MARSEILLE : une mobilisation unitaire peu commune en vue du 5 décembre !
La FSU, Solidaires,l’Unef et l’Union départementale CGT des Bouches-du-Rhône tiendront un meeting commun, le 14 novembre à Marseille. En perspective, la grève du 5 décembre contre le projet de réforme des retraites.
« L’heure est grave », débute Pierre-Marie Ganozzi, secrétaire départemental de la FSU en guise d’introduction de la conférence de presse unitaire, organisée hier à Marseille. à ses côtés, Frédéric Michel, l’un des représentants de Solidaires, Olivier Mateu, secrétaire départemental de l’Union départementale CGT des Bouches-du-Rhône et Ilyes Belhadj, de l’Unef.
Une intersyndicale toute particulière pour un événement tout particulier : une grève interprofessionnelle et potentiellement reconductible à partir du 5 décembre contre le projet de réforme des retraites de Jean-Paul Delevoye. Pour rappel, cette réforme risque bien d’enterrer le système de solidarité intergénérationnelle pour un système par points. Tout en unifiant les différents régimes, ce qui aboutirait à une large baisse des pensions.
Les syndicats annoncent un meeting commun, le 14 novembre, au Grand amphi de la fac Saint Charles à Marseille. Une réunion qui se voudra « grand public » afin de sensibiliser largement. Car Emmanuel Macron reste très évasif quant à l’application de son projet de réforme : entre « plan B » et tacles en direction des syndicats. Difficile de savoir si le président va reculer ou bien tenir le cap. Les syndicalistes présents en sont conscients. Leurs regards sont concentrés mais des sourires apparaissent : « Il est en train de se passer quelque chose. »
Effectivement, depuis quelques jours de plus en plus de fédérations professionnelles annoncent leur participation au mouvement de grève prévu. « Les premières remontées de nos organisations locales relatent un niveau de préparation qu’on a rarement vu, plus élevé qu’en 2003 », prévient Olivier Mateu.
« Aller au blocage de l’économie »
Concrètement « partout dans le département nos militants se déploient » et l’UD prévoit même « un plan pour les salariés sans syndicats. » De son côté, la FSU espère un taux de grévistes majoritaire du côté des fonctionnaires qui « doivent aller dans la rue. » Le tout alors qu’il reste encore plus d’un mois avant la date fatidique. « Elle fait office d’ultimatum », analyse Frédéric Michel.
Il faudra peut-être aussi compter sur la présence des Gilets jaunes. « Tout ça mis bout à bout, on se rend compte qu’on défend les mêmes intérêts. Notre responsabilité c’est de préparer une organisation efficace », note Olivier Mateu.
Et c’est peut-être cela qui rend Emmanuel Macron aussi fébrile. Cette date du 5 décembre pourrait faire le lien entre tous les secteurs professionnels en crise depuis son arrivée : pompiers, hospitaliers, énergéticiens, profs... Force ouvrière devrait également s’inscrire dans cette mobilisation. Bien qu’absente de la conférence de presse, hier, l’organisation se prépare aussi pour cette journée.
Tous les syndicalistes présents autour de la table appellent « à un blocage complet de l’économie ». De son côté, le président de la République promet « aucune faiblesse ni complaisance ». On se dirige donc vers un bras de fer. « Ces déclarations marquent le niveau de tension du gouvernement », analyse Olivier Mateu. Pour lui, « il n’y a pas de plan B, Emmanuel Macron ferait bien de revoir sa position et la manière dont il s’adresse au monde du travail. »
Avis partagé par son homologue de Solidaires : « Ils n’ont rien à négocier, le projet n’est pas améliorable. » Mais Olivier Mateu, habitué à des discours offensifs, tient à préciser que « ce ne sont pas des appels incantatoires mais bien des travailleurs qui s’organisent. » Avant d’ajouter : « Dire que les grévistes sont des excités permet de ne pas parler des problèmes de fond. » Comprenez par là que les syndicats « ne jouent pas les gros bras. » Même Solidaires y va de sa petite note : « On ne joue pas les gauchistes de service. Il y a un vrai ras-le-bol des travailleurs. »
Amaury Baqué