vivre et prospérer » à Gaza et en Cisjordanie, estime le chef de la diplomatie britannique
« Nous devons voir les Palestiniens pouvoir vivre et prospérer dans leurs territoires, à Gaza, en Cisjordanie », a affirmé le chef de la diplomatie britannique, David Lammy, mercredi lors d’un déplacement à Kiev au lendemain des déclarations de Donald Trump sur sa volonté de « prendre le contrôle » de Gaza et d’en expulser les habitants.
« Donald Trump a raison » sur un point : « Gaza est en ruines », a-t-il poursuivi réaffirmant son soutien à une solution à « deux États », israélien et palestinien.
Lynn Boylan (eurodéputée de gauche) : L’UE doit « dire haut et fort que toute tentative de nettoyage ethnique de Gaza entraînera de graves conséquences »
Les déclarations de Donald Trump « constituent des violations flagrantes du droit international et l’Union européenne doit indiquer clairement qu’elle s’opposera au nettoyage ethnique des Palestiniens de Gaza », a réagi l’eurodéputée du Sinn Féin Lynn Boylan.
« L’impunité dont jouit Israël ne peut pas perdurer et nous tous qui valorisons les droits de l’homme et le droit international devons tenir tête à Trump et faire comprendre clairement que Gaza appartient au peuple palestinien », insiste celle qui est aussi présidente de la délégation du Parlement européen pour les relations avec la Palestine.
Dénonçant « l’accaparement des terres et le vol des ressources » qui « ne doivent pas être tolérés », elle estime que « les dirigeants de l’UE doivent dire haut et fort que toute tentative de nettoyage ethnique de Gaza entraînera de graves conséquences ».
Gaza « appartient aux Palestiniens », rappelle Berlin à Donald Trump en plaidant pour un « futur État palestinien »
« La population civile de Gaza ne doit pas être expulsée et Gaza ne doit pas être occupée de manière durable, ou de nouveau colonisée », a déclaré Annalena Baerbock, la ministre allemande des Affaires étrangères, dans un communiqué.
La bande de Gaza « appartient aux Palestiniens » et doit « tout comme la Cisjordanie et Jérusalem-Est » faire partie du « futur État palestinien », insiste Berlin en réponse aux déclarations de Donald Trump.
Les premières réactions des démocrates américains
Aux Etats-Unis, des voix du camp démocrate se sont fait entendre à la suite de la conférence de presse du président. Parmi eux, le sénateur démocrate du Connecticut Chris Murphy, a estimé que la proposition de Donald Trump allait à l’encontre de décennies de débat sur la manière de résoudre le conflit israélo-palestinien.
Son homologue Chris Van Hollen du Maryland, a quant à lui qualifié la proposition du président de « nettoyage ethnique qui ne dit pas son nom », regrettant que cette déclaration donne « des munitions à l’Iran et à d’autres adversaires tout en affaiblissant nos partenaires arabes dans la région. »
Selon Justin Amash, ancien membre républicain du Congrès du Michigan, le projet de Donald Trump s’apparenterait également à un nettoyage ethnique. « Si les États-Unis déploient des troupes pour expulser par la force des musulmans et des chrétiens de Gaza, non seulement ils s’embourberont dans une nouvelle occupation imprudente, mais ils se rendront également coupables du crime de nettoyage ethnique », a-t-il déclaré sur son compte X. « Aucun Américain de bonne conscience ne devrait accepter cela. »
« Enterrer définitivement l’idée dangereuse d’un État palestinien », une « pensée créative, originale et intéressante »... Les soutiens de Netanyahou sur le pied de guerre
Il ne pouvait que se réjouir de telles annonces. Bezalel Smotrich, ministre des Finances et figure de l’extrême droite israélienne, a profité de la rencontre entre Benyamin Netanyahou et Donald Trump pour s’engouffrer dans la brèche : « Le plan présenté hier par le président Trump est la véritable réponse au 7-Octobre », a-t-il lancé dans un message publié son compte Telegram.
« Nous allons maintenant œuvrer pour enterrer définitivement l’idée dangereuse d’un État palestinien », a ajouté le ministre israélien, dont les obsessions ont été reprises par le président des États-Unis a ainsi promis d’enclencher la vitesse supérieure. « On est au courant depuis 1948 », a rétorqué la députée européenne, et franco-palestinienne, Rima Hassan, sur son compte X.
Itamar Ben-Gvir, jusqu’à récemment ministre de la Sécurité nationale, a de son côté déclaré que le projet – colonial et impérialiste – de Trump fait écho à sa propre idée d’« encourager » les Palestiniens à émigrer. « Quand j’ai répété à maintes reprises pendant la guerre que c’était la solution pour Gaza, ils se sont moqués de moi, a-t-il déclaré. Maintenant, tout le monde comprend que c’est la seule solution. »
Même son de cloche pour Benny Gantz, ancien membre du cabinet d’urgence de Netanyahou, qui a félicité Donald Trump pour sa « pensée créative, originale et intéressante », sans toutefois approuver ses propositions. Gideon Saar, ministre israélien des Affaires étrangères, a quant à lui salué les « idées originales » de Donald Trump sur Gaza, affirmant que l’enclave « dans sa forme actuelle n’a pas d’avenir ». Yaïr Lapid, le chef de l’opposition parlementaire israélienne, a déclaré à une station de radio israélienne : « Il faut voir les détails avant de commenter les plans. »
Mardi, Trump a aussi signé un décret pour retirer les États-Unis de plusieurs instances de l’ONU
Outre ses déclarations sur Gaza, Donald Trump a également signé mardi un décret exécutif visant à retirer les États-Unis de plusieurs instances de l’ONU dont le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies, une instance dont le pays n’est pas membre, mais seulement observateur. Le texte prolonge aussi la suspension de tout financement américain à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont Israël a interdit les activités sur son sol.
Le décret vise aussi à « passer en revue l’implication américaine dans l’Unesco », l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, a fait savoir Will Scharf, conseiller de Donald Trump, au moment de présenter le document au président états-unien pour sa signature. « Plus généralement, le décret exécutif appelle à un examen de l’implication et du financement américains dans l’ONU au regard des folles disparités dans les niveaux de financement entre différents pays », a-t-il affirmé.
Dès son retour à la Maison Blanche, le 20 janvier, Donald Trump avait signé un décret exécutif visant à retirer les États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et geler les programmes d’aides avant d’annoncer la fermeture d’USAID.
Les déclarations de Donald Trump sont « dangereuses pour la stabilité et pour le processus de paix », estime le gouvernement français
Le projet politique de Donald Trump, entre l’occupation de la bande de Gaza et le transfert des Palestiniens qui y vivent, est « dangereux pour la stabilité et pour le processus de paix », a déclaré la porte-parole du gouvernement Bayrou, Sophie Primas. « La France est opposée pleinement aux déplacements des populations, a-t-elle ajouté à l’issue du Conseil des ministres. Nous nous en tenons à notre politique qui est : pas de déplacement des populations, la recherche d’un cessez-le-feu temporaire vers un processus de paix et une solution à deux États. »
Les déclarations « violentes » de Donald Trump ne « contribueront pas à la stabilité de la région », accuse le Hamas
Le Hamas a accusé Donald Trump de « jeter de l’huile sur le feu » avec son projet de colonisation de la bande de Gaza par les États-Unis. « Nous condamnons dans les termes les plus forts les déclarations de Trump en vue d’une occupation américaine de la bande de Gaza et du déplacement de notre peuple », indique le mouvement islamiste palestinien, dans un communiqué publié mercredi 5 février. Ces déclarations « violentes » ne « contribueront pas à la stabilité de la région mais ne font que jeter de l’huile sur le feu », ajoute le Hamas, qui a conclu un cessez-le-feu avec le gouvernement israélien, mi-janvier 2025.
L’accord en question, officialisé par un discours prononcé, lundi 13 janvier, par l’ex-président des États-Unis, Joe Biden, doit mettre « fin aux combats, assurer la sécurité d’Israël et permettre d’augmenter considérablement l’aide humanitaire aux Palestiniens qui ont terriblement souffert dans cette guerre déclenchée par le Hamas ».
Réactions sans équivoque des voisins saoudien, égyptien et turc
L’Arabie saoudite a été l’un des premiers pays à réagir au projet d’occupation américain de Gaza. Avant 4 heures du matin heure locale, le ministère saoudien des Affaires étrangères a formulé dans un communiqué sa position « ferme et inébranlable » contre les tentatives de déplacement des gazaouis et son rejet catégorique de toute violation « des droits légitimes » du peuple Palestinien, « que ce soit par le biais des politiques de colonisation israéliennes, de l’annexion de terres palestiniennes ou de tentatives de déroger le peuple palestinien de ses terres ». Le pays a également réitéré son engagement a défendre la création d’un Etat palestinien.
« La déclaration de Trump sur Gaza est inacceptable », a quant à lui fustigé le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, lors d’un entretien accordé à l’agence de presse turque Anadolu. « Expulser (les Palestiniens) de Gaza est une question que ni nous ni les pays de la région ne peuvent accepter. Il n’est même pas question d’en discuter », a-t-il insisté.
Du côté égyptien, le ministre des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a rappelé « l’importance de renforcer politiquement et économiquement l’Autorité palestinienne » et se dit impatient de voir l’Autorité palestinienne « assumer ses responsabilités » à Gaza. Dans un communiqué de son ministère, l’Egypte appelle à une reconstruction rapide de l’enclave palestinienne.
La Chine s’oppose au déplacement « forcé » des Gazaouis
En conflit commercial et idéologique avec l’administration Trump, Pékin a réagi aux prises de position du président états-unien. « La Chine a toujours soutenu le fait qu’une gouvernance palestinienne sur les Palestiniens était le principe de base de la gouvernance d’après-guerre de Gaza et nous sommes opposés au transfert forcé de ses habitants », a déclaré Lin Jian, le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, lors d’une conférence de presse.
La communauté internationale doit « respecter les souhaits du peuple palestinien », estime Riyad Mansour, ambassadeur palestinien à l'ONU
L’envoyé palestinien aux Nations unies, Riyad Mansour, a fustigé contre ceux « qui veulent envoyer les Gazaouis dans un endroit agréable et heureux », reprenant le langage provocateur du président américain. Il appelle la communauté internationale à « respecter les souhaits du peuple palestinien » à vivre à Gaza. « Qu’ils retournent, vous savez, dans leurs foyers d’origine en Israël. Il y a de beaux endroits là-bas, et ils seront heureux d’y retourner. », a-t-il ajouté lors d’un point presse.
« Nous ne permettrons pas que soient bafoués les droits de notre peuple », affirme Mahmoud Abbas en déplacement en Jordanie
« Le président Mahmoud Abbas et la direction palestinienne rejettent fermement les appels à s’emparer de la bande de Gaza et à déplacer les Palestiniens hors de leur patrie », a officiellement réagi via un communiqué l’autorité palestinienne.
« En réponse aux appels américains au déplacement » des Palestiniens de Gaza vers l’Égypte ou la Jordanie, « nous ne permettrons pas que soient bafoués les droits de notre peuple », a également déclaré Mahmoud Abbas qui s’est rendu en Jordanie mercredi matin pour rencontrer le roi Abdallah II, quelques heures après les déclarations de Donald Trump.
Hala Abou Hassira, ambassadrice de la Palestine en France : « Le peuple palestinien n’est pas une marchandise à exporter et la bande de Gaza n’est pas un projet immobilier »
« Le peuple palestinien n’est pas une marchandise à exporter et la bande de Gaza n’est pas un projet immobilier. Nous sommes enracinés sur notre terre », a réagi Hala Abou Hassira après les déclarations de Donald Trump.
« Israël mène un génocide à Gaza, et blanchir un criminel de guerre ne servira pas la stabilité et la justice. La Palestine ne disparaîtra pas, et le peuple palestinien doit retourner chez lui, après 76 ans de nettoyage ethnique par Israël », poursuit sur X l’ambassadrice de la Palestine en France.
Et de conclure : « Pour ceux qui ont peur et sont inquiets pour la vie des Palestiniens, ils ont qu’à œuvrer pour la fin de l’occupation, à reconnaître et à concrétiser le droit à l’autodétermination du peuple palestinien, dans son État indépendant et souverain. C’est la seule garantie de la justice et la paix. »
« L’avenir de Gaza doit s’inscrire dans le cadre d’un futur État palestinien », annonce le Quai d’Orsay
« La France réitère son opposition à tout déplacement forcé de la population palestinienne de Gaza, qui constituerait une violation grave du droit international, une atteinte aux aspirations légitimes des Palestiniens, mais aussi une entrave majeure à la solution à deux États et un facteur de déstabilisation majeur pour nos partenaires proches que sont l’Égypte et la Jordanie, ainsi que pour l’ensemble de la région », a réagi le ministère des Affaires étrangères français, dans un communiqué publié mercredi 5 février.
« La France continuera à se mobiliser pour la mise en œuvre de la solution à deux États, la seule qui puisse garantir la paix et la sécurité sur le long terme aux Israéliens et aux Palestiniens, ajoute le Quai d’Orsay. L’avenir de Gaza doit s’inscrire non dans la perspective d’un contrôle par un État tiers mais dans le cadre d’un futur État palestinien, sous l’égide de l’Autorité palestinienne. » Outre cette réaction aux propos de Donald Trump, le ministère des Affaires étrangères rappelle la position de l’État français : « Le Hamas doit être désarmé et n’avoir aucune part à la gouvernance de ce territoire. La France continuera de marquer son opposition à la colonisation, contraire au droit international, et à toute velléité d’annexion unilatérale de la Cisjordanie. »
Les « suggestions de Trump sont en totale violation du droit international et représentent un appel au nettoyage ethnique qui est un crime de guerre », dénonce Mustafa Barghouti
Membre du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en tant que représentant de l’Initiative nationale palestinienne, Mustafa Barghouti a dénoncé des « suggestions de Trump en totale violation du droit international et représentent un appel au nettoyage ethnique qui est un crime de guerre », dans un communiqué. « Tous les Palestiniens sans exception rejettent totalement les commentaires de Trump », ajoute-t-il fustigeant la « grave ignorance » du président états-unien sur « l’histoire du peuple palestinien » .
Riyad Mansour : « Je pense que les dirigeants et les peuples devraient respecter les souhaits du peuple palestinien »
Les dirigeants du monde devraient « respecter les souhaits » des Palestiniens qui « adorent » vivre à Gaza, a déclaré mardi l’ambassadeur palestinien à l’ONU après des propos de Donald Trump assurant que les habitants du territoire « adoreraient » le quitter.
Les Palestiniens « veulent reconstruire Gaza, reconstruire les écoles, les hôpitaux, les routes, les infrastructures, les bâtiments et les maisons parce que c’est leur place, et ils adorent vivre là. Je pense que les dirigeants et les peuples devraient respecter les souhaits du peuple palestinien », a insisté Riyad Mansour devant la presse. « Notre pays et notre maison, c’est la bande de Gaza, elle fait partie de la Palestine », a-t-il ajouté.
Même avec les destructions infligées dans le nord du territoire, « les Palestiniens ont choisi d’y retourner », a-t-il noté, évoquant les centaines de milliers de personnes ayant fait à pied le trajet du sud vers le nord après l’entrée en vigueur le 19 janvier du cessez-le-feu.
« Les États-Unis vont prendre le contrôle de la bande de Gaza » : le sidérant plan de Trump pour s’approprier Gaza
Alors que Benyamin Netanyahou était présent à la Maison Blanche, Donald Trump a annoncé, mardi 4 février, vouloir que les États-Unis prennent le contrôle de la bande de Gaza. « Les États-Unis vont prendre le contrôle de la bande de Gaza et nous allons faire du bon boulot avec, a ainsi lancé l’ancien promoteur immobilier. Il pourrait s’agir de sites nombreux ou d’un grand site. Les gens pourraient vivre dans le confort et la paix et on va s’assurer que quelque chose de spectaculaire sera fait. » « Ce n’est pas une décision prise à la légère », a-t-il appuyé réaffirmant sa volonté d’expulser les Palestiniens.
« Nous en prendrons possession et serons responsables du démantèlement de toutes les bombes dangereuses qui n’ont pas explosé et de toutes les armes », imagine Donald Trump, en soulignant que les États-Unis allaient « aplanir la zone et se débarrasser des bâtiments détruits », afin de développer économiquement le territoire palestinien.