« Israël a violé l’Iran et devrait être jugé » : le réalisateur Jafar Panahi dénonce les bombardements sur son pays
L'Humanité du 23 juin 2025
Dernier lauréat de la Palme d’or à Cannes, le cinéaste iranien, condamné à de la prison pour dissidence par le régime des mollahs, dénonce les bombardements qui ont visé son pays.
Être un opposant emblématique à la République islamique n’empêche pas de condamner les bombardements israéliens réalisés au mépris du droit international et au risque de l’embrasement de tout le Proche-Orient. Le cinéaste iranien Jafar Panahi, lauréat de la Palme d’or 2025 pour son film " Un simple accident ", s’est longuement exprimé sur le réseau social Instagram : « Une attaque contre ma patrie n’est en aucune façon acceptable. Israël a violé l’Iran et devrait être jugé dans un procès international en tant qu’agresseur de guerre. (…) J’exige la fin immédiate de cette guerre dévastatrice. »
On peut difficilement soupçonner le réalisateur de 64 ans, soutien du mouvement « Femme, Vie, Liberté », de sympathie pour l’Iran des mollahs, les autorités islamiques l’ayant condamné à six ans de prison, en 2010, pour « participation à des manifestations et propagande contre le régime », une peine qu’il a purgée en partie sous les barreaux puis en liberté conditionnelle. Téhéran l’a également empêché de quitter le territoire national pendant quinze ans – il a enfin pu récupérer son passeport cette année et présenter en personne son film au dernier Festival de Cannes.
Si Jafar Panahi prône la chute de la dictature islamique, elle ne saurait s’orchestrer sous les bombes. L’artiste appelle son pays à « initier un gouvernement populaire, réactif et démocratique ». Il poursuit en écrivant que « les deux régimes (iranien et israélien) devraient être condamnés pour leur persistance dans la violence, la guerre et l’indifférence absolue à la dignité humaine ». Un texte rédigé alors que Jafar Panahi est bloqué à Sydney, en Australie, où il s’était rendu pour un festival. Les bombardements ont suspendu toute liaison aérienne avec Téhéran. « Je cherche un moyen de rentrer auprès de ma famille et surtout de ma mère », a-t-il déclaré.