Manifestation pro-palestinienne à Montréal pour « rendre visible l’indignation »

Publié le par FSC

Avec Elyse Allard
Radio Canada, le 24 mars 2024

Des centaines de personnes ont défilé dans les rues de Montréal samedi pour demander un cessez-le-feu à Gaza. PHOTO : RADIO-CANADA

 

Drapeaux palestiniens, keffiehs, tambours et appels à un cessez-le-feu : des centaines de personnes ont défilé samedi dans les rues de Montréal, sous la neige, pour dénoncer « la complicité du Canada dans les massacres perpétrés par Israël à Gaza en toute impunité depuis octobre ».
Organisée à la suite d'un appel de la Coalition du Québec Urgence Palestine, la manifestation, qui a commencé vers 14 h au square Dorchester, a été appuyée par 228 organisations, y compris des syndicats, des associations étudiantes, des fédérations professionnelles, des associations de quartier ainsi que des partis politiques tels que Québec solidaire (QS), le Parti vert du Québec, le Parti communiste du Québec et le Parti marxiste-léniniste du Québec.


Ruba Ghazal, députée de QS dans Mercier, elle-même d’origine palestinienne, se trouvait ainsi parmi la foule pour dénoncer le massacre d’une population innocente. Avec 32 000 morts, dont beaucoup d’enfants, c’est important pour nous de continuer les actions de solidarité avec le peuple palestinien, a-t-elle déclaré en se réjouissant de voir autant de monde.
Environ 150 personnalités publiques ont également répondu à l’appel de la Coalition du Québec Urgence Palestine, parmi lesquelles Anaïs Barbeau-Lavalette, autrice, cinéaste et cofondatrice du mouvement Mères au front.

Très émue, Mme Barbeau-Lavalette, qui a vécu dans les territoires palestiniens, a pris la parole pour raconter l’histoire de son amie Rima, mère de cinq enfants, avec laquelle elle est en contact régulier et qui a perdu des dizaines de membres de sa famille depuis le début de l’assaut israélien sur Gaza, déclenché à la suite de l’attaque sanglante du Hamas, le 7 octobre dernier.


Quelque part, on est toutes des mères palestiniennes, on est là pour protéger les enfants de façon large. Il y a une espèce d'aveuglement volontaire, des enfants meurent de faim. Mères au front s’érige devant ce manque d’humanité foudroyant.
Une citation deAnaïs Barbeau-Lavalette, artiste et cofondatrice du mouvement Mères au front
Notre manque de courage est stupéfiant, ça me fait de la peine, a-t-elle ajouté, disant regretter qu’au Canada, on reste si immobile et si peu vocal, alors qu'on a des leviers majeurs pour faire évoluer la situation et favoriser la survie d’êtres humains.

Cessez-le-feu immédiat et permanent


Les manifestants étaient mobilisés autour de revendications communes : un cessez-le-feu immédiat et permanent dans la bande de Gaza, la libre circulation de l’aide humanitaire dans tout le territoire et un embargo sur l’exportation d'armes à destination d’Israël.
La motion non contraignante votée la semaine dernière par le Parlement à Ottawa est ainsi jugée insuffisante par plusieurs manifestants interrogés par Radio-Canada, notamment parce qu’elle ne couvre pas le commerce d’armes qui transitent par les États-Unis.
Autre position partagée par la foule : le refus de parler d’un conflit ou d’une guerre pour présenter cette situation comme le résultat d’une occupation et d'une colonisation.
On n'est pas dans une situation de guerre normale, loin de là : on essaie d’éradiquer un peuple et sa notion de souveraineté, a déclaré Marc-Édouard Joubert, président du conseil régional FTQ Montréal métropolitain, dont le syndicat appuie l'autodétermination du peuple palestinien depuis plus de 20 ans.
Le mot « génocide » était aussi sur toutes les lèvres et sur bon nombre de pancartes, en écho notamment à la plainte déposée par l'Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice, la plus haute juridiction des Nations unies, en décembre dernier.
Des liens ont également été établis entre la lutte pour la libération de la Palestine et celle des peuples autochtones du Canada.
Pour Raymond Legault, porte-parole du Collectif Échec à la guerre, le premier objectif de la manifestation était de rendre visible aux yeux des gouvernements, celui d’Ottawa et de Québec, et aux yeux des médias, l’ampleur de l’indignation qui existe au Québec sur tout ce qui se passe en ce moment à Gaza et ce que nous, au sein du Collectif, on appelle un génocide.
Mouloud Idir, un autre manifestant, a expliqué être là pour ramener le Canada à ses responsabilités. C’est le minimum que nous pouvons faire, nous, citoyens d’une démocratie libérale qui se dit phare de la démocratie et des droits humains. Il faut que la pression vienne d’en bas et des citoyens, a-t-il exprimé.
Diane Lamoureux, membre du conseil d’administration de la Ligue des droits et libertés, a déploré une politique étrangère canadienne peu équilibrée, notamment parce qu'elle ne reconnaît pas la Palestine. On revendique une autre politique canadienne sur Gaza. Le gouvernement a pris trop de temps pour appeler à un cessez-le-feu, a souligné cette professeure émérite à l’Université Laval.
Le Québec était aussi dans la ligne de mire des manifestants, surtout en raison de l’annonce, en août dernier, de l’ouverture d’un bureau du Québec à Tel-Aviv.
Ruba Ghazal a rappelé l’existence de pétitions totalisant près de 12  000 signatures contre l'ouverture de cette représentation diplomatique, déposées en février à l'Assemblée nationale.
Outre la manifestation de Montréal, un autre rassemblement a également eu lieu le même jour à Rimouski, au parc de la Gare. Elle était organisée par le Carrefour international bas-laurentien pour l'engagement social, par l’Association générale étudiante du campus de Rimouski de l'UQAR et par le Collectif Églantine.

 

Ruba Ghazal, députée de Québec solidaire dans Mercier PHOTO : RADIO-CANADA
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article