Washington maintient un strict silence sur le sabotage du bateau français

Publié le par FSC


PAR NAVIL GARCIA ALFONSO, de Granma internacional

L’UN des premiers et des plus sanguinaires attentats terroristes perpétrés contre Cuba a été la sabotage du bateau français La Coubre, le 4 mars 1960. Ancré dans la baie de La Havane avec plus de 70 tonnes de grenades et de munitions achetées en Belgique, le bateau était une poudrière avec un risque élevé de danger.

Les barres de fer du bateau sont tordues après l'explosion dans le port de La Havane
Les barres de fer du bateau
sont tordues après l'explosion
 dans le port de La Havane

A 3 heures 10 de l’après-midi, en pleine phase de déchargement, une explosion a provoqué la mort de plusieurs ouvriers cubains du port et déclenché un énorme chaos dans les zones voisines de la rade havanaise. La population s’est précipitée pour aider les blessés et au milieu des opérations de secours une seconde explosion a porté le nombre de morts de 76 et celui des blessés à plus de 200.

6 marins français sont morts. Seuls les restes de deux d’entre eux ont pu être retrouvés. Le premier lieutenant François Artola et le timonier Jean Buron sont enterrés dans le cimetière Colon de La Havane. Les quatre autres sont: Lucien Aloi, André Picard, Jean Gendron et Alain Mourat qui ont disparu dans l’explosion.

«C’était en mars 1960 – déclarait Raul Castro, ministre des Forces armées révolutionnaires, 3 ans après les faits – nous venions tout juste d’accéder au pouvoir, le programme de libération nationale ne faisait que débuter. Rappelons-nous qu’à l’époque on ne parlait pas encore de socialisme, on parlait de révolution ; on avait adopté la Loi de la réforme agraire, on avait baissé les loyers de 50%, mais la Loi de la réforme urbaine n’était pas encore adoptée ; on avait pris quelques mesures comme diminuer le coût de l’électricité et du téléphone, on avait confisqué les biens des voleurs et des assassins du régime antérieur. Nous entreprenions la première étape de cette révolution, qui n’en était qu’à ses débuts, et on ne parlait pas de socialisme».

Une analyse minutieuse des faits qui ont débouché sur le fatal dénouement indique que les explosions ont été le fruit d’un acte terroriste et non d’un accident provoqué par une mauvaise manœuvre lors du déchargement.

Aux obsèques des victimes Fidel a démasqué les tentatives évidentes du gouvernement des Etats-Unis d’éviter que l’armée révolutionnaire renforce ses capacités de combat. Fidel a révélé que le gouvernement britannique avait été l’objet de pressions de la part de la Maison Blanche pour qu’il ne vende pas d’armes à Cuba et aussi que l’ambassade des Etats-Unis en Belgique, à travers un consul et un attaché militaire avait enjoint l’usine belge et le ministère des Affaires étrangères de ce pays d’empêcher la vente de ces armements.

La transaction a quand même eu lieu et le bateau a été soigneusement arrimé dans le port d’Anvers, au milieu du mois de février 1960. Le chargement est arrivé par voie ferrée, strictement protégé par la police des douanes, la gendarmerie et l’inspecteur spécial du gouvernement, Van Hoomisen. Le convoi est parti de Bruxelles affrété par l’entreprise Fielle spécialisée en explosifs, et avant d’arriver au port d’Anvers a fait deux arrêts à Hambourg et à Brême.

A en juger par les strictes mesures de sécurité prises lors du chargement du bateau les probabilités qu’explosent les munitions étaient minimes. Cependant, avant de lever l’ancre, deux passagers seulement sont montés à bord, un religieux français de l’Ordre des Dominicains et un photographe nord-américain nommé Donald Lee Chapman qui se rendait dans le Nebraska, lors d’un voyage où il aurait du descendre à Miami, en Floride, très loin de sa destination finale.

Une partie du chargement était destiné à Miami où en outre allait monter à bord une famille nord-américaine dans le port d’Everglades à destination de Cuba. La Coubre devait arriver à La Havane le 2 mars 1960, mais le mauvais temps l’a retenu deux jours de plus en territoire nord-américain.

Une chose attire l’attention, le capitaine du bateau, George Dalmas a envoyé d’une façon conventionnelle deux mystérieux messages à Cuba dans lesquels il mentionnait seulement la localisation exacte du chargement.

Plus tard, quand ont surgi les explosions, plusieurs photographes nord-américains qui se trouvaient parmi la foule ont été arrêtés, dont Lee Chapman qui devait prétendument voyager de Miami jusqu’au Nebraska. L’ambassade nord-américaine à La Havane a aussitôt intercédé devant les autorités pour que Chapman soit libéré et ses biens rendus.

De plus l’armateur chargé de transporter l’armement vers Cuba a engagé des scaphandriers nord-américains pour remettre à flot La Coubre. Les autorités cubaines n’ont reçu de la part des scaphandriers et de la compagnie de navigation aucun rapport officiel sur les inspections réalisées sur la coque du bateau. Toute information qui impliquait le gouvernement nord-américain, aussi bien la possible implication du photographe que les rapports des scaphandriers étasuniens, a été strictement étouffée.

En apporte la preuve l’absence de tout message entre le 18 février et le 12 mars 1960 dans le livre du Département d’Etat destiné à recueillir les communications officielles entre le gouvernement nord-américain et sa représentation diplomatique à La Havane.

Cinq jours après l’explosion de La Coubre, s’est déroulée la réunion constitutive du groupe WH-4 dirigé par le colonel de la CIA J. C. King pour l’exécution du Plan d’opérations secrètes envers Cuba signé par le président Eisenhower.

Le colonel King était en contact avec l’un des chefs de file contre-révolutionnaires de Miami, ancien sbire de la tyrannie de Batista : Rolando Masferrer Rojas, qui connaissait à l’avance, grâce à un ingénieur des mines étasunien, l’arrivée du bateau chargé*s d’armes à Cuba et les ports où il devait mouiller.

Avant de réaliser le voyage dans l’île, La Coubre est resté sur le quai no 8 de Newport News, à Norfolk, en Virginie, du 16 jusqu’au 18 janvier 1960 où a été réparée la cale réfrigérée numéro 6 par la compagnie de navigation Horne Brothers, Inc. Le chargement d’explosifs à destination de La Havane a été placé un mois après dans cette même cale.

Quarante six ans après le sabotage de La Coubre, ni la CIA ni le Département d’Etat nord-américain ont déclassifié des documents concernant l’explosion du bateau français. Ni même les plus insignifiants, ni les communications officielles entre le gouvernement et son ambassade, ni les rapports des scaphandriers qui ont inspecté le bateau.

Les tentatives d’étoffer l’affaire ont été aussitôt dénoncées lors des obsèques des victimes du sabotage, quand Fidel Castro, alors premier ministre, a déclaré qu’il fallait chercher les vrais

Coupables parmi ceux qui s’étaient tellement acharnés à empêcher l’arrivée à Cuba du vapeur La Coubre.

Publié dans International

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