Malgré les mandats de la CPI, Benyamin Netanyahou se rend chez son ami Donald Trump

Publié le par FSC

Pierre Barbancey
L'Humanité du 02 février 2025

 

La dernière rencontre officielle entre les deux hommes date de 2020.© Doug Mills/Pool/ABACAPRESS.COM

 

La deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu commence et doit traiter de la fin de la guerre. Le premier ministre israélien est aux États-Unis malgré le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale.
Le Hamas a libéré, samedi 1er février, trois Israéliens (dont le Franco-Israélien Ofer Kalderon) qu’il détenait, lors de deux transferts distincts, en échange de la libération de 183 prisonniers palestiniens. C’était la dernière étape de la première des trois phases prévues par l’accord de cessez-le-feu conclu après quinze mois d’attaques israéliennes sur Gaza. La nouvelle période qui s’ouvre est sans aucun doute la plus délicate et doit porter sur la fin de la guerre.


Durant la première séquence, on a vu comment Benyamin Netanyahou faisait feu de tout bois pour retarder les échanges, allant même jusqu’à décaler de vingt-quatre heures l’ouverture du corridor de Netzarim, qui permet aux centaines de milliers de personnes déplacées de force d’accéder au nord de l’enclave palestinienne. L’intention provocatrice était évidente. Le premier ministre israélien cultivait le secret espoir que le Hamas ferait un faux pas. Il pensait tenir son prétexte lors de l’avant-dernier échange, où les captifs israéliens avaient été bousculés par une foule plus curieuse qu’agressive.


Pour Netanyahou, cette deuxième phase de pourparlers indirects avec le groupe islamiste palestinien commence ce lundi 3 février à Washington, comme l’a fait savoir son cabinet. Il doit d’abord rencontrer le nouvel envoyé spécial états-unien au Moyen-Orient, Steve Witkoff, puis, le lendemain, Donald Trump. Ce dernier n’a pas décidé au hasard de recevoir comme premier invité étranger depuis qu’il est de retour à la Maison-Blanche Benyamin Netanyahou.
S’exprimant à l’aéroport de Tel-Aviv avant son départ, le dirigeant israélien a déclaré que Donald Trump et lui discuteraient de « la victoire sur le Hamas, de la libération de tous nos otages et de la gestion de l’axe terroriste iranien » au Moyen-Orient. Il a également qualifié cette invitation de « révélateur ».


« Je pense que cela témoigne de la force de l’alliance israélo-américaine », a-t-il déclaré. C’est effectivement un signal clair alors que le milliardaire a lancé l’idée d’un accueil des Palestiniens par l’Égypte et la Jordanie afin de « nettoyer » Gaza. Signal encore du mépris pour la Cour pénale internationale (CPI), qui a délivré un mandat d’arrêt contre le chef du gouvernement israélien et que l’administration Trump a décidé d’ignorer.
Signal toujours, donné cette fois par les Israéliens eux-mêmes. L’armée a procédé, ce dimanche 2 février, à plusieurs explosions simultanées dans le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, détruisant jusqu’à 20 maisons dans un quartier résidentiel.


Cette deuxième phase pourrait bien imploser sous les coups de boutoir israéliens, notamment de l’extrême droite qui veut poursuivre la guerre, éradiquer le Hamas et prendre toute la Palestine. « Nous devons renforcer notre emprise et notre souveraineté sur la patrie en Judée et en Samarie », a réclamé Bezalel Smotrich, le ministre des Finances, suprémaciste juif, faisant référence à la Cisjordanie occupée.


Trump, de son côté, doit concilier son tropisme pro-israélien et la nécessité d’apaiser le Moyen-Orient pour mieux servir les intérêts américains, ce qui passe par un accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite. Mais la pétromonarchie ne peut aborder ce virage aux yeux de la population sans obtenir une contrepartie dans le dossier palestinien.

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