Terres palestiniennes à vendre

Publié le par FSC

Charlotte Recoquillon
L'Humanité du 10 février 2025

Donald Trump avance vite, très vite. Trop vite pour que nous ayons le temps d’analyser ses politiques et, surtout, d’organiser des réponses. Lors de son premier mandat, cette sensation d’état d’urgence permanent avait déjà lessivé l’opposition et les associations qui tentaient de contenir les effets désastreux de sa politique. On aurait eu du mal à l’imaginer, mais cette fois-ci, c’est pire.

Ses attaques obsessionnelles contre les politiques de diversité et d’inclusion, contre l’immigration ou le réchauffement climatique ne sont que la surface. Sous nos yeux, Trump et Musk détruisent méticuleusement les structures démocratiques et les contre-pouvoirs. C’est pourquoi, aux États-Unis comme en France, nous avons plus que jamais besoin d’un journalisme robuste. Mais ça ressemble plutôt à un naufrage…

La semaine dernière, Trump a révélé, dans le plus grand des calmes, son ambition d’annexer la bande de Gaza et d’en déplacer les Palestiniens. Il a justifié son ambition coloniale en expliquant que, de toute façon, la zone était devenue « invivable ». Il a dit cela assis à côté de Benyamin Netanyahou, l’homme qui a rendu cette zone invivable en premier lieu. Ah quelle audace !

Mais c’est le traitement médiatique délirant qui me rend la plus furieuse.

À la télévision américaine, une journaliste a sereinement expliqué que si les Etats-Unis ressemblaient à Gaza, elle ne voudrait pas y retourner et qu’il serait normal que les Palestiniens s’installent ailleurs. En France, la presse se dit sidérée, mais débat de la faisabilité de la proposition (de nettoyage ethnique) sur les plans politique, diplomatique, économique ou logistique. Au point que France Info a invité un professionnel du tourisme et de l’hôtellerie pour évaluer la crédibilité du projet de transformer Gaza en « Riviera ». « La bande de Gaza a des atouts », lui lance le journaliste. Imaginer la chaîne de fabrication de cette émission me donne envie de vomir.

Et pendant que ces journalistes donnent du crédit aux ambitions coloniales de Trump, ils ne nous informent pas sur les véritables opérations immobilières déjà en cours. Des promoteurs israéliens comme My Israel Home vendent ainsi illégalement des territoires palestiniens occupés. À Los Angeles, Baltimore ou encore dans le New Jersey… ces agents immobiliers ont déjà organisé des dizaines de réunions d’information à travers les États-Unis pour vendre des maisons à Jérusalem ou en Cisjordanie, et bientôt à Gaza c’est sûr. Les activistes alertent et protestent depuis plus d’un an. Quelques médias indépendants ont d’ailleurs documenté ces réunions et manifestations.

Mais au lieu d’enquêter sur ces opérations illégales, France Info choisit l’angle du tourisme.

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