Palestine : pourquoi l’ONU accuse Israël de « crimes contre l’humanité » ?

Publié le par FSC

Pierre Barbancey
L'Humanité du 12 juin 2024

Si Israël a plusieurs fois été accusé de crimes de guerre, c’est la première fois qu’un rapport utilise la notion de crime contre l’humanité. © AFP/Don Emmert

 

C’est la première fois qu’un rapport onusion utilise cette notion pour qualifier les actions de Tel-Aviv en territoire palestinien occupé. Les crimes de guerre du Hamas sont aussi pointés.

« Les crimes contre l’humanité d’extermination, de meurtre, de persécution fondée sur le genre ciblant les hommes et les garçons palestiniens, de transfert forcé, d’actes de torture et de traitements inhumains et cruels, ont été commis » par Israël, vient de rapporter une commission d’enquête de l’ONU, accusant également des groupes armés palestiniens de « crimes de guerre ».

La commission d’enquête de l’ONU a été créée par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies pour, entre autres, enquêter, dans le territoire palestinien occupé, y compris à Jérusalem-Est, et en Israël, sur toutes les allégations de violation du droit international humanitaire et d’atteinte au droit international des droits de l’homme commises depuis le 13 avril 2021 et jusqu’à cette date.

Des critères clairs pour désigner


Si Israël a plusieurs fois été accusé de crimes de guerre, c’est la première fois qu’un rapport utilise la notion de crime contre l’humanité. Le nombre considérable de victimes civiles à Gaza et la destruction massive de biens et d’infrastructures civils sont le résultat inévitable d’une stratégie visant à causer le maximum de dégâts, au mépris des principes de proportionnalité, a détaillé la commission, fustigeant l’utilisation intentionnelle d’armes lourdes dans des zones densément peuplées, mais aussi le fait d’imposer un « siège total » équivalant « à une punition collective à l’encontre de la population civile ».

Sur un autre plan, le document fait état de « formes spécifiques de violence sexuelle et sexiste », dans le but « d’humilier une communauté dans son ensemble et d’accentuer la subordination d’un peuple occupé ». Le rapport s’appuie sur des entretiens avec des victimes, réalisés à distance et au cours d’une mission en Turquie et en Égypte, et sur des documents, dont des rapports médico-légaux et des images satellites.

« Israël doit immédiatement cesser ses opérations militaires et ses attaques à Gaza, y compris l’assaut sur Rafah qui a coûté la vie à des centaines de civils et déplacé à nouveau des centaines de milliers de personnes vers des lieux dangereux, sans services de base ni aide humanitaire », a déclaré dans un communiqué Navi Pillay, présidente de la commission.

Tel-Aviv, qui n’a pas laissé les enquêteurs se rendre sur place, a, une fois de plus, fustigé les conclusions du rapport. La commission d’enquête « a prouvé, encore une fois, que ses actions sont toutes au service d’un agenda politique focalisé contre Israël », a dénoncé l’ambassadrice Meirav Eilon Shahar, représentante permanente d’Israël auprès de l’ONU à Genève.

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