« Si vous gardez des otages, vous êtes morts » : plus guerrier que jamais, Donald Trump multiplie les menaces envers les Gazaouis
Tom Demars-Granja
L'Humanité du 06 mars 2025
Dans son texte publié sur Truth Social, Donald Trump a confirmé être prêt à fournir « à Israël tout ce dont il a besoin pour finir le travail ».© Win McNamee/Pool via CNP |
Le président des États-Unis a lancé, mercredi 5 mars sur son réseau Truth Social, un « dernier avertissement » au Hamas. Si l’organisation palestinienne ne libère pas les derniers otages retenus à Gaza, Donald Trump promet la « mort » au peuple palestinien. En parallèle, deux rencontres entre le Hamas et des responsables états-uniens ont été organisées ces derniers jours à Doha, au Qatar.
Chaque prise de parole de Donald Trump sur la bande de Gaza est un rappel : les Palestiniens restent sous la menace de la déflagration. Lorsqu’il a dévoilé au monde entier son plan de « Riviera du Moyen-Orient » – devant les yeux ébahis d’un Benyamin Netanyahou plus légitimé que jamais -, le président des États-Unis jouait la carte de la bonté. Il souhaitait, prétendait-il, avant tout sortir les Gazaouis de l’« enfer ».
Les semaines ont passé, et Donald Trump ne prend plus la peine d’habiller son projet colonial et destructeur. L’élu républicain a ainsi lancé, mercredi 5 mars sur son réseau Truth Social, un « dernier avertissement » au Hamas. Si l’organisation palestinienne décide de ne pas libérer l’intégralité des otages, le « peuple de Gaza » risque de replonger dans cet « enfer » que Trump affirmait vouloir leur éviter : « Si vous le faites, vous êtes morts ! Prenez une bonne décision. »
« Il faut quitter Gaza, tant que vous le pouvez encore »
Le locataire de la Maison Blanche a par la suite expliqué être prêt à fournir « à Israël tout ce dont il a besoin pour finir le travail » dans l’enclave palestinienne. « Aucun membre du Hamas ne sera en sécurité si vous ne faites pas ce que je dis, a-t-il lancé. C’est maintenant qu’il faut quitter Gaza, tant que vous le pouvez encore. » Loin d’avoir respecté le cessez-le-feu, l’armée israélienne a causé la mort d’au moins 110 Gazaouis depuis l’entrée en vigueur de l’accord, le 19 janvier. De même, le gouvernement israélien en a profité pour s’attaquer à la Cisjordanie occupée, en première ligne de sa politique coloniale.
Ce texte publié sur les réseaux sociaux représente donc un nouveau recours à l’intimidation pour Donald Trump, qui n’a de cesse d’éjecter toute formalité diplomatique au profit de la violence impérialiste. « « Vous êtes morts si vous ne faites pas telle chose », c’est une rhétorique génocidaire, fustige ainsi Khaled Elgindy, chercheur invité au Centre d’études arabes contemporaines de l’université de Georgetown, interrogé par le média en ligne The Intercept. Il menace de mort toute une population. Qu’est-ce que c’est, sinon un génocide ? »
La diplomatie états-unienne a confirmé, en parallèle de cette énième menace, avoir eu des contacts directs avec le Hamas. Le secrétaire d’État chargé des relations diplomatiques, Marco Rubio, a de son côté assuré, lors d’un entretien sur la chaîne conservatrice Fox News, que Donald Trump ne plaisantait pas. « Il ne dit pas ce genre de choses s’il ne les pense pas, comme les gens peuvent le voir à travers le monde, a-t-il appuyé. S’il dit qu’il va faire quelque chose, il va le faire. »
Ces consultations, sans précédent, rompent avec une politique de longue date qui veut que les États-Unis n’aient pas de pourparlers directs avec des groupes qu’ils considèrent comme terroristes, ce qui est le cas du Hamas depuis 1997. La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a ainsi confirmé que l’envoyé spécial américain pour les otages, Adam Boehler, était « engagé dans ces négociations et a l’autorité de parler à n’importe qui ».
« Deux rencontres entre le Hamas et des responsables américains »
Elle s’est néanmoins refusée à livrer des détails, arguant que « des vies américaines étaient en jeu », mais a indiqué qu’Israël avait été « consulté ». Déclaration rapidement confirmée par le bureau du premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Un responsable du Hamas, sous le sceau de l’anonymat, a confirmé à l’Agence France-Presse (AFP) « deux rencontres directes entre le Hamas et des responsables américains ces derniers jours à Doha ».
Selon un décompte de l’AFP, cinq otages états-uniens seraient toujours détenus à Gaza, dont quatre sont confirmés morts et un vivant. Depuis la mise en place du cessez-le-feu, le Hamas a procédé à 33 libérations et Tel-Aviv à près de 1 800 – dont plusieurs sous condition d’un exil pour les Palestiniens concernés.
Entretemps, le nouveau chef d’état-major israélien, Eyal Zamir, a affirmé, mercredi 5 mars, que la mission de vaincre le mouvement islamiste à Gaza n’était pas terminée : « Le Hamas a subi un coup dur, mais il n’est pas encore vaincu. » Des propos qui ne laissent pas présager une prochaine accalmie. À l’inverse de la stratégie de la Ligue arabe qui, lors d’un sommet organisé mardi 4 mars au Caire, a adopté un plan pour la reconstruction de Gaza. Ce dernier garantit, selon l’Égypte qui est à l’impulsion du projet, le maintien des habitants de Gaza sur leur terre.
Une réponse au projet de Donald Trump et de Benyamin Netanyahou. Le premier ministre israélien reste, lui, « déterminé à (remporter) la victoire », a encore annoncé Eyal Zamir. La diffusion, dans la presse israélienne, des contours de son « plan Enfer » en est le dernier exemple en date. Le chef du gouvernement ne compte pas laisser la bande de Gaza reprendre vie.
C’est ainsi qu’Israël a annoncé, dimanche 2 mars, suspendre l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza. Un blocus dénoncé mercredi soir par plusieurs membres des Nations unies (dont la France), qui ont exhorté Israël à permettre l’entrée « inconditionnelle et massive de l’aide humanitaire ». Pas de quoi freiner l’entreprise génocidaire du gouvernement Netanyahou, prêt à reprendre les massacres au sein de l’enclave palestinienne.