Sciences PO REIMS : répression macronienne ET Résistance

Publié le par FSC

Publié sur liste de diffusion de l'Enseignement supérieur :

 En réponse à la répression constante de l’administration de Sc. Po, notamment sur les campus de Paris et du Havre, les étudiants du campus de Reims ont organisé un blocus de leur école, le 21 mars 2025. Cette mobilisation a permis des assemblées générales régulières, durant lesquelles tous les étudiants pouvaient venir débattre et voter sur la continuation du blocus.

Ce que M. Vassy, directeur, depuis septembre dernier, de l'Institut d'études politiques de Paris a appelé “minorité bruyante” et  Mr. le maire de Reims, Arnaud Robinet, “quelques énergumènes” a obtenu pourtant un soutien conséquent au sein du corps étudiant : à midi, tous les étudiants présents votent à l’unanimité en faveur du blocus (avec 84 voix pour et 0 voix contre).

Néanmoins, à 16 heures, huit camions de police avec quarante CRS, ainsi que des agents de la BAC en civil ont été déployés contre le blocus. Une mesure totalement absurde puisque les étudiants étaient assis silencieusement devant le campus, la plupart révisant leurs examens prévus pour le lendemain. Mais la disproportion de l’intervention policière n’a fait que croître.

Dans un premier temps, les policiers soulèvent les élèves assis, les traînent par terre et les forcent à reculer, les éloignant ainsi du blocus pour libérer l’entrée de l’école.

Dans un deuxième temps, “les forces de l’ordre” semblent quitter les lieux, laissant les étudiants regagner leur place devant l’entrée débloquée. Une quinzaine de minutes plus tard, une deuxième confrontation a lieu, sans sommation, durant laquelle les étudiants sont chargés, poussés, et pour certains frappés par les CRS armés de matraques. Cette violence soudaine, inattendue et inutile a laissé certains étudiants blessés physiquement et heurtés psychologiquement.

 L’administration de l’école, aperçue aux fenêtres, assiste à la scène en silence. Ce qui n’a pas empêché la directrice Crystal Cordell de nier sans cesse les faits et d’envoyer des mails d’intimidation à certains élèves pris pour cibles, avec cette fausse indication : “No students were harmed or hit with batons” (Aucun étudiant n’a été blessé ou frappé avec des matraques). Confrontée aux vidéos et aux photos montrant ecchymoses, traces de coups et membres violacés, filmées par les étudiants, par des passants et par France 3, la directrice n’a cessé de nier les violences policières. Elle s’est également défendue d’avoir appelé la police tout en renvoyant la balle au maire qui n’a pas communiqué sur ces événements, alors qu’il le fait habituellement. Difficile, en effet, de nier la violence et les heurts produits par l’irruption policière, et décelables sur les vidéos. Difficile aussi de pouvoir se vanter d’avoir restauré l’ordre public à travers pareil excès.

 Les revendications, quant à elles, restent inchangées et sont toujours ignorées par les directeurs qui se sont succédés, depuis le début du génocide toujours en cours à Gaza : Mathias Vicherat, Jean Bassère puis dernièrement Luis Vassy.

Les principales demandes sont :

 -La création d’un comité d’enquête sur les partenariats de Sciences Po avec les universités israéliennes et les entreprises avec lesquelles l’école collabore. Conformément à la politique pratiquée par Sciences Po., et relative à d’autres partenariats internationaux, cette commission d’enquête  demandera la suspension de ce partenariat s’il est prouvé  que l’apport financier de l’école contribue  à soutenir un massacre avéré, comme elle l'a fait pour les partenariats avec la Russie.

 - Conformément à la décision de janvier de la Cour Internationale de Justice, nous demandons que notre école fasse une déclaration officielle attestant au moins du “risque plausible de génocide”. On pourrait attendre d’une institution, qui s’auto-proclame “l’école de la démocratie”, qu’elle considère comme irrécusables les décisions juridiques des institutions internationales. Mais cela ne semble ni évident ni simple.

 D’une part,  l’ex directeur Mathias Vicherat, a fermement condamné, dès le début de la guerre en Ukraine, sa “ violence arbitraire » en rappelant les valeurs humanistes portées par  Sc. Po.  D’autre part, les responsables de l’école, depuis les mobilisations étudiantes de la fin d'année 2024, ont réussi à faire adopter par Conseil de l’Institut (organe de décisions pour l’administration de la vie interne) une doctrine établissant une « réserve » institutionnelle, dispensant l’école de prendre parti sur les affaires extérieures à l’institution, sauf dans les cas de « évènements géopolitiques ou crises humanitaires majeures ». Selon elle, ce ne serait pas le cas pour Gaza !  Cette réserve lui interdirait aussi de faire, comme en 2022, un appel pour battre le Rassemblement National !

 Cette doctrine validée sous l’argument de «  démocratie interne » permettrait ainsi à  Sc. Po. de faire un tri opportuniste parmi les affaires politiques extérieures à l’école et de suivre son alignement de l’école avec l’agenda économico-politique macroniste et de l’UE…

 L’administration de l’école affiche donc un double standard alarmant qui lui permet dans la foulée, de se dédouaner de son silence sur les violations à répétition du droit international en Palestine.  Ce mutisme obstiné n’atteste pas d’un choix vertueux de la part de l’institution  Sc. Po. Il lui permet plutôt, sous couvert de « réserve,  de  dégager  toute responsabilité.

  Cette doctrine, adoptée dans le cadre de Conseils restreints où la représentation étudiante, minoritaire, n’a que peu de moyens pour s’exprimer, ne peut que renforcer le caractère oligarchique de l’élitisme qui règne dans l’école, depuis la réforme de la procédure d’admission qui limite à nouveau les candidatures aux élèves de milieux favorisés.

 Dès décembre 2024, le directeur Luis Vassy a opté pour le choix d’élèves « les plus méritants et non les plus militants”. Comment une école qui affiche, depuis sa fondation l’ambition de former des étudiants capables de “comprendre le monde pour le transformer” peut-elle leur reprocher d’utiliser les valeurs humanistes portées par les enseignements dont ils bénéficient pour se mobiliser contre les injustices ? Il est certain que le traditionnel recrutement de Sc.Po. parmi les héritiers de classes privilégiées favorise une docilité politique, prête à transformer le monde, dans le sens qui convient, c’est à dire pour le pire.

 L’ouverture temporaire du recrutement d’étudiants à d’autres milieux sociaux expliquerait-elle la multiplication des recours à la force publique pour contrer des manifestations pacifiques ? Sciences Po préfère jeter ses étudiants en pâture, à la police et les mettre en danger plutôt que d’entamer le dialogue !

 En refusant de les entendre et en trahissant ses propres valeurs, Sc.Po. se place lâchement du côté de la puissance politique, dont l’unique objectif est de faire perdurer un statu quo en sa faveur.

La répression perpétrée sur tous les campus de Sc.Po. par l’administration générale de l’école a, cependant fait naître une détermination, une solidarité parmi tous les étudiants qu’ils soient ou non participants du blocus. Que nous soyons “militants” ou non, nous voulons toutes et tous œuvrer pour le rétablissement de la justice et la paix au Proche Orient.

  Signé :  Initiative étudiante “Students for Justice in Palestine” (SJP) de Sciences politiques de Reims

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