« Gaza, un corps », de Malika Berak : tristesse, espoir et mélancolie à Gaza
Pierre Barbancey
L'Humanité du 26 mars 2025
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Gaza, un corps, de Malika Berak, Plan B, 60 pages, 10 euros |
Un tract poétique pour dire la souffrance d’un peuple et la destruction d’une terre. Un recueil sensible de Malika Berak.
Malika Berak, conseillère culturelle auprès du consulat général de France à Jérusalem pendant plusieurs années, a connu et aimé la Palestine, la Cisjordanie et la bande de Gaza. De cette dernière, elle dit : « M’avaient profondément émue et séduite sa vitalité, la confiance en l’avenir maintes fois réaffirmée de sa population, la beauté enfouie sous les dunes de ce bout de Palestine, révélée par des fouilles archéologiques, et son rivage magnifique bordé de longues plages blanches. » Que reste-t-il de tout cela après dix-huit mois d’une guerre terrible qui a détruit 85 % des infrastructures et jeté à la rue les 2,4 millions de Palestiniens forcés de fuir ?
La colère a saisi Malika Berak, qui a décidé de réaliser un « tract poétique » dont le titre dit, seul, l’ambition : Gaza, un corps. Des mots pour clamer la vie. « Un corps/celui de leur désir et de leur tendresse » et pourtant « le corps de Gaza/que chacun veut faire sien/un corps à prendre ». Cette terre de Palestine où « des milliers d’enfants tombent comme des fleurs fauchées ».
Dans ces pages passe le souvenir de Refaat Alareer, poète de Gaza, mort sous les décombres de sa maison bombardée par l’armée israélienne dans la nuit du 6 au 7 décembre 2023. « Dieu le fracas que fait un poète qu’on tue », cinglait Aragon. En 1936 les fascistes, espagnols ceux-là, assassinaient aussi les poètes, Federico Garcia Lorca en tête. « Les poètes sont des cibles qu’on assassine », reprend Malika Berak en citant Refaat Alareer.
Ce recueil, d’une belle sensibilité, où les mots jouent avec gravité une musique colorée, renferme de la tristesse et de l’espoir. Et un peu de mélancolie.