GAZA : Des nouvelles de la flotille de la liberté
Vadim Kamenka
L'Humanité du 03 juin 2025
Le voilier Madleen est en route pour l’enclave palestinienne. Les bénévoles ayant embarqué – dont Greta Thunberg, Rima Hassan et Thiago Avila – craignent une intervention de l’armée israélienne. Cette initiative humanitaire et médiatique entend sensibiliser l’opinion publique face au génocide.
Devant les crimes qui se poursuivent à Gaza, un bateau de la Coalition de la flottille pour la liberté est parti dimanche 1er juin depuis le port de Catane, en Sicile, vers l’enclave. Cette initiative entend dénoncer les bombardements sur l’enclave palestinienne, qui ont fait près de 55 000 morts, et le blocus imposé par le gouvernement israélien depuis dix-sept ans.
À bord du voilier Madleen – en mémoire de la première et unique pêcheuse de Gaza, Madeleine Kullab, en 2014 – se trouvent une douzaine de bénévoles de plusieurs pays :
Yasemin Acar, Baptiste Andre, Thiago Avila, Omar Faiad, Rima Hassan, Pascal Maurieras, Yanis Mhamdi, Şuayb Ordu, Greta Thunberg, Sergio Toribio, Marco Van Rennes, Reva Viard.
Le navire, qui dispose d’un tracker, a effectué près d’un tiers du parcours. L’objectif est d’atteindre les côtes palestiniennes afin de « briser le siège israélien » du territoire dévasté, « contester le blocus illégal et génocidaire d’Israël », apporter de l’aide mais surtout, sensibiliser la communauté internationale face au drame humanitaire, ont déclaré en substance les organisateurs.
Dénoncer un génocide retransmis en direct
Présente à bord, la militante écologiste suédoise Greta Thunberg estime :
« Nous faisons cela parce que, quelles que soient les difficultés, nous devons persévérer. Car dès que nous cessons, nous perdons notre humanité. Et, aussi dangereuse que soit cette mission, elle est loin d’être aussi dangereuse que le silence du monde entier face à ce génocide retransmis en direct. »
Des experts des Nations unies ont appelé, lundi, à garantir un passage sécurisé au navire de la Coalition de la flottille pour la Liberté, transportant des aides médicales essentielles, de la nourriture et des fournitures pour enfants à destination de Gaza. En effet, il s’agit de lait maternisé, de farine, de riz, de couches, de produits hygiéniques pour femmes, de kits de dessalement de l’eau, de fournitures médicales, de béquilles et de prothèses pour enfants.
Cette déclaration de l’ONU n’est pas anodine et la médiatisation de cette flottille en est la preuve. Pour rappel, l’initiative de 2010 avait viré au drame. L’armée israélienne avait mené une attaque illégale contre le Mavi-Marmara, venant de Turquie, et tué une dizaine de bénévoles humanitaires qui tentaient, déjà, de briser le blocus. « Cette nouvelle mission s’inscrit dans la continuité de cet héritage : le refus de céder au silence, à la peur ou à la complicité », rappelle donc la Coalition de la flottille pour la liberté qui dénonce « l’inaction mondiale ».
Près d’un mois avant le départ du Madleen, un autre navire de la plateforme de solidarité, le Conscience, avait été attaqué par des drones dans les eaux internationales au large de Malte.
Israël a annoncé lundi son intention de bloquer ce nouveau navire. L’armée israélienne qui a fermé l’espace maritime et terrestre de Gaza, se prépare à intervenir une fois le navire proche des côtes palestiniennes. Malgré ces risques, « nous croyons que la résistance directe et civile a encore de l’importance, que la solidarité active peut changer la boussole morale du monde » concluent les organisateurs.