Bilan du congrès FSU
Le congrès de la FSU s’est déroulé du 11 au 15 février dans un contexte particulier (publication du décret sur les rythmes scolaires, présentation du projet de loi d’orientation sur l’école (en débat à l’Assemblée à partir du 11/03) et de celui sur l’enseignement supérieur et la recherche. De l’autre, le congrès de la FSU se réunissait en pleine mobilisation dans l’enseignement primaire.
Dans ce contexte, l’enjeu était donc de savoir si la FSU s’opposerait à la politique gouvernementale et se donnerait véritablement les moyens de la battre en brèche.
4 thèmes étaient en discussion.
Le thème 1, centré sur l'Education et la Recherche, aurait pu être un moment décisif du congrès. Il s’agissait de prendre position par rapport aux projets du gouvernement dans l’enseignement.
Mais au final, d'une part, la FSU ne demande pas l'abrogation des réformes Sarkozy (programmes de 2008 dans le primaire, le démantèlement des RASED (Réseau d’Aide et de Soutien aux Elèves en Difficultés), l’école du socle, la mise en place du LPC (Livret Personnel de Compétences) dans le primaire et au collège, l’introduction et l’extension du Contrôle Continu et Contrôle en Cours de Formation pour l’obtention du bac, la réforme du lycée, la réforme du Bac Pro 3 ans, la mise en place des établissements ECLAIR, les contrats d’objectifs, la LRU, le Pacte sur la Recherche). En effet, exiger l’abrogation de ces contre-réformes conduirait inévitablement à engager le combat contre le gouvernement Hollande-Ayrault qui entend au s’appuyer dessus, pour poursuivre l’offensive d’adaptation de l’école aux besoins du capital.
D'autre part, après des débats bridés et, sur les points essentiels, un soutien à peine critique aux projets gouvernementaux a été apporté d’abord en refusant d’exiger l’abrogation du décret sur les rythmes contre lequel les instituteurs ont massivement fait grève. Ensuite en renonçant à exiger le retrait de la loi d’orientation, ainsi que du projet de loi Fioraso sur l’enseignement supérieur et la recherche. Enfin, en refusant de demander le retour à une véritable formation des enseignants.
(Sur le thème 2, à propos des services publics et de la fonction publique, les débats ont montré le lien entre le statut des fonctionnaires et la défense du service public. Les conséquences dévastatrices de la décentralisation et de la réforme de l’Etat ont en outre été mises en avant.
Le thème 3, un peu fourre-tout, traite de multiples sujets, tels les droits humains, l’écologie, l’Europe, la fiscalité, etc. Ils sont censés permettre l’élaboration d’une alternative. Mais une alternative à quoi ? Il a fallu batailler pour que le terme « capitalisme » apparaisse. Retenons d’ailleurs que pour la FSU, il y a un mauvais capitalisme (financiarisé) et un bon capitalisme qui promeut l’Etat social et les politiques de grands travaux et de relance. Un peu de la même manière, il y a une bonne et une mauvaise Europe sachant au nom du mythe on protège l’Europe réelle, celle du capital....
Le déroulement de l’étude du thème 4 concernant la FSU, le syndicalisme et son avenir, s’est révélé à la fois un formidable raccourci de la substance du congrès et un flagrant éclairage sur la conception du syndicalisme imprimée par les cadres dirigeants de l’organisation.
Trois grands aspects ressortent des échanges sur le thème. D’abord, une combativité en berne, dans un contexte de gouvernement socialiste, à propos duquel les textes et les prises de parole des responsables cherchent à laisser penser que ses politiques éducative, économique et sociale diffèrent en profondeur de celles menées lors du précédent quinquennat.
Ensuite, le refus systématique d’évoquer toute forme de retrait ou d’abrogation des projets de contre-réformes et des lois contraires aux intérêts des personnels et de leurs syndicats. Ainsi l’amendement réclamant l’abrogation de la loi de 2010 sur « la rénovation du dialogue social », qui vise pourtant à contraindre le droit syndical et à faire de nos organisations des interlocutrices institutionnalisées s’est heurté à une fin de non recevoir.
Le seul point chaud du déroulement de ce thème 4 a en effet porté sur la manière de voter lors des élections professionnelles ! Rien sur les moyens à mettre en œuvre pour créer de l’adhésion, rien sur les formes de luttes à développer, rien sur les manières de mobiliser et de créer le rapport de forces. L’élection et surtout pas l’action : tel est le mot d’ordre de nos dirigeants, prêts à sacrifier nos droits sur l’autel de leur propre représentativité.
Le congrès a donc offert une leçon politique importante. Sur l’ensemble des quatre thèmes, la direction de la FSU a bien « tenu » les choses. Les mandats ont peu évolué par rapport aux projets initiaux et la FSU confirme son évolution vers le syndicalisme d’accompagnement, intégré aux institutions officielles du capitalisme. La direction FSU a complètement plongé dans le réformisme et elle a obtenu du congrès un soutien au gouvernement. Un spectre hante les dirigeants de la FSU : celui de ne pas être invités à la table du « dialogue social » et de perdre leur fonction de partenaires officiels des pouvoirs publics, autant de traits dont ils font désormais la condition même de leur raison d’être et de leur survie. Cette manière sclérosée, bureaucratique d’envisager le syndicalisme explique également pour une part le goût prononcé des permanents de la FSU pour les structures internationales d’accompagnement du capitalisme.
FSC