Trump veut « nettoyer » Gaza de ses habitants

Publié le par FSC

Pierre Barbancey
L'Humanité du 26 janvier 2025

 

       Le 26 janvier 2025, dans le Sud de la bande de Gaza, des déplacés sont toujours empêchés par l’armée israélienne de retourner chez eux dans le Nord.© REUTERS/Mohammed Salem

 

Le président états-unien veut que l’Égypte et la Jordanie accueillent les habitants de Gaza. Il rêve de « faire le ménage ». Une idée qui plaît à Netanyahou et l’extrême droite israélienne.


Entre Donald Trump et Benyamin Netanyahou, l’entente est parfaite. Ils ont en commun un cynisme et un mépris avéré pour les Palestiniens. Pendant quinze mois, le premier ministre israélien a pratiqué une politique génocidaire sans merci. Le nouveau président états-unien, à peine installé à la Maison-Blanche, pousse pour finir le travail. Dans une déroutante déclaration effectuée samedi 25 janvier, il a comparé la bande de Gaza dévastée par la guerre et plongée dans une grave crise humanitaire à un « site de démolition » : « J’aimerais que l’Égypte accueille des gens. On parle d’environ 1,5 million de personnes, on fait tout simplement le ménage là-dedans et on dit : ”Vous savez, c’est fini.” »


Pendant qu’Elon Musk, déjà en charge de purges au sein de l’administration américaine, intervient au congrès de l’AfD en Allemagne, Trump, lui, parle tout simplement de déportation des Palestiniens. « Vous savez, au fil des siècles, ce site a connu de nombreux conflits. Et je ne sais pas, quelque chose doit se passer », a-t-il renchéri en explicitant son idée : « Je préférerais m’impliquer avec certaines nations arabes et construire des logements à un autre endroit où ils pourraient peut-être vivre en paix pour une fois. » Le trublion a suggéré un déplacement « temporaire ou à long terme » des Gazaouis.

Sur les 200 prisonniers palestiniens libérés, 70 bannis de Palestine


Il a également indiqué qu’il avait félicité la Jordanie pour avoir accepté avec succès des réfugiés palestiniens, faisant savoir au roi Abdallah II : « J’aimerais que vous en accueilliez davantage, car je regarde toute la bande de Gaza en ce moment, et c’est un désastre. C’est un véritable désastre. » Trump a ensuite annoncé le déblocage d’une livraison de bombes de plus de 900 kilogrammes pour son allié israélien. L’administration de l’ancien président Joe Biden avait suspendu l’année dernière les livraisons de telles armes.


Avec cette nouvelle approche, Donald Trump s’aligne sur la volonté affichée par Israël depuis le début de la guerre, à savoir expulser les Palestiniens de la bande de Gaza. Ce nettoyage ethnique plaît au ministre des Finances d’extrême droite Bezalel Smotrich, qui l’a fait savoir dans un communiqué : « L’idée de les aider à trouver d’autres endroits où commencer une vie meilleure est une excellente idée. »
Ces déclarations arrivent au moment opportun pour Benyamin Netanyahou et sonnent comme un soutien sans faille et sans condition. Ce qui permet au premier ministre israélien de ne pas respecter ses engagements concernant le retrait total de ses troupes du sud du Liban, comme le prévoyait l’accord conclu.


De même, les Gazaouis déplacés dans le Sud, qui devaient avoir la permission de retourner dans le Nord, en sont toujours empêchés par l’armée israélienne sous prétexte que lors de l’échange de samedi, les quatre captives israéliennes étaient des soldates, alors qu’une civile devait être dans le lot. Sur les 200 prisonniers palestiniens libérés, 70 ont été bannis de Palestine et contraints de rester en Égypte.


Ces dernières séquences, ajoutées aux promesses qu’aurait faites Trump de laisser Netanyahou reprendre les bombardements à Gaza, augurent mal de la suite, l’entame de négociations sur les modalités de la deuxième phase, à savoir « une fin définitive de la guerre ». En somme, Trump et Netanyahou disent aux Palestiniens : « La valise ou le cercueil. »
 

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