Israël crée une agence spéciale baptisée « Autorité d’émigration » pour expulser les Palestiniens de Gaza

Publié le par FSC

Pierre Barbancey
L'Humanité du 24 mars 2025

 

Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré que cette nouvelle « Autorité d’émigration » – qui serait supervisée par le ministère de la Défense et le cabinet du premier ministre, Benyamin Netanyahou – mènerait une « opération logistique de grande envergure ». À Gaza ville, des Palestiniens après des bombardements israéliens, le 24 mars 2025.© REUTERS/Dawoud Abu Alkas

 

Une agence spéciale baptisée Autorité d’émigration vient d’être créée au sein du ministère de la Défense. Cet organisme mènerait une « opération logistique de grande envergure »​​visant à relocaliser les Gazaouis et à leur trouver des pays de destination.
Pendant que l’armée israélienne continue à bombarder sans cesse la bande de Gaza, tuant déjà 730 personnes depuis le 18 mars – dont de nombreux enfants, le cabinet de sécurité remplit sa part du contrat. Aux soldats la destruction de ce territoire pour le rendre invivable, aux politiques la mise en œuvre d’un plan pour en chasser les Palestiniens.


Une agence spéciale vient d’être créée au sein du ministère de la Défense, chargée d’orchestrer l’expulsion massive de Palestiniens de Gaza sous couvert de réinstallation « volontaire ». Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré que cette nouvelle « Autorité d’émigration » – qui serait supervisée conjointement par le ministère de la Défense et le cabinet du premier ministre, Benyamin Netanyahou – mènerait une « opération logistique de grande envergure »​​visant à relocaliser les Palestiniens de Gaza et à leur trouver des pays de destination.
Il s’agit, selon ce ministre d’extrême droite, d’organiser « un transfert volontaire pour les résidents de Gaza qui expriment leur intérêt à se déplacer vers des pays tiers, conformément au droit israélien et international, et suivant la vision du président américain, Donald Trump ».

S’aligner sur la « vision du président américain, Donald Trump »
Le ministre de la Défense, Israël Katz, sera chargé de coordonner l’expulsion des habitants de Gaza vers des pays tiers par un « passage sûr et contrôlé ». Il a fait savoir que ce plan visait à s’aligner sur la « vision du président américain, Donald Trump », qui a déjà plaidé en faveur de la réinstallation massive des Palestiniens de Gaza dans le cadre d’une stratégie plus large au Moyen-Orient.


« Il n’y a pas si longtemps, il était tabou de parler de personnes quittant Gaza mais, aujourd’hui, les plus fous sont les plus réalistes. Non seulement c’est réaliste, mais c’est le seul plan réaliste », a déclaré il y a quelques jours Bezalel Smotrich devant les membres de la Knesset. Cette agence gérera également les contrôles de sécurité et la logistique du transport des personnes contraintes de partir.


Les autorités israéliennes tentent de placer leur projet de déportation massive sous le parrainage des États-Unis et surtout d’accélérer le processus. Donald Trump, tout feu tout flamme pour son projet de Riviera du Moyen-Orient, version riche du nettoyage ethnique, qui a même posté une vidéo en ce sens générée par l’IA, a semblé revenir sur ses propos. « Personne n’expulse de Palestiniens », a-t-il asséné devant des journalistes. Quant à son envoyé spécial au Moyen-Orient, Steve Witkoff, il a déclaré le mois dernier que l’initiative américaine de reconstruction de Gaza ne se résumerait pas nécessairement à un « plan d’expulsion » et qu’elle visait à « bousculer les mentalités ». Il est vrai aussi qu’en janvier 2024, dans une vidéo, Benyamin Netanyahou jurait la main sur le cœur : « Je tiens à préciser certains points : Israël n’a aucune intention d’occuper Gaza de manière permanente ni de déplacer sa population civile. »

L’ensemble des territoires palestiniens est concerné


La semaine dernière, les dirigeants arabes ont dévoilé une contre-proposition prévoyant la reconstruction du territoire palestinien sans déplacement de population, mais les dirigeants israéliens et états-uniens en font peu cas. Pour l’organisation israélienne anti-occupation la Paix maintenant, « la mise en place d’une administration chargée d’expulser les Palestiniens de Gaza est l’une des décisions les plus stupides d’un gouvernement qui a perdu toute direction et toute logique ».


En Cisjordanie occupée, le cabinet de sécurité israélien a également approuvé une proposition de l’incontournable Bezalel Smotrich, visant à séparer 13 colonies des implantations voisines et à les classer comme indépendantes. « Au lieu de nous cacher et de nous excuser, nous hissons le drapeau, nous construisons et nous implantons. C’est une nouvelle étape importante sur la voie d’une véritable souveraineté en Judée-Samarie », a lancé celui qui se définit comme un suprémaciste juif, utilisant le nom biblique de la Cisjordanie. Car l’offensive israélienne ne concerne pas que Gaza, mais l’ensemble des territoires palestiniens où Tel-Aviv a intensifié ses opérations terrestres.


À Tulkarem, l’armée a procédé à des évacuations massives, détruisant des infrastructures et déplaçant de force des familles palestiniennes. Elle a également renforcé sa présence à Jénine, envoyant des renforts et des bulldozers militaires pour détruire des routes et étendre son contrôle. Depuis le 7 octobre 2023, au moins 911 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie par des soldats ou des colons israéliens.
 

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