« La paix par la force » de Trump ou par le droit avec l’ONU ?

Publié le par FSC

Francis Wurtz
L'Humanité du 25 octobre 2025

 

 

Ce 24 octobre, cela fait quatre-vingts ans qu’a été ratifiée la Charte des nations unies instituant l’ONU. Les premiers mots de ce texte historique rédigé en 1945 illustrent à eux seuls son actualité : « Nous, peuples des Nations unies, résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre (…), à proclamer notre foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité de droits des hommes et des femmes ainsi que des nations, grandes ou petites »…
C’est, en réalité, dès octobre 1943, dans le fracas des bombes, que les Alliés américains, britanniques et soviétiques avaient prévu, à la conférence de Moscou, de fonder, après la victoire sur le nazisme et le fascisme, une organisation universelle « pour la sauvegarde de la paix ». Aujourd’hui, alors que nous vivons une période de vives tensions internationales et de nouvelle course aux armements, que les violations des principes de la Charte sont légion, et que tend à s’imposer, de Washington à Moscou en passant par Tel-Aviv, l’implacable loi du plus fort, il est grand temps d’ouvrir un débat de fond sur la place et le rôle des Nations unies.


Il est, en effet, de bon ton d’épiloguer sur l’« impuissance » et « l’inefficacité » de l’ONU qui serait « décalée » par rapport au monde réel de notre temps… Gardons-nous de jouer, à notre corps défendant, le jeu des adversaires de tout multilatéralisme, tel un Trump qui se targue de ne jamais céder la souveraineté des États-Unis « à une bureaucratie mondiale non élue », et qui, en conséquence, asphyxie financièrement l’ONU et quitte l’OMS (Organisation mondiale de la santé) tout comme l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture).
Si le Conseil de sécurité n’empêche effectivement plus certaines guerres, c’est que ses États membres les plus puissants se chargent eux-mêmes de le paralyser. C’est sur eux que doivent s’exercer les pressions, non sur la seule institution universelle, dont la Charte est une référence mondiale, dont l’Assemblée générale est seule à réunir, à égalité, toutes « les nations, grandes et petites » et dont les nombreuses agences spécialisées apportent une aide vitale à des centaines de millions d’humains dans tous les domaines de la vie (alimentation, santé, climat, éducation et culture…).


Ce rappel s’impose d’autant plus que Trump tente manifestement d’utiliser le cessez-le-feu obtenu à Gaza pour légitimer sa devise « la paix par la force » comme une sorte d’alternative au principe onusien de la paix par le droit. Il est, dès lors, crucial, de rappeler les conditions dans lesquelles ce (faux) « plan de paix » a connu un (vrai) succès dans l’immédiat.
D’abord, ce n’est que lorsque l’isolement mondial du gouvernement Netanyahou rendait intenable la poursuite du soutien politique et militaire inconditionnel à son allié privilégié – au point que l’opinion américaine, électeurs trumpistes compris, a majoritairement condamné le pouvoir israélien – que Trump s’est résolu à lui dire « stop », rendant ainsi possible la libération des otages.
Pour la suite, son plan est d’une telle ambiguïté que tout est possible, y compris le pire : la reprise de la guerre. Enfin, le rôle personnel inouï que s’attribue Trump dans l’organisation de l’avenir du peuple palestinien disqualifie définitivement sa conception de « la paix par la force ». L’ONU, le droit international et le droit des peuples à choisir leur destin sont décidément irremplaçables.

 

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