Cessez-le-feu à Gaza : les inconnues de la deuxième phase du « plan de paix » de Trump

Publié le par FSC

Pierre Barbancey
L'Humanité du 15 octobre 2025

 

Le point de passage de Rafah entre l’Égypte et Gaza n’avait toujours pas rouvert le 15 octobre, soit quarante-huit heures après la signature d’un cessez-le-feu présenté en grande pompe par Donald Trump.© Kenny Holston/The New York Times

 

Tous les paramètres sont au rouge et menacent le fragile cessez-le-feu. Israël tergiverse et ne laisse pas totalement entrer l’aide humanitaire. Après la libération des prisonniers palestiniens et celle des Israéliens, la prochaine étape apparaît compliquée.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, le point de passage de Rafah entre l’Égypte et Gaza n’avait toujours pas rouvert le 15 octobre, soit quarante-huit heures après la signature d’un cessez-le-feu présenté en grande pompe par Donald Trump. Cela pourrait pourtant permettre l’entrée de centaines de camions d’aide humanitaire dans ce territoire palestinien dévasté.
Cette ouverture, que les autorités israéliennes n’ont pas confirmée malgré les annonces de la radio publique, est réclamée par l’ONU et les grandes ONG alors que la bande de Gaza est en proie à un désastre humanitaire. Fin août, les Nations unies ont déclaré une famine dans plusieurs zones du petit territoire.

Encore loin du compte


Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Israël a permis ces derniers jours l’entrée d’aide humanitaire et médicale, notamment de gaz de cuisine pour la première fois depuis mars, ainsi que des tentes supplémentaires pour les déplacés, des fruits frais, de la viande congelée, de la farine ou des médicaments. Mais on est loin du compte.
Le cessez-le-feu est plus que jamais fragile alors qu’il s’agit maintenant d’aborder la deuxième phase du plan présenté par le président états-unien le 29 septembre et approuvé depuis. La phase la plus compliquée puisqu’elle doit se pencher sur le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l’armée israélienne et la mise en place d’une structure de gouvernance de la bande de Gaza.


Le mouvement islamiste palestinien a fait savoir, dès l’annonce du plan Trump, qu’il n’entendait pas désarmer. De fait, ses combattants ont déjà réinvesti les villes en ruines de l’enclave. Ils ont, notamment, exécuté huit collaborateurs présumés d’Israël en pleine rue à Gaza-ville, selon une vidéo diffusée mardi 14 octobre par l’organisation elle-même.
Après plusieurs jours d’échauffourées, des témoins ont signalé ce même jour à l’AFP d’« intenses » combats dans l’est de Gaza-ville, dans le quartier de Choujaïya, opposant selon eux une unité affiliée au Hamas à des clans et gangs armés dont certains seraient soutenus par Israël. Il se pourrait qu’en réalité la « Force dissuasive », soit un organe récemment créé au sein de l’appareil sécuritaire administratif et non pas du Hamas proprement dit, contrairement à ce que répercutent certains médias.

Un désengagement… pas total


Le plan prévoit également le retrait progressif, déjà amorcé, de l’armée israélienne, qui garde le contrôle de 53 % du territoire palestinien, ainsi qu’une « amnistie » pour « les membres du Hamas qui s’engagent à respecter une coexistence pacifique et qui rendront leurs armes ». Pour les autres, l’exil est évoqué.
Mais Benyamin Netanyahou a toujours expliqué qu’il n’était pas question pour son armée de se désengager totalement. Il entend maintenir des troupes dans une zone tampon, en territoire palestinien pour ceindre totalement la bande de Gaza, y compris sur sa frontière avec l’Égypte.
Enfin, s’agissant de la nouvelle gouvernance, excepté le fait qu’un conseil est prévu dans lequel Tony Blair deviendrait un proconsul, c’est le flou le plus absolu. De quoi alimenter les craintes d’une reprise des attaques israéliennes par intermittence.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article