Le Parlement écossais vote pour le boycott immédiat d’Israël
Mercredi 3 septembre 2025
Une proposition des députés du Scottish Green Party (SGP) demandant au gouvernement écossais et au gouvernement britannique d’imposer immédiatement un ensemble de mesures de Boycott, de Désinvestissement et de Sanctions (BDS) contre Israël et contre les entreprises complices de ses opérations militaires et de son occupation de la Palestine, a été adoptée par le Parlement écossais avec 62 voix pour le boycott, 31 voix contre le boycott et 21 abstentions.
Elle a été ajoutée à une motion présentée par Angus Robertson, secrétaire aux Affaires étrangères, qui stipulait que « le Parlement écossais approuve la reconnaissance de l’Etat de Palestine et estime que la paix dans la région doit être recherchée par tous ».
Les députés conservateurs et libéraux-démocrates ont voté contre le boycott, rejoints par les indépendants John Mason et Jeremy Balfour. Les députés du Scottish Labour Party (SLP) se sont abstenus.
Auparavant, John Swinney, premier ministre écossais, avait annoncé que l’Écosse cesserait de fournir des fonds publics aux entreprises qui arment Israël.
Saluant le soutien au boycott d’Israël, Patrick Harvie, député du SGP, a dit que « j’espère que ce vote marque le début d’un nouveau consensus au sein de notre Parlement en faveur d’une action réelle, pratique et efficace contre le génocide perpétré par Israël. Les Palestiniens sont affamés et massacrés chaque jour dans le cadre d’une campagne de punition collective et de nettoyage ethnique. Nous avons tous le devoir d’agir pour y mettre fin. C’est un principe sur lequel nous devrions tous nous accorder. Si une entreprise tire profit de l’apartheid et du génocide des palestiniens, elle ne devrait pas être autorisée à faire des profits ici, en Écosse. Il a fallu beaucoup de travail de la part des militants pour en arriver là et j’espère que cela créera un précédent qui sera suivi par les gouvernements en Europe et au-delà. Les campagnes de boycott ont joué un rôle important dans la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. Nous continuerons à faire pression pour que le plus d’actions possibles soient menées en Écosse et nous travaillerons avec le gouvernement écossais pour y parvenir. Le rôle du gouvernement britannique a été totalement honteux et nous pouvons et nous devons faire mieux ».
Avant le vote, John Swinney a confirmé que le gouvernement écossais n’accorderait aucun nouveau financement aux entreprises d’armement qui traitent avec Israël ou tout autre pays dans lesquels il existe des preuves plausibles de génocide. Cela n’aura aucune incidence sur les contrats déjà conclus ou les programmes d’apprentissage soutenus par le gouvernement.
Il s’est également engagé à verser 400 000 livres sterling à l’organisation caritative Kids Operating Room, qui crée des hôpitaux de campagne dans les régions où ils sont le plus nécessaires. Ces fonds serviront à créer un Gaza Hopes Field Readiness Hub en Écosse et à aider à construire un hôpital de campagne rapidement opérationnel à Gaza.
Le gouvernement écossais fournira une aide médicale à une vingtaine d’enfants palestiniens blessés à Gaza pour qu’ils puissent être soignés en Écosse. Les premiers arrivants sont attendus avec leurs familles au mois de septembre 2025.
Il a en outre été confirmé qu’une somme de 600 000 livres sterling serait versée à l’Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (OCHA) de l’Organisation des Nations Unies (ONU) pour la Palestine, qui fournira des services de santé vitaux, une aide alimentaire et nutritionnelle, des abris d’urgence, de l’eau et des installations sanitaires, des services de protection, un soutien à l’éducation et de l’argent aux familles palestiniennes de Gaza.
Tout au long du débat au Parlement écossais, les ministres du gouvernement écossais, y compris le premier ministre, ont dit que les actions d’Israël à Gaza étaient un génocide.
Dans un discours prononcé devant le Parlement, Angus Robertson a dit que « s’il appartient aux tribunaux internationaux de juger si un génocide a lieu en Palestine, le gouvernement écossais ne peut pas attendre ce jugement avant d’agir. L’histoire nous a enseigné cette dure leçon. Le dernier génocide en Europe a eu lieu à Srebrenica en 1995. Il a fallu attendre 2007 pour qu’il soit reconnu comme tel. L’histoire jugera tous les décideurs sur la manière dont nous avons réagi aux faits que nous pouvons tous constater. Ne rien faire, tergiverser ou chercher à éviter les décisions difficiles, n’est pas une option ».
Dans son discours devant le Parlement avant le débat, John Swinney a dit que « nous assistions à une catastrophe humanitaire d’une ampleur historique à Gaza. Le monde ne peut pas attendre la décision finale du tribunal avant d’agir. Les signes sont clairs. L’alerte a été donnée. Reconnaître que nous assistons aux signes d’un génocide implique la responsabilité d’agir. Le peuple écossais n’en attend pas moins de nous. La suspension de l’octroi de nouveaux fonds publics aux entreprises d’armement qui fournissent Israël concerne le gouvernement écossais lui-même, la banque nationale d’investissement écossaise et les agences nationales pour les entreprises. Il est temps pour le Royaume-Uni de se retirer de l’accord de libre-échange entre le Royaume-Uni et Israël en raison du comportement d’Israël et le gouvernement britannique devrait suivre l’exemple de l’Irlande en interdisant les produits fabriqués en Cisjordanie occupée ».