Goodyear : les raisons de la colère!
émission de télévision sur ARTE : 28 minutes animée par Elisabeth QUIN à laquelle participe Claude ASKOLOVITCH .
Diffusée le 10 janvier dernier, en replay à l'adresse :
http://www.youtube.com/watch?v=Iz6fUJsSLQ0
Où le public sur un grand média et contrairement aux manipulaions, aux silences et aux non-dits des informations télévisées a pu apprendre :
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ce que sont les véritables conditions de travail dans cette industrie et dans cette usine
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les raisons profondes de la fermeture : punir des salariés trop syndiqués, trop combatifs
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que la lutte qui dure depuis 2007 a payé puisqu'elle a empêché la fermeture de l'usine prévue depuis cette époque
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que les salariés sont victimes de harcèlement
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que le ministre du travail, Michel SAPIN, complice cache un rapport de l'inspection du travail
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que « la majorité des observateurs », c'est-à-dire les chiens de garde de l'ordre dominant pour être clair ont décidé que c'en était trop et qu'il fallait fermer l'usine au plus vite
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qu'il faut mettre au pas les « communistes à l'ancienne", c'est-à-dire ceux qui luttent
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que comme le disent depuis longtemps les Goodyear et leur syndicat CGT, l'usine et l'activité de production du pneu agricole sont vendus à Titan, mais qui ne veut prendre aucun engagement et hériter d'une usine « pacifié » comme sont pacifiés les cimetières !
Une question est posée après ces constats, comment se fait-il que depuis des années les tribunaux ont donné raison aux salariés de Goodyear, ont rejeté les plans de licenciements de la direction (PSE) , cela donc depuis des années et que BRUSQUEMENT sous un gouvernement socialiste les salariés et le syndicat Cgt perdent tous leurs recours.
Il fallait donc en finir avec cette lutte ?
Il fallait donc punir ces salariés comme le signale ASKOLOVITCH.
Il fallait donc envoyer un signe de connivence à la multinationale Goodyear et plus largement aux marchés financiers ?
C'est à cette question lancinante qu'il faudrait répondre MM Hollande et Montebourg qui êtes venus parader devant l'usine et les travailleurs en promettant une loi sur les licenciements boursiers AVANT l'élection présidentielle !
Et une autre question : que font les tribunaux en apprenant que le ministère du travail cache un rapport important de l'inspection du travail, accusateur pour la direction de Goodyear ?
Relevé de l'émission télévisée sur ARTE:
Elisabeth QUIN
Vous allez revenir sur une séquestration de cadres dirigeants, symptôme de désespérance des salariés de Goodyear et peut-être aussi d'une manipulation de la CGT.
Claude ASKOLOVITCH
… Onparle d'une histoire absolument atroce.
Il faudrait un Zola, de la veine du Zola de Germinal pour bien raconter ce qu'est cette usine, Goodyear Amiens Nord !
Travailler dans les pneus c'est quoi ?
C'est respirer du caoutchouc, sentir le caoutchouc, jusque dans la maison, tomber dans les pommes parfois littéralement à cause de la chaleur qui règne dans l'usine, tout ça pour à peu près 1800 euros par mois.
Et maintenant, c'est depuis 2007 se battre et perdre contre des gens qui sont beaucoup plus fort que vous, c'est-à-dire une multinationale Goodyear, qui a décidé de fermer cette usine d'Amiens Nord.
La fermer pourquoi ?
Alors il y a une hypothèse qui était dans la tête d'Arnaud Montebourg, notamment : il s'agirait de punir des salariés qui sont trop syndiqués, trop durs.
Ça existe, ou tout simplement Amiens Nord ne fait pas partie du plan de redéploiement rationnel d'une grande multinationale.
Ce que j'ai dit tout à l'heure, c'est que les salariés sont en train de perdre et ça se termine mal et en même temps si on regarde bien cette histoire qui commence en 2007, à force de harcèlement , de stratégie judiciaire, les salariés et la CGT ont gagné 1 an, 2 ans, 3 ans, 4 ans... de salaire, d'emplois, de vie ; c'était toujours ça de pris !
Évidement cette stratégie touche à sa fin.
Il y a une dernière échéance mercredi prochain, le 15 janvier, au tribunal administratif d'Amiens, l'avocat de la CGT, Fiodor RILOV, va essayer de démontrer que les salariés de Goodyear sont victimes de harcèlement moral, parce-que la direction a systématiquement asséché la production de l'usine, ce qui fait concrètement que les gens viennent, ils pointent , il n'y a rien à faire et comme ça depuis des mois, et ça rend fou, littéralement fou.
Il y a même un rapport de l'inspection du travail qui attesterait cela et qui explique que si en plus on met du licenciement, là on met les gens en danger.
SAUF que ce rapport de l'inspection du travail, eh bien l'administration du ministère du travail, du socialiste pourtant, Michel SAPIN, ne le donne pas aux salariés.
Le rapport a même été refusé à une commission d'enquête parlementaire menée par une député socialiste, Pascale BOISTARD.
Pas de rapport, pas de preuves, donc on licencie !
Voilà pourquoi la CGT ? Mot inaudible
Voilà pourquoi les salariés les plus motivés, la plupart sont découragés, sont allés occuper l'usine et ont dérapé et ont ainsi coupé les Goodyear de l'opinion publique.
Parce qu'il faut être clair, aujourd'hui la majorité des observateurs en ont assez de cette histoire ; il faut en finir, il faut fermer !
Pourquoi il faut fermer ?
Parce-que après tout entend-on, la CGT de Goodyear et cet avocat RILOV, ce sont des communistes à l'ancienne, purs et durs, rouges, intransigeants ; ce sont peut-être eux qui font souffrir les salariés en leur faisant croire qu'ils peuvent gagner.
Ce sont eux qui ont refusé, la CGT, de belles indemnités l'an dernier ; on entend ça.
Et puis, on entend aussi autre chose : peut-être, dans notre pays la France, il y a besoin de multinationales, il y a besoin d'emplois industriels, il faut qu'une multinationale l'emporte pour bien montrer aux gens importants qu'on peut les comprendre en France : ils peuvent venir chez nous !
Dernière chose ; on parle beaucoup dans les médias d'un personnage qu'on présente comme un folklorique, un américain, Monsieur TAYLOR, PDG de Titan.
C'est celui qui n'aime pas la CGT, « Ce sont des dingues » ; on lui tend le micro pour ça !
En réalité c'est un monsieur qui est très sérieux.
Il doit reprendre 300 ou 500 ouvriers de Goodyear pour faire du pneu agricole.
Ce monsieur n'est pas du-tout un personnage folklorique ; c'est un partenaire industriel privilégié, systématique de Goodyear.
A chaque fois que Goodyear renonce aux pneus agricoles, en réalité il le prolonge, lui, TAYLOR.
Il doit le faire en Europe à Amiens.
Sauf que ni TAYLOR, ni Goodyear ne veulent s'engager sur la réalité du travail qui serait fourni aux gens de Goodyear après la fermeture.
C'est pour ça encore que la CGT bloque, parce que les ouvriers ils ont donné.
Aller à l'usine et pas travailler, ils ont donné !
Ils ont droit de se méfier, sauf que aujourd'hui le droit à la méfiance leur est retiré ; je ne parle pas même pas du droit à la lutte !