Accord sur un cessez-le-feu à Gaza
Les négociations indirectes qui piétinaient depuis des mois s’étaient accélérées ces derniers jours en vue d’une trêve.
A l’annonce du cessez-le-feu, des milliers de Palestiniens ont exulté à travers la bande de Gaza.
L’accord âprement négocié par les médiateurs internationaux, Qatar, Etats-Unis et Égypte, et conclu à quelques jours du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, prévoit un échange d’otages israéliens contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Dans une première phase, 33 otages devraient être libérés, en commençant par les femmes et les enfants, en échange d’un millier de Palestiniens détenus par Israël, selon deux sources proches des négociations.
« La deuxième phase concernera la libération des derniers otages, les soldats et les hommes en âge d’être mobilisés, ainsi que le retour des corps des otages morts », selon le Times of Israel.
A mesure que les négociations progressaient, Israël a multiplié les frappes meurtrières sur la bande de Gaza.
Mercredi, 27 personnes ont encore été tuées, selon les secours, notamment à Deir el-Balah, dans le centre du territoire, et à Gaza-ville, dans le nord, où une frappe a touché une école abritant des déplacés.
A Deir el-Balah, Nadia Madi, une déplacée, priait pour qu’« une trêve soit déclarée ».
« Je suis prête à reconstruire ma vie au milieu des décombres », a assuré cette femme qui a fui son foyer comme la quasi-totalité des 2,4 millions d’habitants du territoire assiégé, et n’a pas revu sa famille « depuis plus d’un an ».
Déjà minée avant la guerre par un blocus israélien imposé depuis 2007, la pauvreté et le chômage, la bande de Gaza sort de la guerre plongée dans le chaos.
Les Nations unies ont estimé que la reconstruction du territoire, dont plus de la moitié du bâti a été détruit, prendrait jusqu’à 15 ans et coûterait plus de 50 milliards d’euros.
Les infrastructures, notamment le réseau de distribution d’eau, ont été très lourdement endommagées.
Famine, froid, et désespoir cernent les installations de fortune où s’abrite en masse la population. La plupart des enfants sont déscolarisés depuis plus d’un an. Seule une poignée d’hôpitaux fonctionne encore, partiellement.
S’il fait taire les armes, le cessez-le-feu laisse en suspens l’avenir politique du territoire.
La guerre à Gaza a relancé l’idée d’une solution à deux États, israélien et palestinien, pour régler le conflit israélo-palestinien, défendue par une large partie de la communauté internationale mais à laquelle Israël est fermement opposé.
Les Palestiniens affirment que l’avenir de Gaza leur appartient et qu’ils ne toléreront aucune ingérence étrangère.
Roland RICHA
Avec l'Afp du 15 janvier 2025
Le principal négociateur du Hamas, Khalil Al-Hayya, a déclaré, mercredi, que son mouvement « ne [pardonnerait] pas » les souffrances vécues par les Palestiniens durant la guerre qui oppose le Hamas à Israël dans la bande de Gaza, peu après l’annonce d’un accord de cessez-le-feu.
La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a assuré, mercredi, que son organisation était disposée à « faciliter toute opération de libération convenue par les parties, afin que des otages et des prisonniers puissent rentrer chez eux ». Mirjana Spoljaric a précisé dans un communiqué que l’organisation était « préparée à augmenter massivement [sa] réponse humanitaire à Gaza ».
Le premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, a annoncé mercredi soir que le Hamas avait approuvé un accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza avec Israël. Le gouvernement israélien doit désormais le valider par un vote à venir.
M. Al-Thani a fait savoir que cet accord « entrera en vigueur le dimanche 19 janvier » avec une première phase qui durera « quarante-deux jours ». Cette première étape « comprendra un cessez-le-feu ainsi que le retrait des forces israéliennes vers l’est, loin des zones peuplées », a-t-il expliqué.
Selon l’accord négocié entre le Hamas et Israël, cette première phrase permettra aussi la libération de 33 otages israéliens « dont des femmes civiles (...), des enfants, des personnes âgées, des malades civils et des blessés, en échange de plusieurs prisonniers détenus dans les prisons israéliennes », a ajouté M. Al-Thani. Le président américain, Joe Biden, a évoqué la libération de « centaines » de prisonniers palestiniens prévue par l’accord.
M. Al-Thani a ensuite fait savoir que « les détails concernant les phases deux et trois seront finalisés lors de la mise en oeuvre de la première phase ». Depuis la Maison Blanche, Joe Biden, dont le mandat se termine lundi 20 janvier, soit le lendemain de la mise en oeuvre de l’accord, a précisé qu’« Israël négociera les modalités nécessaires pour parvenir à la phase deux, qui est la fin permanente de la guerre ».
Entouré de la vice-présidente Kamala Harris et du secrétaire d’Etat, Anthony Blinken, M. Biden s’est dit « ravi » que les otages seraient libérés après l’accord sur Gaza, précisant avoir travaillé « en équipe » avec l’équipe du président élu américain Donald Trump sur l’accord.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a dit, mercredi sur le réseau social X, espérer « que cet accord sera bénéfique pour notre région et pour toute l’humanité, en particulier pour nos frères palestiniens, et qu’il ouvrira la voie à une paix et à une stabilité durables ».
Le ministère des affaires étrangères jordanien a salué, mercredi, l’accord de cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hamas à Gaza. « Le ministère se félicite de l’annonce de l’accord de cessez-le-feu à Gaza et insiste sur la nécessité d’y adhérer pleinement », a-t-il précisé dans un communiqué. « Nous soulignons l’urgence de lancer une action internationale immédiate pour acheminer une aide humanitaire suffisante et durable, afin de faire face à la catastrophe humanitaire causée par l’agression israélienne à Gaza », a déclaré le chef de la diplomatie jordanienne, Ayman Safadi, cité dans le communiqué.
Des milliers de Palestiniens ont exulté mercredi soir à travers la bande de Gaza à la nouvelle de l’annonce d’un accord de trêve entre Israël et le Hamas après plus de quinze mois de guerre, selon des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) et des témoins.
A Deir El-Balah, dans le centre du petit territoire, des centaines de personnes ont très vite manifesté leur joie devant l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa, où tant de morts ont afflué depuis le début de la guerre, en dansant, brandissant des drapeaux palestiniens ou prenant des photos.
Jointe par téléphone dans le camp de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, Randa Samih, une déplacée originaire de Gaza-ville, peine à contenir son émotion. « Je n’arrive pas à croire que ce cauchemar qui dure depuis plus d’un an commence à toucher à sa fin », dit cette Palestinienne de 45 ans. « Nous avons perdu tant de monde, nous avons tout perdu. »
A Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, des centaines de personnes se sont rassemblées également, en chantant au son de tambours, selon un photographe de l’AFP.
Du côté israélien, l’annonce d’un accord de cessez-le-feu a provoqué des sentiments mitigés, entre joie et inquiétude. « D’un côté, bien sûr, je suis très heureux, mais je suis aussi inquiet car je veux voir l’accord se poursuivre jusqu’à ce que le dernier otage soit de retour chez lui, dans son lit, qu’il soit vivant ou décédé », affirme à l’AFP Ornit Barak, 59 ans, présente à un rassemblement à Tel-Aviv pour réclamer la fin de la guerre et le retour de tous les otages.
« Je pense que tout doit être fait pour ramener tous les otages chez eux, c’est la priorité. Le prix est très, très élevé, c’est vrai, mais il faut les ramener. La douleur est immense, je ne peux pas imaginer ce que les familles [des otages] traversent, et nous devons tout faire pour les ramener chez elles », a dit pour sa part Tamar, enseignante de 38 ans, vivant à Jérusalem.
Le président israélien salue la trêve à Gaza, « un bon choix » afin de ramener les otages
Le président israélien, Isaac Herzog, a salué, mercredi soir, l’annonce de l’accord sur une trêve à Gaza. « En tant que président de l’Etat d’Israël, je dis de manière très claire : c’est un bon choix. C’est un choix important. Un choix nécessaire. Il n’y a pas d’obligation morale, humaine, juive ou israélienne plus grande que de ramener nos fils et nos filles parmi nous », a affirmé M. Herzog dans une intervention télévisée.
Les familles des otages ont salué, mercredi dans un communiqué, une « étape significative qui [les] rapproche du retour de tous les otages, les vivants en vue de leur réinsertion, et les défunts vers un enterrement approprié ». « Cependant, nous sommes profondément anxieux et inquiets quant à la possibilité que l’accord ne soit pas pleinement mis en œuvre, laissant des otages derrière nous », ajoutent-ils.
L’accord de cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hamas est « crucial pour parvenir à la stabilité régionale », a déclaré le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, mercredi sur le réseau social X. « Il s’agit d’une étape indispensable sur la voie d’une solution à deux Etats et d’une paix juste et respectueuse du droit international », a-t-il souligné.
La nouvelle de la première phase d’un cessez-le-feu à Gaza s’accompagne de la promesse d’un « profond soulagement après tant de souffrances et de misères insupportables au cours des quinze derniers mois », a déclaré, mercredi, le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, en appelant les deux parties à mettre en œuvre leurs obligations respectives rapidement, simultanément et de bonne foi.
Le président égyptien Abdelfattah Al-Sissi a salué mercredi l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, qu’il a présenté comme le résultat de « plus d’un an d’efforts acharnés de médiation égyptienne, qatarie et américaine ».
Dans un communiqué, il a souligné « l’importance d’accélérer l’entrée d’une aide humanitaire d’urgence à la population de Gaza pour faire face à la situation humanitaire catastrophique actuelle ».
Le Qatar, l’Egypte et les Etats-Unis surveilleront l’application de l’accord de trêve entre Israël et le Hamas à Gaza via un mécanisme de suivi établi au Caire, a annoncé mercredi le premier ministre qatari, Mohammed Ben Abdelrahmane Al-Thani.
« Un mécanisme de suivi sera mis en place, géré par l’Egypte, le Qatar et les Etats-Unis [les trois pays médiateurs entre les deux parties en conflit]. Basé au Caire, ce mécanisme impliquera une équipe conjointe des trois pays pour surveiller la mise en œuvre de l’accord », a déclaré le premier ministre qatari.
Le premier ministre britannique, Keir Starmer, a estimé, mercredi, que l’accord à Gaza, « une nouvelle qu’attendaient désespérément les Israéliens et les Palestiniens », n’avait que « trop tardé ».
« Ils ont supporté le plus gros de ce conflit - déclenché par la brutale attaque terroriste du Hamas », a-t-il remarqué dans un communiqué, ajoutant qu’il faut désormais s’attacher à bâtir « un avenir durablement meilleur (…) grâce à une solution à deux Etats ».
Le Hamas déclare que l’accord de cessez-le-feu est le fruit de la « ténacité » palestinienne
Le Hamas a déclaré mercredi que l’accord de cessez-le-feu à Gaza était le fruit de la « ténacité » du peuple palestinien et de la « vaillante résistance » du mouvement islamiste.
« L’accord de cessez-le-feu est le produit de la ténacité légendaire de notre peuple palestinien et de notre vaillante résistance dans la bande de Gaza depuis plus de quinze mois », a déclaré le mouvement dans un communiqué, avant d’ajouter que l’accord ouvrait « la voie à la réalisation des aspirations de [son] peuple à la libération ».
Le secrétaire général de l’ONU a salué mercredi l’annonce d’un accord de trêve à Gaza, « première étape cruciale » qui doit impérativement permettre la levée des obstacles à l’aide humanitaire dans le territoire palestinien.
« Il est impératif que ce cessez-le-feu lève les importants obstacles sécuritaires et politiques à l’acheminement de l’aide humanitaire à travers la bande de Gaza pour que nous puissions soutenir une augmentation majeure de l’aide humanitaire d’urgence », a déclaré Antonio Guterres à la presse, soulignant que la priorité était d’« alléger les souffrances immenses causées par le conflit ».
Le ministère de la santé de l’Autorité palestinienne a annoncé mercredi soir la mort de cinq personnes dans une frappe israélienne à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée, peu après l’annonce d’un accord de cessez-le-feu à Gaza.
« Le ministère de la santé fait état de l’arrivée de cinq martyrs à l’hôpital gouvernemental de Jénine à la suite d’une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine », indique un communiqué publié au moment de l’annonce de la signature d’un accord de trêve entre Israël et le Hamas après plus de quinze mois de guerre.
L’armée israélienne a dit à l’Agence France-Presse avoir mené une frappe aérienne « dans la région de Jénine » mercredi.
« Je suis fier de dire que les Américains ont participé à la libération des otages », a déclaré, mercredi soir, le président sortant, Joe Biden, qui a précisé qu’une « livraison d’aide humanitaire importante sera acheminée à Gaza ».
« Durant les six prochaines semaines, Israël négociera les conditions nécessaires à la phase 2, qui sera une fin de la guerre », a précisé le président. « La phase 2 commence par un échange de l’ensemble des otages encore en vie et l’ensemble des troupes israéliennes se retirera de Gaza. »
« Enfin la phase 3, tout corps d’otage tué sera retourné à sa famille et il y aura un plan de reconstruction de Gaza », a assuré Joe Biden. « Aujourd’hui, le Hamas et Israël sont convenus de cet accord. C’est la fin de la guerre. Cet accord n’a pas été facile, c’est une des négociations les plus difficiles dont j’ai fait l’expérience. »
Le ministre des affaires étrangères italien Antonio Tajani a estimé mercredi que l’accord conclu pour un cessez-le-feu et la libération d’otages à Gaza était « une excellente nouvelle », et « un pas important vers la paix ». « Nous devons consolider ce cessez-le-feu et avancer vers les prochaines étapes », a-t-il ajouté devant des journalistes.
Ursula Von der Leyen : le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas « apporte de l’espoir à une région entière »
« J’accueille chaleureusement l’accord de cessez-le-feu et de libération d’otages dans la bande de Gaza », a écrit Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, sur X.
« Les otages vont pouvoir retrouver leurs proches aimés et l’aide humanitaire peut parvenir aux civils de Gaza, ajoute-t-elle. Cela apporte de l’espoir à une région entière, où les gens ont enduré une immense souffrance pendant trop longtemps. »
« Les deux parties doivent mettre en œuvre complètement cet accord, comme un tremplin vers une stabilité durable dans la région et une résolution diplomatique du conflit », conclut-elle.
« Il y a de l’espoir que les otages soient enfin libérés et que les morts à Gaza cessent. Tous ceux qui occupent des postes de responsabilité doivent maintenant veiller à saisir cette opportunité », a réagi la ministre des affaires étrangères, Annalena Baerbock, mercredi sur les réseaux sociaux.
« En un an et trois mois de guerre à Gaza, l’armée israélienne a tué plus de 150 journalistes palestiniens dont au moins 41 dans l’exercice de leurs fonctions », dénonce dans ce texte Thibaut Bruttin, directeur général de RSF.
« Le cessez-le-feu conclu le 15 janvier entre Israël et le Hamas doit permettre d’ouvrir l’accès du territoire aux journalistes », estime-t-il.
Le premier ministre qatari confirme la libération de 33 otages israéliens lors de la première phase de la trêve à Gaza.
Israël estime que « des questions restent à régler et espère conclure cette nuit »
Le bureau de Benyamin Nétanyahou, a annoncé, mercredi soir, que plusieurs questions restaient « encore à régler » dans l’accord de cessez-le-feu avec le Hamas. « Nous espérons que les détails seront finalisés cette nuit », a précisé ce bureau dans un communiqué.
Selon des médias d’État égyptiens, des pourparlers sont en cours pour ouvrir le passage frontalier entre l’Égypte et la bande de Gaza à l’aide humanitaire
Des médias d’État égyptiens, citant une source de sécurité égyptienne, ont rapporté, mercredi, qu’une coordination était en cours pour « ouvrir le passage palestinien de Rafah afin de permettre l’entrée de l’aide internationale ». L’Egypte « se prépare à acheminer la plus grande quantité possible d’aide vers la bande de Gaza », a précisé cette source.