RETOUR sur le vote à l'Assemblé nationale hier
L'analyse de Danielle BLEITRACH sur Histoire et Société éclaire ce que nous avons déjà dit à propos de ce vote.
Le comportement très majoritaire de la presse taisant/censurant le vote des communistes illustrant à sa manière la crainte des classes dominantes et de leur relai médiatique de la possibilité d'un rassemblement contre la guerre et contre la casse sociale dans lequel les communistes seraient en mesure de jouer un rôle majeur en conformité avec leur ADN historique.
La bourgeoisie n'a pas renoncé à utiliser l'affaiblissement du PCF et ses dérives réformistes pour la défense de ses privilèges, MAIS la messe n'est pas dite et les récentes évolutions dans le positionnement communiste peuvent laisser entrevoir une toute autre perspective.
Le refus de l'union sacrée c'est le début et l'amorce de cette construction nécessaire !
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Le vote à l’Assemblée nationale de ce mercredi et son contexte
Danielle Bleitrach
Dix jours après un front uni dans le soutien à Kiev présenté lors du débat sur l’Ukraine, dont on pouvait craindre le pire, les députés ont monté des divergences salutaires sur la manière de procéder ce mercredi 12 mars. Invités à débattre d’une proposition de résolution européenne « appelant au renforcement du soutien à l’Ukraine », l’Assemblée nationale s’est divisée dans un contexte marqué par l’accélération des négociations avec l’accord de l’Ukraine à une proposition américaine de cessez-le-feu. Est-ce que Trump est autre chose que l’agitation de l’impérialisme des Etats-Unis? Les questions se multiplient mais aussi les doutes sur la délégation de la paix…
Le texte – sans valeur contraignante pour le gouvernement, mais à forte portée symbolique – a été largement adopté (par 288 voix, contre 54 et 132 abstentions), au terme d’un débat très politique, mais pas à l’unanimité et c’est avec un grand soulagement que l’on peut désormais apprécier la montée d’un camp de la paix face à une extrême-droite elle embarrassée.
Le soutien à l’Ukraine peut effectivement donner lieu à bien des interprétations. Les députés de la France insoumise et la quasi totalité de leurs collègues Gauche démocrate et républicaine ont voté contre, tandis que les députés du Rassemblement national et de l’Union des droites pour la République se sont abstenus. Tous les autres groupes ont voté en faveur du texte.
La résolution adoptée ne se contentait pas de condamner l’agression russe, ce qui peut effectivement comme on l’a vu dans les votes de l’ONU relever de l’affirmation d’un point de droit international. Elle évoque le processus d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne en plaidant pour qu’il « aboutisse dans les meilleurs délais ». Une perspective contre laquelle se sont élevés les groupes RN et LFI, ainsi que GDR et UDR, mais aussi des élus de la Droite républicaine.
En quoi le PCF est-il déterminant dans ce vote ?
Il y a le choix conscient d’être un leader et il y a ce que représente encore le PCF et la manière dont le capital mais aussi ses concurrents qui ont prétendu reprendre son rôle « révolutionnaire »sont obligés de se positionner par rapport à lui. Parce que reste toujours vrai et plus que jamais le constat: on ne gouverne pas la France avec un particommuniste à 20% ou à 2%. C’est vrai pour le capital mais ça l’est également dans les élections et leurs programmes et même pour un congrès du PS en préparation.
Certes la specificité du groupe communiste de ne pas avoir que des députés communistes rend difficile de savoir le vote du groupe, mais il est clair aussi que la plupart des compte-rendus sont embarrassés par une opposition qui ne se limiterait pas à l’affrontement complice supposé de la LFI et du RN. y compris par d’autres votes et interventions.
Certes la riposte en faveur de la paix sur des bases claires qui dénoncent l’OTAN, le rôle de l’UE et en appellent à de nouvelles relations internationales portées par le PCF est encore à l’état embryonnaire mais cette risposte crée déjà les conditions d’une prise de conscience et du refus de l’Union sacrée.
Si la LFI a toujours voulu revendiquer le rôle d’opposant le plus radical à Macron et aux compromis de la social démocratie, le disputant au RN mais créant les conditions d’une division telle que Macron espérait en sortir renforcé, il est aussi obligé en matière d’opposition « sociale » de ne laisser aucun espace au PCF, on l’a vu lors des élections des Européennes où la candidate à LFI à collé le jeune candidat du PCF sur son programme social (quitte à se montrer totalement différente au parlement européen).
Cela fait partie de la stratégie mitterrandienne de Melenchon, qui est toujours axée sur la présidentielle : on mène les premières années de la campagne dans le radicalisme le plus absolu en essayant de convaincre que tous les autres ne sont que de pâles réformistes. il s’assure le monopole de fait de la gauche de l’aspiration au changement social et quand il a ainsi renforcé ses troupes, au moment des élections il joue les rassembleurs et sort les drapeau bleu blanc rouge et devient le candidat réformiste, le vote utile.
C’est la stratégie de Mitterrand par laquelle il tuait ses partenaires à gauche pour mieux après adopter une ligne qui a été celle du libéralisme et de l’atlantisme en s’appuyant sur les couches moyennes urbaines et en faisant monter l’extrême-droite comme un repoussoir. Melenchon y a ajouté une dimension pseudo tiermondiste emprunté à l’Amérique latine mais qui s’est vite transformé en communautarisme et est reste menée par des couches moyennes urbaines.
Il est évident que le PCF tel qu’il a commencé à apparaître gène une telle stratégie au plan intérieur en s’inscrivant dans la lutte pour l’emploi, pour le pouvoir d’achat, pour l’industrialisation, une politique énergétique et pas seulement le clientélisme communautariste des banlieues.
Il devient alors le véritable adversaire que l’on transforme en petit franchouillard raciste , comme cela a déjà été fait par ce même Mitterrand pour Marchais, en frisant le lynchage.
D’ailleurs Melenchon construit sa stature internationale présidentiable en allant vendre son rôle anti-impérialiste à toute l’internationale y compris communiste en l’opposant à la trahison du PCF. La politique internationale du sieur Boulet et autre Kamenka est une aide indéniable à un tel projet.
Mais quand le même PCF continue sa transformation en se battant pour la paix et en retrouvant les fondamentaux du PCF, il faut occuper l’espace, même si celà reste encore très flou comme on l’a vu avec les déclarations de Bompard. D’où ce vote à l’assemblée. On voit à quel point le PCF pourtant réduit à sa plus simple expression, désorganisé reste un parti pas tout à fait comme les autres.
Mais ne boudons pas non plus notre plaisir, pour la première fois apparaît la possibilité d’un véritable camp de la paix qui devrait constituer des bases d’élargissement dans le mouvement social. Pour la première fois ce monopole n’est pas laissé à l’extrême-droite… divisant le camp du choix d’un nouveau monde, multipolaire, vers le socialisme, en deux factions irréconciliables . Et cela dépend pour beaucoup de ce que deviendra le PCF.