« Fragments de femmes, éclats de guerre » : l’intimité meurtrie des femmes dans le conflit israélo-palestinien
Mamadou Oury Diallo
L'Humanité du 06 mars 2025
Solène Chalvon-Fioriti livre un regard inédit sur le conflit israélo-palestinien, en donnant la parole à des femmes et en dévoilant l’intimité bouleversante de leurs réalités de guerre.
Elles sont Palestiniennes, ou Israéliennes. Elles vivent depuis toujours sous le poids d’un conflit qui façonne leur quotidien. Elles ne sont pas militaires, rarement politiques. Pourtant, la guerre les a rattrapées, marquées, parfois même anéanties, depuis les événements tragiques du 7 octobre 2023.
À travers deux voyages parallèles, intimes et bouleversants, les deux documentaires Fragments de guerre et Femmes du 7 octobre livrent un regard encore inexploré sur le conflit israélo-palestinien. Les témoignages intimes dévoilent la façon dont le corps des femmes est un terrain de guerre et de violence. Les récits de captivité, de résistance ou d’engagement révèlent une autre réalité du conflit.
Personne n’est dupe
L’une évoque l’accouchement entravé lors d’un contrôle militaire, l’autre l’enfant qu’elle voudrait « remettre dans son ventre » pour la protéger du fracas des bombes. Une activiste assume avoir participé aux massacres du 7 octobre, une ex-otage raconte les violences sexuelles subies en captivité.
Et puis, il y a ces deux fillettes, l’une Palestinienne, l’autre Israélienne. Elles ont à peine 7 ou 8 ans. Chacune grandit sous la menace, chacune est protégée du traumatisme par des adultes qui maquillent la peur. Mais aucune n’est dupe. Elles savent. Et elles affrontent la guerre avec un courage désarmant.
La caméra de Solène Chalvon-Fioriti, familière des zones de guerre et réalisatrice de Afghanistan : vivre en pays taliban (2021), capte ces éclats de vie avec une justesse bouleversante. Le tournage a parfois viré à l’urgence, à l’instar de cette scène de panique où des détonations éclatent en plein entretien. Certaines images sont à la limite du soutenable, et la tension est telle que l’on en ressort pris aux tripes, incapable de détourner le regard.