De nouvelles frappes sur la bande de Gaza, devenue « inhabitable » selon l’ONU

Publié le par FSC

REPRIS de : https://assawra.blogspot.com/2024/01/de-nouvelles-frappes-sur-la-bande-de.html

SOURCE : Agence France Presse 6 janvier 2024

 

Trente-cinq personnes sont mortes, vendredi, à Deir Al-Balah, alors que les bombardements se poursuivent à Rafah et dans le nord de Gaza.

Théâtre de nouvelles frappes israéliennes, samedi 6 janvier, la bande de Gaza est devenue un « lieu de mort » tout simplement « inhabitable », alerte le coordinateur du bureau des affaires humanitaires des Nations unies, après quasiment trois mois d’une guerre sans presque aucun répit, qui pourrait embraser la région. Pour Martin Griffiths, ses habitants « font face à des menaces quotidiennes sous les yeux du monde ».


« Nous continuons de demander une fin immédiate au conflit non pas seulement pour la population de Gaza et ses voisins menacés, mais pour les générations à venir qui n’oublieront jamais les quatre-vingt-dix jours d’enfer et d’attaques sur les principes les plus fondamentaux de l’humanité », écrit M. Griffiths.
Des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) font état de frappes israéliennes qui ont retenti tôt samedi à Rafah, ville à la pointe sud de la bande de Gaza où se sont réfugiés, ces dernières semaines, des centaines de milliers de Palestiniens qui tentent d’échapper aux affrontements. Vendredi, des sources hospitalières ont fait état de trente-cinq morts à Deir Al-Balah alors que dans le nord de Gaza, où l’armée israélienne avait commencé son opération terrestre fin octobre, les bombardements se poursuivent.


« Tout le quartier est détruit et je ne sais pas où les gens vont retourner. Où allons-nous vivre ? », demande un habitant de Jabaliya après une frappe israélienne. « Regardez cette destruction, mais malgré cela, nous resterons déterminés. Nous n’avons pas fui vers le sud ou ailleurs, nous sommes restés à Al-Sika [quartier de Jabaliya], là où se trouvaient nos maisons », a-t-il ajouté.
Selon l’Unicef, les affrontements, la malnutrition et la situation sanitaire ont créé « un cycle de la mort qui menace plus de 1,1 million d’enfants » dans ce territoire paupérisé avant même le début de la guerre.

« 2024 sera une année de combats »


Les opérations militaires israéliennes ont fait 22 600 morts à Gaza, majoritairement des femmes et des mineurs, selon le dernier bilan du ministère de la santé à Gaza depuis 2007.
Israël a dit que son opération à Gaza allait se poursuivre jusqu’au « retour » des otages et « l’élimination » des capacités militaires du Hamas, qui restent « importantes », selon son allié américain.
« 2024 sera une année de combats », a prévenu le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, en faisant état aussi « d’un très haut niveau de préparation » des troupes à la frontière avec le Liban, théâtre quasi quotidien depuis le 8 octobre d’échanges de tirs avec le Hezbollah. Ces tensions sont allées crescendo cette semaine avec l’élimination, dans une frappe attribuée à Israël, du numéro deux du Hamas, Saleh Al-Arouri, dans un quartier sud de Beyrouth.
« La riposte est inéluctable (…). Nous ne pouvons pas garder le silence sur une violation de cette magnitude car cela signifierait que tout le Liban serait exposé » à l’avenir, a déclaré vendredi le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. « Nos combattants dans l’ensemble des zones frontalières (…) répondront à cette dangereuse violation », a-t-il ajouté.
En Syrie et en Irak, les attaques contre des bases militaires des Etats-Unis, principal allié d’Israël, ont bondi ces dernières semaines tandis qu’au Yémen les rebelles houthistes, aussi soutenus par l’Iran, ont multiplié les tirs en mer Rouge afin d’y freiner le trafic maritime international, en « soutien » aux Palestiniens de Gaza.

Antony Blinken en Turquie


Dans ce contexte, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, doit s’entretenir ce week-end avec des responsables au Liban alors que le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, est en Turquie pour une tournée régionale qui doit aussi le conduire dans les pays arabes et en Terre sainte dans l’espoir d’éviter un embrasement régional.
Une autre facette du conflit pourrait l’occuper : l’avenir à plus long terme de Gaza. Le ministre de la défense israélien, Yoav Gallant, a dévoilé, jeudi, un premier plan pour l’après-guerre, plan qui prône la mise en place d’une administration sans le Hamas, mais sans présence civile israélienne. « Les habitants de Gaza sont palestiniens. Par conséquent des entités palestiniennes seront en charge [de la gestion] à la condition qu’il n’y ait aucune action hostile ou menace contre l’Etat d’Israël », a déclaré M. Gallant, dont le plan n’a pas reçu à ce stade l’aval du gouvernement israélien, divisé sur cette question épineuse.


« Gaza est une terre palestinienne qui a vocation à faire partie du futur Etat palestinien (…), il ne revient pas à Israël de décider de l’avenir de Gaza », a déclaré vendredi à CNN la ministre des affaires étrangères française, Catherine Colonna. Pour Ziad Abdo, 60 ans, un Palestinien qui a fui les combats pour se réfugier à Rafah, « l’avenir, ce sera surtout la reconstruction. Regardez les hôpitaux détruits, les écoles en ruines. Il ne reste plus rien ».


Pour Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, ministres israéliens d’extrême droite, le futur de Gaza passe en revanche par le départ de Palestiniens sur place et le retour de colons juifs. Cette tendance s’illustre en Cisjordanie occupée, où le nombre de nouvelles colonies sauvages et de routes pour les colons a connu une progression « sans précédent » depuis le début de la guerre à Gaza, selon une étude de l’ONG israélienne Peace Now. « Les trois mois de guerre à Gaza sont instrumentalisés par des colons afin de créer un état de fait sur le terrain et ainsi prendre le contrôle de plus larges pans » de la Cisjordanie, souligne l’ONG.

 

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