Reconnaissance de l’État palestinien : l’OLP pourrait-elle faire son retour sur la scène internationale ?
Pierre Barbancey
L'Humanité du 29 mai 2025
Le 15 novembre 1988, Yasser Arafat proclamait l’indépendance de la Palestine depuis Alger.© Patrick AVENTURIER/Gamma-Rapho via Getty Images |
Face à l’affaiblissement de l’Autorité palestinienne, l’Organisation de libération de la Palestine, seule garante des accords passés avec Israël, a un rôle crucial à jouer pour rassembler les forces politiques et reconstruire un système capable de peser dans de futures négociations.
Où l’on reparle de l’Organisation de libération de la Palestine. Depuis la signature des accords d’Oslo, en 1993, l’OLP avait pratiquement disparu des analyses politiques. Seule comptait l’Autorité palestinienne, cette entité politico-administrative créée par lesdits accords, alors qu’à l’origine elle était envisagée pour une période transitoire de cinq ans avant de laisser la place à de véritables instances gouvernementales. Nous sommes en 2025 et cet État n’a toujours pas les moyens de se mettre en place, du fait de l’occupation, de la colonisation et des guerres menées par Israël.
Mais, avec la question posée de la reconnaissance de l’État de Palestine, l’OLP pourrait faire son retour sur la scène internationale. Pour cela, elle doit faire son aggiornamento et retrouver la confiance populaire, car le leadership de l’OLP est contesté. Le Hamas apparaît comme l’organisation apte à défier l’occupant alors que la principale organisation, le Fatah, fondée par Yasser Arafat, est perçue par les Palestiniens comme totalement corrompue. Elle est même accusée de « collaborer » avec l’occupant israélien.
« Le problème principal est de retrouver l’unité de toutes nos organisations »
En février 2022, la 31e session du Conseil central palestinien, deuxième organe décisionnel suprême de l’OLP, s’est tenue à Ramallah. Elle avait pour objet de « développer et activer l’Organisation de libération de la Palestine, protéger le projet national et la résistance populaire ». L’OLP, fondée en 1964, censée être la voix de tous les Palestiniens, y compris dans les camps de réfugiés, n’est plus que l’ombre d’elle-même, car son action politique est en réalité soumise à l’Autorité palestinienne.
Le 26 avril, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a désigné un de ses proches conseillers, Hussein Al Cheikh, au poste nouvellement créé de vice-président de l’OLP. Il était, depuis 2022, secrétaire général du comité exécutif de l’organisation. « Al Sheikh est une personne que les Israéliens semblent tenir en haute estime, les Américains certainement aussi. D’autres pensent que c’est le genre de personne avec qui ils peuvent travailler », analyse ainsi Khaled Elgindy, chercheur au Middle East Institute.
Bassam Saleh, secrétaire général du Parti du peuple palestinien (PPP, communiste), a été le seul membre du comité exécutif a se prononcer contre cette nomination. En octobre dernier, il expliquait à l’Humanité qu’« il est urgent de faire face à la stratégie israélienne ». Pour cela, « le problème principal est de retrouver l’unité de toutes nos organisations ». Or, malgré la déclaration de Pékin du 23 juillet 2024, cette unité reste encore à construire.
Les communistes palestiniens ont proposé trois axes de travail : relancer le mouvement politique, utiliser l’État de Palestine pour reconstruire un système politique qui ne serait pas celui mis en place dans le cadre des accords d’Oslo et, enfin, élargir l’OLP afin d’y inclure le Hamas et le Djihad islamique. « L’important, c’est notre libération. L’État de Palestine est un élément de cette libération, car il n’est pas question de concevoir un État sous occupation », estime Bassam Saleh.