L’Humanité ostracisée par Tel-Aviv
Marion d'Allard
L'Humanité du 24 mars 202
Convier toute une partie de l’extrême droite européenne à une conférence contre l’antisémitisme, en Israël, tenait déjà de l’insulte à l’histoire. Écarter l’Humanité des accréditations officielles est un coup supplémentaire porté à la mémoire de celles et ceux qui, souvent au péril de leur vie, ont combattu le nazisme et le fascisme.
Grand reporter au service politique de l’Humanité, Emilio Meslet s’est vu, à quelques jours de l’ouverture de la conférence internationale de Jérusalem contre l’antisémitisme, retirer l’accréditation presse pour cet événement, qui pourtant, lui avait été accordée. « Nous vous informons que votre accréditation a été annulée. Vous n’êtes plus autorisé à participer à la conférence de lutte contre l’antisémitisme », lui a indiqué, au dernier moment, le ministère israélien des Affaires de la diaspora et de la lutte contre l’antisémitisme.
Organisée les 26 et 27 mars par le gouvernement israélien, cette conférence a pour vocation de réunir dirigeants politiques, organisations internationales et personnalités de la société civile mobilisés dans la lutte contre l’antisémitisme. Pour la première fois, Jordan Bardella, président du Rassemblement national, et Marion Maréchal-Le Pen, députée européenne, sont invités à y participer.
Soucieux de renforcer ses liens avec les nationalistes et les réactionnaires de tous horizons, Benyamin Netanyahou a franchi le Rubicon. Désormais, les héritiers de la collaboration, issus des rangs d’un parti fondé par des anciens nazis, ont droit aux honneurs de Tel-Aviv dans une inversion terrifiante des valeurs.
À notre connaissance, cette procédure d’exclusion orchestrée par les autorités israéliennes ne concerne que l’Humanité, journal de la lutte antifasciste, engagé depuis toujours contre l’antisémitisme et dont quinze journalistes et travailleurs sont morts dans la Résistance ou fusillés par les nazis.
Parmi eux, Lucien Sampaix, secrétaire général du journal, et Gabriel Péri, chef du service international. Le gouvernement israélien a multiplié, ces derniers mois, les attaques contre la liberté d’informer. L’entrave faite ici à l’Humanité en est une de plus.