« Plus rien ne tourne dans les deux usines » : grève massive contre les licenciements à Lubrizol
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Publié par REVOLUTION PERMANENTE
Face à l'annonce du licenciement d'un salarié sur quatre des usines de Lubrizol, les travailleurs ont répondu par une grève massive depuis le lundi 17 février. Deux des trois usines sont à l'arrêt pour revendiquer le maintien de tous les emplois.
CGT Lubrizol
Depuis lundi soir 22h, les travailleurs de Lubrizol, fabriquant d’additifs pour huile de moteurs, sont en grève reconductible pour la défense de leurs emplois. Pour cause, depuis le 6 février, les sites du Havre (76) ainsi que de Rouen (76), sont menacés par un plan de licenciement qui détruirait 169 emplois, dont 140 pour la seule usine de Rouen.
Sur fond de colère suite à l’annonce du plan de licenciement, c’est un sentiment d’incompréhension qui règne. Thierry Bazire, secrétaire général de la CGT Lubrizol raconte :« On a fait un gros chiffre d’affaires en 2024 d’un milliard d’euros et un bénéfice pour la boîte de soixante millions ! Il y a aucune raison de nous licencier ! Ils veulent juste faire pareil mais avec moins de salariés ».
Depuis la riposte s’organise. Après l’annonce du plan de licenciement le 6 février, un rassemblement s’est tenu avec les travailleurs. Dans la foulée, à l’appel de la CGT, la grève a été lancée lundi 18 février au soir. « Maintenant on est dans le dur de la grève, alors on fait passer le mot chaque soir pour savoir si les collègues veulent continuer. Plus rien ne tourne dans les deux usines et même si ils essayent de réquisitionner quelques employés pour la mise en sécurité, ça ne suffit pas pour relancer la production » détaille Thierry Bazire. La CGT annonce que « 100 % des effectifs de production sont en grève à Rouen et à Oudalle »
En juin 2024, un précédent mouvement de grève avait déjà porté ses fruits alors que les travailleurs réclamaient l’embauche de 15 nouveaux salariés. Un combat qui reste dans les esprits à l’heure où la direction est prête à licencier 10 fois plus de monde. « Nous, on n’a plus rien à perdre et on sait que notre seul rapport de force c’est la grève alors s’ils veulent jouer on va jouer ! » affirme le secrétaire de la CGT. Contre cette attaque qui concerne un employé sur quatre de la filiale, leur revendication est simple, la suppression de ce plan de licenciement et la sauvegarde de tous les emplois.
C’est loin d’être la première fois en effet que la direction de Lubrizol traite les travailleurs avec mépris. En 2019, l’énorme incendie sur le site de Rouen avait choqué à l’échelle du pays : « tous les stocks avaient pris feu. Par miracle aucun collègue ni riverain n’a été blessé mais il n’y a eu aucune poursuite en justice alors qu’il y aurait pu y avoir des victimes et aujourd’hui l’enquête est au point mort » dénonce le représentant CGT.
Alors que l’ampleur de l’incendie avait entraîné le rejet de 9 505 tonnes de produits chimiques dans l’air et sur le sol, l’ampleur de la pollution et les risques pour la santé ont provoqué un sentiment de stress et d’insécurité pour les habitants et les travailleurs. Plusieurs habitants et travailleurs ont signalé des troubles respiratoires, des nausées et des maux de tête et des milliers d’exploitations aux alentours ont dû jeter leur production par crainte de contamination. La même usine de Rouen avait déjà connu des fuites de gaz nauséabond en 2013.
Face à la casse sociale et au mépris du patronat pour la vie des ouvriers et de la population, les travailleurs de Lubrizol montrent la voie à suivre. Ils nous rappellent encore une fois que la grève est la seule arme efficace pour imposer un rapport de force. Plus largement, face à la perspective d’une hausse brutale du chômage, le mouvement ouvrier doit construire une riposte massive pour défendre le maintien de l’emploi et non pas se limiter à lutter pour des meilleures indemnités de départs qui arrangent le patronat.
Plus que jamais, le monde du travail doit défendre ses intérêts, sans concessions au patronat, en revendiquant l’interdiction des licenciements ainsi que l’embauche immédiate en CDI des travailleurs précaires, en CDD ou intérimaires. Il est aussi nécessaire de se battre pour l’expropriation et la nationalisation sans indemnités ni rachat des entreprises qui ferment et licencient ainsi que leur mise sous contrôle des travailleurs. C’est seulement par cette voie qu’il sera possible de penser une réorganisation de la production en adéquation avec les besoins et la santé de la population et des travailleurs.