Le détail de l’accord de Gaza : des mesures échelonnées en trois phases menant à « un cessez-le-feu permanent »
Benjamin Barthe
Le Monde du 16 janvier 2025
Un char de l’armée israélienne positionné près de la frontière sud d’Israël avec la bande de Gaza le 14 janvier 2025. JACK GUEZ / AFP |
Sous l’égide des Etats-Unis, du Qatar et de l’Egypte, l’accord entre Israël et le Hamas prévoit la libération des 98 otages aux mains du Hamas et à terme, la reconstruction de l’enclave.
L’accord de cessez-le-feu à Gaza, qui a été annoncé mercredi 15 janvier par le président américain, Joe Biden, relève d’une machinerie complexe, dont le bon fonctionnement sera supervisé depuis Le Caire par trois Etats garants, les Etats-Unis, le Qatar et l’Egypte. Cet arrangement, censé entrer en vigueur dimanche 19 janvier, implique toute une série de mesures, découpées en trois phases, devant mener à un arrêt définitif de la guerre entre le Hamas et l’Etat hébreu.
L’accord prévoit la libération de 98 otages israéliens (94 capturés le 7-Octobre et 4 kidnappés précédemment), dont certains sont présumés morts, en échange de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, le retrait progressif des forces israéliennes de l’enclave côtière, l’entrée d’aide humanitaire dans ce territoire et le retour dans leurs foyers des populations palestiniennes déplacées.
Durant la première phase, prévue pour s’échelonner sur 42 jours, il est prévu que le Hamas libère 33 captifs israéliens, dont toutes les femmes, civiles ou militaires, les enfants et les hommes âgés de plus de 50 ans. Selon une source familière du dossier, citée par l’agence Reuters, ces otages seront libérés chaque semaine par groupe de trois au moins. Il est prévu qu’en contrepartie, d’ici la fin de la première phase, Israël relâche toutes les femmes et tous les Palestiniens de moins de 19 ans arrêtés depuis le 7-Octobre. Le nombre total de Palestiniens libérés, qui dépendra du nombre d’otages relâchés, pourrait se situer entre 990 et 1 650, précise la source. Selon la presse israélienne, une partie d’entre eux, notamment les détenus originaires de Cisjordanie condamnés pour des crimes de sang, pourraient être expulsés à l’étranger.
Redéploiement des troupes israéliennes
Toujours au cours de la première phase, les troupes israéliennes devraient évacuer les zones densément peuplées de la bande de Gaza et se repositionner le long de la clôture séparant l’enclave du territoire israélien. La mise en œuvre de ce redéploiement, dont les détails ne sont pas intégralement connus, promet de susciter des tensions entre les deux camps.
Selon la presse israélienne, les forces de l’Etat hébreu conserveront le contrôle d’une zone de sécurité, d’une largeur de 700 mètres à partir de la clôture, à l’exception de quelques endroits spécifiques, où l’envergure de la zone pourra atteindre 1 000 mètres. Le repositionnement israélien est censé rendre aux Palestiniens leur liberté de circulation à l’intérieur de l’enclave et leur permettre de revenir dans la partie nord de la bande de sable, notamment dans la ville de Gaza.
Jusqu’à présent, un no man’s land militarisé, le corridor de Netzarim, empêche les centaines de milliers de Gazaouis originaires du Nord, qui ont été déplacés de force vers le sud, de revenir chez eux. Il est prévu également, durant la première phase, que les soldats israéliens se retirent du corridor de Philadelphie, le couloir frontalier entre la bande de Gaza et le Sinaï égyptien, permettant ainsi la réouverture du point de passage de Rafah. L’accord stipule que 600 camions chargés d’aide humanitaire pénétreront chaque jour dans l’enclave, contre 70, durant le mois de décembre, selon les décomptes de l’ONU.
Grand plan de reconstruction de Gaza
L’entrée dans la deuxième phase est conditionnée au respect des objectifs de la première. Durant cette période, l’armée israélienne devra parachever son retrait du territoire palestinien, et le Hamas, de son côté, devra libérer les otages restants – à savoir les hommes de moins de 50 ans et les soldats de sexe masculin – et rendre les dépouilles des Israéliens en sa possession. En échange de ces libérations, les Palestiniens s’attendent à ce qu’Israël relâche des détenus condamnés à des peines de prison à perpétuité. Leur nombre et leur identité ne sont pas connus et risquent d’être âprement négociés entre le Hamas et Israël. « Le cessez-le-feu temporaire deviendra alors permanent », a affirmé Joe Biden.
La troisième phase suppose le lancement d’un grand plan de reconstruction de Gaza, dont les modalités n’ont pas été précisées. En cas de non-respect ou de rupture de l’accord, il est prévu que les garants américain, qatari et égyptien interviennent rapidement.