A Washington, Trump et Netanyahou affinent leur plan d’expulsion des Gazaouis

Publié le par FSC

Pierre Barbancey
L'Humanité du 08 juillet 2025

 

 

Lors de sa rencontre avec le président états-unien, le premier ministre israélien a fait savoir lundi qu’il considérait tout futur État palestinien indépendant comme une plate-forme pour détruire Israël.

Il faut le reconnaître, Donald Trump et Benyamin Netanyahou s’entendent comme larrons en foire surtout quand il s’agit de semer le doute sur leurs intentions. Pour leur troisième rencontre depuis le début de l’année, lundi soir à Washington, ils se sont, en quelque sorte, réparti les rôles.

Interrogé par des journalistes sur la faisabilité d’une solution à deux États, le président états-unien a répondu : « Je ne sais pas » et a renvoyé la question au premier ministre israélien. Celui-ci s’est empressé d’affirmer que « les Palestiniens devraient avoir tous les pouvoirs pour se gouverner eux-mêmes, mais aucun pouvoir pour nous menacer. Cela signifie qu’un pouvoir souverain, comme la sécurité globale, restera toujours entre nos mains ». Bref, il considère tout futur État indépendant comme une plateforme pour détruire Israël et, pour cette raison, la souveraineté en matière de sécurité doit rester entre les mains de Tel-Aviv.

Enfermer ou expulser les Gazaouis


Pas étonnant dans ces conditions que, la semaine dernière, des ministres du Likoud, le parti de Netanyahou, aient appelé Israël à annexer la Cisjordanie occupée avant la suspension des travaux de la Knesset (le Parlement) fin juillet.

Parallèlement, ce lundi, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, demandait publiquement à l’armée et au ministère de présenter un plan visant à établir ce qu’il appelle une nouvelle « ville humanitaire » dans le sud de la bande de Gaza, sur les ruines de Rafah. Elle pourrait largement s’étendre vers le nord pour y accueillir de 600 000 à 1 million de personnes. En gros, il s’agit d’y enfermer l’ensemble des Gazaouis. Une fois à l’intérieur, les résidents ne seront pas autorisés à sortir, n’a pas caché ce proche du premier ministre israélien.

Dans son projet, Israël Katz ne dissimule pas plus sa volonté d’encourager les Palestiniens à « émigrer volontairement » de la bande de Gaza vers d’autres pays, affirmant que son plan « devrait être réalisé » et qu’il recherchait des partenaires internationaux pour gérer la zone. Et, pour faire bonne mesure, le ministre de la Défense a ajouté que, si les conditions le permettent, la construction de cette « ville » commencerait pendant le cessez-le-feu de soixante jours entre Israël et le Hamas actuellement en négociation.

Dans ces conditions, quel crédit apporter aux déclarations de Donald Trump, qui a écarté tout « blocage » et estimé que « les choses se passaient très bien » ? Ces négociations sont menées sur la base de propositions états-uniennes que Benyamin Netanyahou ne peut évidemment pas rejeter s’il veut garder le soutien plein et entier de la Maison-Blanche.

Mais, dans le même temps, le chef du gouvernement israélien doit également satisfaire ses alliés d’extrême droite, totalement opposés à un quelconque accord sur Gaza et prônant la poursuite de la guerre. Une option avec laquelle, en réalité, le dirigeant est d’accord et qu’il considère comme nécessaire pour atteindre le but ultime, qui n’est pas tant l’éradication du Hamas que l’expulsion quasi totale des Palestiniens de Gaza.

D’ailleurs, le premier ministre a révélé qu’Israël et les États-Unis étaient « sur le point de trouver plusieurs pays » pour accueillir les Palestiniens qui souhaiteraient quitter la bande de Gaza. « Nous travaillons en étroite collaboration avec les États-Unis pour trouver des pays qui offriront aux Palestiniens un avenir meilleur », a-t-il insisté. Trump, lui, a précisé avoir bénéficié d’une « excellente coopération » de la part des « pays voisins » sur cette question. « Il se passera quelque chose de positif. »

Des négociations qui s’étirent


Ces déclarations expliquent pourquoi le Hamas, qui dit accepter globalement les propositions sur lesquelles sont basées les négociations au Qatar, demande parallèlement qu’Israël s’engage à ne pas reprendre la guerre si, à l’issue des soixante jours de cessez-le-feu, les discussions n’ont pas abouti.

À ce sujet, de nombreuses interrogations demeurent. Pourquoi le gouvernement israélien n’accepte pas l’idée du Hamas d’une libération de tous les captifs israéliens, en un seul échange, contre le retrait total israélien de Gaza et l’arrêt de la guerre, en plus de la libération des prisonniers palestiniens ?

Ces obstacles qui expliquent pourquoi, au troisième jour de pourparlers indirects entre Israël et le Hamas à Doha, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar, pays médiateur, a indiqué que les négociateurs dialoguaient « séparément » avec les deux délégations « pour établir un cadre pour les discussions ». Il a souligné : « Je peux dire qu’on a besoin de temps pour ça. »

Mardi, l’armée israélienne a émis des ordres d’évacuation pour les habitants d’une partie de Khan Younès qui se trouvaient sous des tentes, leur intimant l’ordre de se déplacer vers l’ouest. Plus de 57 575 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués, selon des données du ministère de la Santé du Hamas à Gaza

 

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