« Avec sa guerre, Netanyahou envoie les otages à la mort »

Publié le par FSC

Emilio Meslet
L'Humanité du 30 mars 2025

 

 

Depuis plusieurs jours, les protestations font le plein en Israël, y compris à Jérusalem Ouest, où l’on trouve mille et une raisons de réclamer le silence des armes.
Sur chaque torse, un petit morceau d’adhésif avec la même écriture : 540, peut-on y lire. « Cela fait 540 jours que les otages sont retenus par le Hamas » dans la bande de Gaza, éclaire Richard, un Américano-Israélien de 66 ans. Shabbat se termine donc par une manifestation dont le départ est donné au cœur de Jérusalem Ouest.


Comme tous les soirs depuis la relance de la réforme judiciaire qui renforce le poids du politique dans la nomination des juges, ils sont plusieurs centaines réunies « pour défendre la démocratie, la séparation des pouvoirs et les otages et contre le gouvernement d’extrême droite » de Benyamin Netanyahou, explique Richard, électeur désabusé du Parti travailliste. Contrairement à la majorité des manifestants, il bat aussi le pavé pour les « Palestiniens innocents ». Depuis dix jours, le génocide a repris. Ils subissent à nouveau un déluge de bombes et les incursions de l’armée israélienne se multiplient dans la bande de Gaza et en Cisjordanie occupée.

« Les médias ne montrent pas ce que nous faisons à Gaza »


Shira, militante du mouvement israélien pour la paix, raconte être toujours traumatisée par l’attaque du 7 octobre 2023, dont elle juge le premier ministre « responsable ». « Israël se voit toujours comme une victime sans jamais voir ce que le pays fait subir aux autres », aussi « parce que les médias ne montrent pas ce que nous faisons de terrible à Gaza », assure-t-elle. Avant qu’une jeune femme qui tape frénétiquement sur son tambour ne reçoive un œuf sur la tête, preuve que la contestation de la politique de Benyamin Netanyahou est loin d’avoir gagné toute la société.


Seul dans la manifestation, Michaël se sent « obligé » de protester car : « Comment se regarder dans le miroir devant tant de souffrance si on ne fait rien ? » Pour lui, Benyamin Netanyahou – dont la moitié du pays souhaite désormais la démission – a mis fin au cessez-le-feu pour des raisons de « politique interne ».


Ce qui ulcère Yossi, centriste qui a passé trente années comme réserviste de l’armée et dont les enfants sont au front : « Avec ma femme, on a toujours peur que quelqu’un vienne frapper à la porte pour nous annoncer la mort d’un fils. Et, à côté de ça, le gouvernement continue d’exempter les ultraorthodoxes de service militaire. C’est insupportable ! »


À l’arrivée sur King George Street, la silhouette de Shani sort du cortège. Conscrit pour près de trois ans, il voudrait quitter l’armée, car « avec sa guerre Netanyahou envoie les otages à la mort ». Il est loin d’être le seul à le penser.

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