Une interprétation de la politique de l’État nord-américain
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On ne doit pas partir de l’idée que la politique menée en matière de droits de douanes par le Président Trump et son équipe est « absurde ». Certes, elle l’est. Mais il faut en chercher et en trouver le sens au delà de son absurdité. J’en propose ici une interprétation sommaire.
1) Mon hypothèse est que l’urgence pour l’équipe au pouvoir est de consolider la valeur du dollar. Il existe une dette extérieure considérable. Il leur faut donc stopper ou ralentir cette progression tout en redonnant de la puissance à la monnaie concernée.
Comment ?
- 1 En supprimant des dépenses intérieures superflues,
- 2 en réduisant des dépenses de guerre, en les reportant sur d’autres, et dans l’immédiat, en réduisant les dépenses de la guerre contre la Russie,
- 3 en organisant brutalement un excédent commercial américain.
L’objectif poursuivi, via cette réduction, ne peut pas être de rétablir une production intérieure des États-Unis, complète et solide, générant un solde commercial positif et donc un dollar fort. Il faudrait pour cela une politique de long terme qui entrerait en contradiction ouverte avec les intérêts mondiaux du capital monopoliste US et prendrait trop de temps. La politique tarifaire actuelle viserait donc, me semble-t-il, à récréer une situation excédentaire de façon rapide et brutale. Le but espéré serait de redonner de la puissance au dollar et d’éviter son effondrement.
L’idée sous-jacente à cette politique serait le constat que, du début du XXe siècle aux années 1970, l’impérialisme global, et le superimpérialisme des États-Unis en particulier, auraient toujours recherché de lier surplus commercial et exportations de capital financier. C’est seulement après 1970 qu’une politique de déficit commercial systématique de ce pays aurait été mise en œuvre en même temps que la mondialisation de sa monnaie.
2) Supposons que l’action sur les tarifs ait bien la finalité que je suppose et réussisse. Quel va en être le coût économique, américain et mondial ? Cette politique est-elle compatible avec les intérêts du grand capital monopoliste nord-américain ?
Je n’ai aucune illusion sur l’équipe au pouvoir. Ses membres poursuivent les même objectifs impérialistes que leurs adversaires, mais en essayant de prendre la mesure POUR SORTIR de l’impasse dans laquelle leur pays est engagé.
Redonner du tonus au dollar aura un coût. Les dépenses sociales financées par le déficit devront disparaître. Les dépenses de guerre américaines devront être réparties sur l’Europe. L’économie nord-américaine va subir les effets de cette politique. Mais l’idée de ses dirigeants est sans doute que la brutalité de leur intervention présente va entraîner partout, dans le monde, des difficultés, en sorte que les États-Unis ne seront pas seuls dans la débandade. Quant au capital monopoliste américain mondialisé, il subira certainement des concentrations. Il lui faudra se reconvertir en développant sa mondialisation à partir d’un dollar fort au lieu de le faire à partir d’un dollar facile mais faible et de plus en plus fragile. Dans l’hypothèse que je développe, le dollar US devrait se raréfier tout en restant monnaie mondiale.
3) Le troisième point est que, à un moment donné, les dirigeants des États-Unis devront proposer un autre état du monde. Je ne souhaite pas faire de la science fiction économique. Je pourrais imaginer que ces dirigeants cherchent à redessiner la carte de leurs alliances, par exemple en « séduisant » la Russie, ou l’Inde. Mais le pourront-ils ? En outre, le reste du monde ne va pas rester indifférent à leur stratégie de reconquête et aux dommages qui vont en résulter.
Je m’abstiens donc de poursuivre sur ce terrain. Ce que je cherchais à exprimer, dans ce court texte, est une interprétation particulière de la démarche américaine actuelle.
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