Le colonel Fabien
Un parcours édifiant,
ce qui n'empếchera pas ( et ça continue encore ) la répétition récurrente, reprise à l'envie du " les comunistes n'ont commencé à résister qu'après l'attaque hitlérienne conre l'URSS ".
Histoire sans doute aussi de faire oublier la trahison de Munich et la collaboration du patronat et des forces économiques au service de l'occupant.
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Quand Pierre revient en France en août 1938, ce n’est plus l’ambiance du 14 juillet de 1936.
Toutefois, la JC et l’UJFF (Union des jeunes filles de France) du quartier Combat organisent un vin d’honneur pour son retour et celui de son frère Daniel, commissaire politique d’un bataillon de la quatorzième brigade. Sa « marraine » de guerre, Andrée Coudriet, est présente. Andrée est secrétaire dans un atelier de réparation, syndiquée à la CGTU depuis 1935 et membre de l’UJFF. C’est le coup de foudre, ils ont dix-neuf ans.
En février 1939, Pierre obtient son diplôme d’ajusteur-aviation et est embauché à la Compagnie générale des voitures jusqu’au 4 juillet 1939, puis à l’usine Capra à La Courneuve.
En avril, il est élu au Conseil national de la JC. Le 8 juillet 1939, Andrée et Pierre se marient à la mairie du XIXe, le repas a lieu au restaurant coopératif « La famille nouvelle ». Puis, avec les « billets populaires pour congés annuels », ils partent en voyage de noces en Touraine. Ils emménagent eux aussi dans le XIXe arrondissement.
À leur retour la guerre est déclarée. En septembre le PCF, la JC sont interdits. La répression est terrible, plus d’un millier d’organisations syndicales ou groupements politiques sont dissous, des milliers de militants emprisonnés et 11 000 perquisitions effectuées. Georges Bonnet, ministre des Affaires étrangères, a tenu les promesses faites le 1er juillet 1939, à l’ambassadeur d’Allemagne en France, de « ramener les communistes à la raison ».
Le 2 décembre 1939, la police perquisitionne chez Raymonde, l’épouse de Daniel qui est sous les drapeaux. Jacques, le benjamin des frères Georges, se fait prendre chez elle avec des tracts imprimés clandestinement. La police trouve l’adresse de Pierre et Andrée. Pierre est arrêté dans son usine, Andrée et Raymonde sont incarcérées à la Petite-Roquette, Pierre et Jacques à la prison de la Santé, tabassés et torturés. Andrée, malade et enceinte, est libérée en février 1940, obtient un non-lieu en mai et part en exode à Jussey (74). Le 10 août 1940, elle met au monde une fille prénommée Monique. Raymonde, quant à elle, rejoint la Résistance à sa libération un an plus tard.
Rien n’est retenu contre Pierre mais il n’est pas libéré. Considéré comme individu dangereux, selon le décret du 18 novembre 1939, il a le statut d’interné administratif. Il sera transféré au château de Baillet (95), ancienne propriété de la CGT transformée en camp d’internement. Son frère Jacques est dirigé sur le camp de Gurs (64).
Les troupes nazies entrent en France, Baillet est évacué, direction le sud. Lors du transfert, Pierre réussit à s’évader. Il croise le 126e régiment d’infanterie de Brive qui fait retraite. Il se dit sergent-chef, prisonnier des Allemands et évadé, il n’a plus ses papiers. On le croit ! Sous une fausse identité, il dispose maintenant d’un livret militaire.
Juin 1940 : il prend contact avec la JC et un ancien brigadiste du groupe des travailleurs étrangers (GTE) à Malemort (19). Il organise le groupe en équipes de trois, recrute, forme à l’action clandestine. Pierre est « démobilisé » le 23 août 1940. Avant de partir rejoindre la direction Zone sud, il tient à réunir l’ensemble du groupe : « La lutte sera difficile, mais il est nécessaire d’amplifier le combat, démystifier l’opinion, préparer ainsi le peuple de France à chasser l’occupant. » Il entre de plain-pied dans la clandestinité.
Article publié dans CommunisteS, numéro 1028 du 5 février 2025.