Salon du Bourget : cinq stands israéliens présentant des armes offensives resteront fermés

Publié le par FSC


Anna Brosseau
L'Humanité du 16 juin 2025

 

Cinq des neufs stands d’entreprises d’armement israéliennes seront fermés au Salon du Bourget, sur décision de Matignon.© Blondet Eliot/ABACA

 

Le premier ministre François Bayrou a finalement bloqué l’accès aux stands israéliens présentant des armes offensives au Salon du Bourget, inauguré ce lundi. Le PCF l’avait interpellé dès le 21 mai sur le sujet. Plusieurs élus de gauche ont boycotté l’inauguration de l’événement. Israël, dont quatre stands restent ouverts, dénonce une « ségrégation ».
Un génocide à Gaza, des bombardements en Iran, et pourtant des représentants israéliens devaient se voir dérouler le tapis rouge au Salon du Bourget de l’édition 2025… jusqu’à ce que le gouvernement français ne rétropédale subitement.


Ce lundi, jour de l’inauguration du Salon organisé par le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), plusieurs stands d’industriels israéliens exposant des armes offensives ont vu leur accès au salon condamné sur décision de Matignon.
« Les armements offensifs ne devaient pas être présents », a fait savoir François Bayrou. Jugeant la situation à Gaza « moralement inacceptable », le chef du gouvernement dit assumer la fermeture des stands en question : « La France considère qu’il y a une situation terrible pour les Gazaouis, une situation humainement et du point de vue humanitaire, du point de vue sécuritaire, extrêmement lourde. La France a tenu à manifester que les armements offensifs ne devaient pas être présents dans ce salon ».

La gauche avait interpellé Bayrou dès le 21 mai


De nombreux élus de gauche n’avaient pas attendu le jour même de l’inauguration du Salon pour prendre position. Le député PCF de Seine-Saint-Denis et co-président du groupe GDR à l’Assemblée nationale, Stéphane Peu, avait dès le vendredi 13 juin annoncé sa volonté de boycotter l’inauguration de l’événement.
« Ce salon, rendez-vous majeur de l’industrie aérospatiale, accueille des exposants du monde entier, dont plusieurs entreprises israéliennes actives dans l’armement. Il est inadmissible que ces entreprises et des représentants de l’Etat israélien soient reçus sous le haut patronage de l’État français, alors que le gouvernement israélien poursuit ses violations du droit international en commettant un véritable génocide à Gaza, et qu’il vient d’engager une nouvelle escalade militaire en lançant des frappes sur l’Iran cette nuit », s’indigne-t-il.


L’élu rappelle qu’il avait dès le 21 mai demandé « solennellement au Premier Ministre de renoncer à la présence de ces entreprises et représentants israéliens », dans un courrier ignoré jusqu’à ce lundi. « Je refuse la duplicité de l’État Français qui, dit d’un côté vouloir la paix et de l’autre, laisse l’État d’Israël agir comme si de rien était en déroulant le tapis rouge. Je ne serai pas auprès de ceux qui banalisent des crimes de guerre et qui normalisent des relations avec un État génocidaire. L’urgence est à la paix, la reconnaissance de l’Etat Palestinien et la solution à deux États », ajoute le communiste. Les députés LFI du territoire, dont Éric Coquerel, ont eux aussi boycotté l’événement.


Tout comme le président PS du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel. « Je ne participerai pas au traditionnel accueil protocolaire du président de la République et du Premier ministre au Salon du Bourget qui débute lundi 16 juin. Des entreprises israéliennes d’armement y seront présentes. On ne peut pas, d’un côté, se dire attaché aux droits humains, et de l’autre, dérouler le tapis rouge à un État mis en cause par la Cour pénale internationale alertant sur le risque d’actes génocidaires », affirme-t-il.
L’élu rappelle que le Département de la Seine-Saint-Denis a adopté un vœu appelant notamment à « l’exclusion de l’État d’Israël du Salon du Bourget », à « la reconnaissance de l’État de Palestine » par la France, à « un cessez-le-feu immédiat » et à « un accès sans entrave à l’aide humanitaire ».

Cinq stands fermés sur neuf, Israël dénonce une « ségrégation »


Suite au revirement de François Bayrou, les stands d’Israel Aerospace Industries (IAI), Rafael, Uvision, Elbit et Aeronautics qui produisent bombes, missiles ou drones, ont été ceints de vastes panneaux en tissu noir, les fermant de fait au premier jour du plus grand salon aéronautique au monde, organisé tous les deux ans près de Paris. Ces mesures concernent cinq des neuf exposants israéliens qui ont présenté des maquettes de missiles.
Les espaces de quatre autres exposants ainsi que celui du ministère israélien de la Défense demeurent quant à eux ouverts. « Le retrait des systèmes d’armes offensifs » demandé dimanche soir via les organisateurs du salon selon l’AFP, « rompt avec les pratiques habituelles des expositions de défense dans le monde », a réagi le ministère israélien de la Défense, qui dénonce une « ségrégation ». « Cette décision scandaleuse et sans précédent sent les considérations politiques et commerciales », a-t-il estimé.


Pour rappel, les Israéliens avaient été empêchés d’exposer en France au salon Eurosatory consacré à la défense terrestre au printemps 2024. Ils avaient ensuite été autorisés in extremis par la justice à exposer lors du salon Euronaval à l’automne.

 

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