Gaza : 970 morts palestiniens depuis la reprise des bombardements par Israël, des milliers de manifestants dans les rues de Jérusalem
L'Humanité du 19 mars 2025
Deux jours après la reprise des bombardements israéliens sur la bande de Gaza, le bilan humain s’élève à plus de 900 morts.© Rizek Abdeljawad/Xinhua/ABACAPRESS.COM |
Deux jours après qu’Israël a rompu la trêve avec le Hamas et repris ses bombardements massifs sur l’enclave palestinienne, le ministère de la Santé du Hamas a dénombré 970 morts en quarante-huit heures, dont deux employés des Nations unies. A Jérusalem, plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés, mercredi 19 mars, pour attaquer la politique de Benyamin Netanyahou.
« Ce n’est que le début », a prévenu mardi 18 mars le premier ministre israélien après avoir déclenché « l’enfer » sur Gaza, promis dès le mois de février par un Donald Trump qui rêve d’y installer la « Riviera du Moyen Orient ». « Désormais », les négociations « ne se dérouleront que sous le feu », a également assuré Benyamin Netanyahou qui joint les actes à la parole malgré les multiples condamnations internationales à la suite de la rupture du cessez-le-feu.
Selon le dernier bilan, publié mercredi par le ministère de la Santé du Hamas pour la bande de Gaza, dont les estimations sont jugées fiables par l’ONU, cette offensive a provoqué la mort de 970 personnes supplémentaires en 48 heures.
Près de 50 000 victimes palestiniennes depuis le début de la guerre
Un bilan qui porte au total à 49 547 le nombre de victimes dénombrées depuis le début de la guerre dans l’enclave palestinienne, déclenché après l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023. Rompant l’accord de trêve en vigueur depuis janvier, l’armée israélienne a repris ses bombardements sur la bande de Gaza, dans la nuit du lundi 17 au mardi 18 mars, avec le soutien de la Maison Blanche.
Le ministère de la santé du gouvernement du Hamas a aussi fait état, mercredi 19 mars, d’« un mort et cinq blessés graves parmi des employés étrangers travaillant pour les institutions des Nations unies arrivés à l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa après le bombardement de leur quartier général ».
Selon des images de l’Agence France-Presse tournées à Deir El-Balah, trois hommes ont été amenés à l’hôpital dans une ambulance et dans des véhicules des Nations unies (ONU). L’un des blessés avait un gilet pare-balles, un autre une chemise portant l’inscription « UNMAS », en référence au service de lutte contre les mines des Nations unies. Deux employés de l’ONU ont, enfin, été tués dans un bombardement ayant touché un bâtiment des Nations unies, situé à Deir El-Balah, dans le centre de la bande de Gaza. L’armée israélienne a immédiatement démenti l’annonce dans un communiqué : « Contrairement à ces informations, l’armée israélienne n’a pas frappé un complexe de l’ONU à Deir Al-Balah. »
« Nous devons revenir au cessez-le-feu »
« L’administration Trump et la Maison Blanche ont été consultées par les Israéliens sur leurs attaques contre Gaza ce soir et comme le président Trump l’a clairement indiqué au Hamas, aux Houthis, à l’Iran – tous ceux qui cherchent à terroriser non seulement Israël mais aussi les États-Unis d’Amérique verront un prix à payer », a confirmé sa porte-parole, Karoline Leavitt, à Fox News.
Le gouvernement israélien justifie ses actes sous couvert d’une stratégie de pression maximale pour obtenir du Hamas la libération des otages. « L’affirmation selon laquelle la guerre est reprise pour la libération des otages est une tromperie totale – la pression militaire met en danger les otages et les soldats. Nous devons revenir au cessez-le-feu », a opposé le Forum israélien des familles d’otages dès mardi quand le quotidien Haaretz estime qu’« il n’y a pas d’autre explication : Israël a sciemment violé l’accord de cessez-le-feu avec le Hamas – avec l’approbation américaine – parce qu’il ne voulait pas respecter pleinement les termes auxquels il s’était engagé il y a deux mois ».
A Jérusalem, plusieurs milliers de manifestants ont conspué, mercredi 19 mars, la stratégie de Benyamin Netanyahou. Le premier ministre est accusé de dérives anti-démocratiques et de reprendre les bombardements sans considération pour les 58 otages encore détenus à Gaza. Ce rassemblement – le plus important dans la ville depuis plusieurs mois – est organisé par des groupes d’opposants à la politique de Benyamin Netanyahou.
Ces derniers devaient protester contre sa décision de limoger le chef des services de la sécurité intérieure, Shin Bet, mais la reprise à Gaza a amené des collectifs de familles et des proches d’otages à se joindre au mouvement. Les protestataires se sont notamment rendus vers la résidence privée du premier ministre, dans le centre-ville.