Apr 11 Guerre à Gaza : 1 000 réservistes de l’armée de l’air israélienne signent un appel pour la fin des opérations à Gaza et le retour des otages

Publié le par FSC

Lina Sankari
L'Humanité du 11 avril 2025

 

 

Près de mille réservistes et anciens réservistes de l’Armée de l’Air israélienne ont signé une lettre demandant le retour des 59 otages toujours retenus dans la bande de Gaza. 10 % auraient été révoqués immédiatement. Le mouvement qui concerne un corps d’élite est significatif de l’ampleur de la remise en cause des buts de guerre à Gaza.
 

La lettre ouverte a fait l’effet d’une bombe dans un pays où on ne conteste pas les buts de guerre. Près de mille réservistes et anciens réservistes de l’armée de l’air israélienne ont publié, ce 10 avril, un appel au retour des 59 otages toujours retenus dans la bande de Gaza, au prix de la fin de la guerre s’il le faut. L’état-major et le ministère de la Défense avaient largement fait usage de menaces pour empêcher la publication de cette lettre ouverte dans les principaux journaux israéliens. L’armée a décidé de renvoyer immédiatement ceux qui étaient mobilisables alors que le texte ne mentionne aucunement un refus de servir.
« Il est impossible que quelqu’un qui travaille dans une fosse (de l’armée de l’air) puisse ensuite exprimer un manque de confiance dans la mission. Il s’agit d’une anomalie impossible », justifie l’armée dans un communiqué. Cette révocation concernerait environ 10 % des 970 signataires. Cet appel dénonce une guerre menée à des fins politiques sans réels objectifs militaires. « À l’heure actuelle, la guerre sert principalement des intérêts politiques et personnels et non des intérêts de sécurité », expliquent les signataires. « La poursuite de la guerre ne contribue à aucun de ses objectifs déclarés et conduira à la mort des personnes enlevées, des soldats de l’armée et des civils innocents, ainsi qu’à l’attrition des réservistes ».
70 % des Israéliens pour un cessez-le-feu en échange du retour des otages
Dans leur sillage, plus de 150 anciens officiers de marine et plusieurs dizaines de médecins réservistes ont à leur tour publié des appels à la cessation immédiate des opérations à Gaza, afin de permettre le retour rapide des otages. « À l’heure actuelle, après 550 jours de combats qui ont déjà infligé un lourd tribut à l’État d’Israël, nous ressentons aujourd’hui, douloureusement, que la poursuite de la guerre à Gaza répond d’abord à des intérêts politiques et personnels, sans véritable objectif sécuritaire », décrivent-ils.
Alors que le génocide a repris dans la bande de Gaza, plusieurs réservistes avaient déjà refusé de retourner dans l’enclave. En mars, deux soldats israéliens qui s’élevaient contre la reprise des bombardements ont également été renvoyés. Ainsi, le navigateur réserviste Alon Gur, dont le nom figure également sur la lettre publiée le 11 avril, a été révoqué définitivement après avoir expliqué sur les réseaux sociaux que « l’État abandonne à nouveau ses citoyens en plein jour » et que « le roi devient plus important que le royaume », en référence au premier ministre Benyamin Netanyahou.
Cette lettre marque la lassitude grandissante en Israël face au sort des otages. Selon un sondage de Channel 12, près de 70 % des Israéliens se disent favorables à la fin de la guerre en échange d’un accord sur la libération des otages restants. Au-delà, le fait que la contestation touche l’armée de l’air est tout un symbole. Le mouvement de ce corps d’élite, sur lequel repose la stratégie militaire israélienne avant le déploiement d’opérations au sol, est particulièrement significatif de la remise en cause des buts de guerre à Gaza.

Netanyahou et Katz se félicitent des sanctions
Avant le 7 octobre 2023, certains membres de l’Armée de l’Air s’étaient publiquement exprimés contre la réforme judiciaire de Benyamin Netanyahou. Ils appelaient alors à ne pas effectuer la période de réserve. Lorsque la guerre a commencé à Gaza, la rébellion s’était tue et tous avaient retrouvé le chemin des bases opérationnelles.
C’est à cette aune qu’il faut juger la réaction de Benyamin Netanyahou, sur lequel pèse un mandat d’arrêt de la Cour pénale international (CPI), et de son ministre de la défense Israël Katz qui avait menacé de remettre sa démission si la guerre prenait fin. Tous deux ont évidemment salué le renvoi d’une partie des signataires qui tentent, selon eux, de saper l’unité nationale. Pour le premier ministre, cette contestation est le fait d’un « groupe marginal extrême qui tente une fois de plus de briser la société israélienne de l’intérieur ».
Le dirigeant y voit un clair refus de servir. « Un refus est un refus, qu’il soit exprimé explicitement ou dissimulé sous un langage euphémique », explique le communiqué. Israël Katz use lui aussi du terme de « refuzniks » pour mieux semer le trouble. Et de saluer « cette action rapide (…) pour montrer clairement que nous n’accepterons plus les refus et les appels à la rébellion contre l’armée ».


 

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L
Benyamin Netanyahou, ainsi que tous les responsables de ce gouvernement qui prônent intensification de la guerre dans la Bande de Gaza et dans les pays limitrophes où vivent et meurent des civils palestiniens, du personnel de santé et des journalistes doivent être jugés, comme cela est fait pour d'autres dirigeants politiques sur cette planète, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Le droit est applicable pour tous ceux qui commettent ces genres de délit, peu importe le passé historique du pays où ils vivent.
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