Un choix décisif : avec Macron et les siens la guerre et la destruction sociale OU la lutte pour la PAIX, la coopération notamment avec le SUD, les BRICS ...
Plutôt que de s'engager dans la recherche de la paix et d'une solution politique et diplomatique à la guerre en Ukraine, à l'instar d'un Gluksmann, d'un Hollande et consorts ils choisissent la poursuite de la guerre, les dépenses d'armements massives contre les investissements sociaux, la transition écologique.
C'est dans cette voie catastrophique qu'ils veulent nous entraîner !
Soit-disant au nom de la défense de la démocratie et contre un ennemi fictif qui menacerait notre sécurité.
Pour toujours davantage présurrer les peuples au profit de l'oligarchie et de la caste dirigeante !
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Ne perdons jamais de vue que nous sommes en spectacle à tous les peuples, que nous délibérons en présence de l’univers » Quelque chose s’est passé qui fait que non seulement l’incorruptible mais les masses délibèrent et agissent en spectacle pour changer l’ordre des choses existant.
La révolution qui se donne en spectacle en ce moment c’est celle de la nouvelle révolution conservatrice qui prétend faire des Etats-Unis un système monde impérialiste dont la classe capitaliste financiarisée n’a plus ou prétend ne plus avoir besoin de cette régulation étatique qu’est l’Etat libéral.et tente de reconstruire ses propres frontières, ses routes de conquête, d’accumulation… dans ce contexte, l’Europe fragmentée, magma de nations désunies, se retrouve de surcroit humiliée par Trump, coulée économiquement, discréditée diplomatiquement et mise à l’amende. Qui imaginait, à part quelques mauvais esprits, que la guerre en Ukraine se solderait par un fiasco aussi intégral ?
Et surtout qu’avec une mauvaise foi évidente le nouveau président des Etats-Unis refuserait d’assumer l’héritage de ses prédécesseurs en nous présentant la note. On ne mesure la portée d’un tel effondrement qu’en considérant le poids des choses subies et héritées qui a fait de nous nations européennes comme le décrit l’anthropologue John Darwin – dont nous vous présentons les travaux – un monde historiquement intégré dans lequel le capitalisme a pris des formes idéologiques, politiques, culturelles imposées à toute la planète comme la forme achevée de la démocratie, le libéralisme.
Face à cette » « révolution conservatrice » qui prend des allures d’apocalypse autour de l’antéchrist, il y a un autre bouleversement de grande ampleur, une longue marche vers un monde multipolaire dans laquelle la Chine communiste en partenariat stratégique avec la Russie post-soviétique est le leader. Pour aborder ce basculement historique nous avons divisé l’invite à connaitre la Chine et son invite à un monde multipolaire en trois parties : Marianne Dunlop et Danielle Bleitrach, en ouverture, dans leur partie articule les événements dont nous sommes les témoins ébahis dans la durée, parfois une très longue durée mais jamais immobile. Dans cette durée mémorielle, les contradictions actuelles murissent pour qu’éclate la paix. Jean Jullien dit Xuan nous rappelle les étapes du socialisme à la chinoise, un mélange d’anticipation et de précaution. Franck Marsal reprend l’expérience, les choix actuels à la lumière de ce que pourrait être un socialisme à la française. L’ensemble s’interroge sur les véritables protagonistes, leur transformations, les nations, les peuples dans la lutte des classes, la nouvelle figure du capital, du travail, le prolétariat… Trois approches, qui ont commencé dans ce blog et dont le livre est une manière de bilan de dix ans de réflexion autour de publications.

En attendant sa parution à la fin du mois d’avril 2025, ce livre s’inscrit dans le travail que nous menons depuis une dizaine d’années dans ce blog, un collectif qui articule les événements et leur approfondissement théorique, et de temps en temps nous y ferons référence avec la photo de sa future couverture.
L’événement révélateur de l’état de notre monde dans son aspect le plus caricatural a eu lieu dans les derniers jours de février 2025 : un vote stupéfiant à l’ONU, où les Etats-Unis ont voté avec la Russie et la Chine contre l’Europe, après quoi Macron au nom de l’Europe humiliée par son suzerain tente de l’amadouer… en prétendant lui vendre la poursuite de la guerre…
Mais le président français Macron n’a pas eu beaucoup d’impact sur Trump – à un moment donné il a réussi à lui toucher la main et le genou – mais à peine Macron a-t-il repris l’avion pour Paris, que le maître explosait et piquait une colère jupitérienne contre cette Europe créée pour « emmerder » les Etats-Unis. Et vlan 25 % de droits de douane… Ne vous effrayez pas du langage, il est habituel, madame Nuland, une démocrate, avait initié l’affaire ukrainienne par un coup d’état et employé le même langage Fuck UE…Macron et Starmer avec leur arme nucléaire sont devenus les seuls arguments que possèdent les Européens pour contraindre Trump à poursuivre le projet d’Obama et Biden d’extension de l’OTAN à l’est, et s’ils échouent, la paix pourrait éclater. Quel drame alors pour tous ces marchands d’armes, ces reconstructeurs de pays ruinés, qui sont aussi patrons de médias….
Entre nous, le « parrain » n’a pas tout à fait tort, la dernière chose que l’impérialisme américain puisse se permettre c’est de s’impliquer dans un Afghanistan au cœur de l’Europe avec un illuminé brandissant sa bombe en dissuasion… Ces Européens sont des malades qui ne trouvent de principe de consolation que dans la narration du futur grand affrontement entre l’Inde et la Chine ; pour celui entre la Russie et la Chine, ils commencent à douter, alors ils inventent un Poutine à l’article de la mort, une armée russe à genoux…
C’est le schisme au sommet, entre les États-Unis et l’Europe. Comment expliquer l’inexplicable : la soif de guerre du continent européen ? c’est exactement ce que nous disons en considérant que notre président est à la pointe de ce délire… Et l’antéchrist n’est qu’un syndic de faillite qui marchande sa défaite…
Zelenski lui a compris et il lâche l’Europe, Macron et l’UE, change de discours, il vient déposer aux pieds du suzerain tout son pays et les richesses supposées de son sous-sol. Il ne croit pas du tout aux armes européennes même en saignant un peu plus tous les peuples, ces gens là n’existent plus, ne comptent plus et il transforme son langage, adopte celui du maître peu sensible aux grands universels.
Les dirigeants européens pourraient être obligés d’expliquer à leur population pourquoi il est en ce moment nécessaire de sacrifier leur sécurité sociale et leurs pensions pour sauver l’expérience ratée d’une Union européenne et son fiasco ukrainien.
Quand nous avons écrit ce livre, en 2024 et que nous l’avons fini en janvier 2025, pour saluer l’arrivée de Trump, nous étions tout à fait conscient de la situation. De ce qui nous menace, l’UE est une grenade dégoupillée. Nous avons proposé aux Français désorientés de faire le choix des BRICS, d’un monde multipolaire pour échapper à l’alternative déjà là : soit le projet d’extension de l’OTAN de Biden, OBAMA, Nuland vers l’est, soit après le départ de Trump de cette mauvaise affaire, le choix d’un fédéralisme européen et d’un pole de défense qui nous détruira dans notre souveraineté, dans la nécessaire intervention populaire et qui ira logiquement vers l’escalade y compris nucléaire.
Nous n’avons vraiment rien à perdre à examiner la proposition chinoise.
Nous avons l’occasion de mieux connaitre la Chine, ce qu’elle propose et en quoi elle peut être considérée comme crédible.
L’actualité paraît grotesque, incompréhensible. Mais si l’on fait un zoom arrière, très loin en reprenant les choses subies, héritées, on perçoit mieux un monde qui s’est mis en mouvement. Comme toujours lorsque l’on passe d’une civilisation à une autre, que l’on change de mode de production, il y a des frontières qui se redéfinissent et des routes qui bouleversent les frontières, engendrent des conflits, des forces productives exigeant d’autre coopérations qui déjà se dessinent. Il s’ensuit un ébranlement général mettant à mal ce que nous sommes réellement nous, européens atlantisés.
Le danger est immense, parce que l’humanité a pour la première fois de quoi se détruire, mais aussi parce nous sommes ce que nous sommes, le maillon faible, l’homme malade d’un système qui agonise et qui dans ce cas ne sait se réfugier que dans la guerre. Ce n’est pas un hasard si toutes les guerres mondiales sont nées dans l’espace européen mais ont eu des conséquences souvent méconnues sur l’ensemble de la planète. Il en est de même aujourd’hui surtout si l’on veut bien voir que les Etats-Unis et l’Europe n’ont jamais été séparés et que la Russie a longtemps appartenu à cet espace « libéral » celui de la « fin » de l’histoire. Cette perception est celle de l’anthropologie anglo-saxonne et en particulier celle de l’anthropologue britannique John Darwin, mais elle n’est pas éloignée de celle de Marx et Engels et de tous ceux qui se sont situés dans ce courant théorico-pratique des révolutions.
On peut dire que c’est sur cette conscience de la dangerosité de Macron, de de son manque d’envergure lui et les autres dirigeants de l’UE que nous nous sommes entendus avec Fabien Roussel pour qu’il accepte de préfacer notre invite vers un monde multipolaire. C’est là la base sur laquelle nous devons construire une alternative : il est impossible de continuer dans une voie nihiliste et apocalyptique, qui est celle d’une asphyxie programmée.
Ce qui rend extrêmement dangereux certains dirigeants est justement leur incapacité à percevoir l’ampleur du séisme, les réorganisations territoriales dont les immigrations ne sont que l’un des aspects. Il y en a bien d’autres avec les questions environnementales, climatiques et la modification des bassins d’emploi, le rapport ville campagne, les routes internationales qui se modifient. Nous sommes dans une dimension anthropologique de l’espèce.
Ce qu’apporte John Darwin, pas le théoricien de l’évolution des espèces, un homonyme, et j’en ai quelquefois parlé ici, c’est cette possibilité de remettre l’événement dans le temps long de l’histoire, celui de l’humanité et de la lutte des classes qui accouche des changements de civilisation, même s’il n’adopte pas ces concepts,
il est très proche des analyses de Marx que nous présentons, de la manière dont il insiste sur le fait que la Chine n’a jamais été totalement réduite, un peuple combattif qui se rebelle, et des intellectuels intégrés à l’appareil d’Etat, des grands « commis », qui servent le peuple et la nation. C’est une problématique qui a inspiré Mao, mais aussi l’école soviétique et sa tradition diplomatique. Cette analyse unifie dans « le grand jeu » la vieille Europe, la Russie et y intègre à la fin de la première guerre mondiale les Etats-Unis pour mesurer l’ampleur de ce qui se jouait et qui se joue encore aujourd’hui mais qui a toujours fait partie de notre histoire même si on a voulu effacer notre mémoire… Pousser à partir de là vers la Chine, c’est ce que nous faisons dans notre livre. qui a voulu penser la place possible de la France dans le monde en train de naître, le présent et l’avenir dans la mise de cette logique des empires et celui libéral auquel nous appartenons et qui s’effondre.
Etats-Unis, Europe, Russie : un « ménage à trois » ?
John Darwin, peu connu en France, a montré que « Les États-Unis ne font pas exception à l’Ancien Monde. C’est le tiers occidental d’une « Grande Europe », comprenant la vieille Europe, la Russie et l’Amérique du Nord. Cette relation triangulaire a dominé la politique internationale pendant près de deux siècles ». En fait c’est un ménage à trois que JD Vance et Donald Trump prétendent bouleverser y compris dans le discours de Munich et dans la colère jupiterienne de Trump, alors que John Darwin en fait l’invention de l’occident après 1830.
Le mérite de John Darwin, en suivant Marx, mais aussi la conception de l’histoire soviétique, celle de l’Amérique latine, est de mettre en évidence de ce ménage à trois en montrant également que des événements européens déjà de 1750 à 1830 ont coïncidé avec de profondes réorganisation territoriales à l’échelle mondiale. Si la Grande-Bretagne perd le contrôle direct de ses colonies américaines, elle conserve une influence considérable, tout en prenant le contrôle de l’Inde, plus lucrative à partir de laquelle elle prétend s’emparer de l’Asie avec sa pièce centrale la Chine. Entre-temps, la France et l’Espagne se départent de la plupart de leurs possessions nord-américaines. Les guerres napoléoniennes, loin d’être simplement un conflit européen, ont représenté une période de bouleversements mondiaux qui ont menacé l’équilibre des pouvoirs entre les puissances occidentales et non occidentales à travers le monde. Il suffit de suivre l’histoire de l’esclavage, des productions comme le sucre qui sont liées à ce mode de production pour percevoir les répercussions des guerres européennes sur les Etats-Unis et l’Amérique latine. Dans tout le XIXe siècle va continuer à se définir le langage politique de l’Occident libéral. Au cours de cette période, les empires européens ont adopté une nouvelle forme d’ordre mondial et se sont efforcés de se réconcilier avec leurs anciennes colonies américaines pour prendre d’assaut la planète .
« Les sociétés européennes ont reculé devant la guerre et se sont lancées dans une expérience difficile de coopération politique et économique sous la bannière idéologique d’un libéralisme méfiant, limité et contesté. » (Darwin, D’après Tamerlan, p. 224)
Contrairement à la croyance populaire, l’Amérique ne s’est pas éloignée et ne serait pas devenue exceptionnelle par rapport à l’Europe au cours de cette période. Au lieu de cela, elle a évolué comme une partie intégrante de ce que Darwin appelle la « Grande Europe ». Comme il l’explique, « Une « Grande Europe » a émergé pour inclure à la fois la Russie et les États-Unis dans une vaste zone dans laquelle les différences politiques et culturelles étaient modérées par un sentiment d’« européanité » partagé (l’américanité n’était qu’une variante provinciale) face à la nature récalcitrante, aux indigènes hostiles ou aux concurrents « asiatiques » ». (Darwin, D’après Tamerlan, p. 224) D’où le péril jaune, parce que jamais la Chine n’est entièrement conquise, ni son peuple, ni ses élites intellectuelles.
Le bouleversement que constitue la révolution bolchevique est dans cet ordre-là un séisme
Le « ménage à trois de l’invention de l’occident » à partir de la Révolution bolchevique est devenu selon l’hypothèse de notre livre un moment de renversement. Il a été prévu par Marx en liaison avec la Chine dans sa perception anthropologique qui a son principal pilier dans l’œuvre d’Engels L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat. Cette vision historique qui est celle du matérialisme dialectique inspire Engels quand en 1890 (Marx est mort en 1883) il déclare : « C’est pourquoi, le jour où la principale forteresse de l’ennemi passera entre les mains de la révolution, les gouvernements réactionnaires d’Europe perdront tout sentiment de confiance et de sécurité : ils seront alors tout seuls et ne disposeront plus que de leurs propres forces. Dès lors, tout sera différent. Peut-être seront-ils amenés à faire entrer leurs armées en Russie pour rétablir l’autorité du tsar : quelle ironie de l’histoire » !
Notre livre dans sa première partie, mais nous vous présenterons également les autres parties, suit ce chemin dans laquelle la « principale forteresse de l’ennemi » la Russie tsariste est passée à la Révolution puis à la contrerévolution et entre aujourd’hui dans un partenariat avec la Chine communiste dont on ne peut mesurer l’importance si on n’a pas cette vision historique, cette profondeur du champ qui encore aujourd’hui pèse de tout son poids sur cette étrange négociation entre les Etats-Unis et la Russie. Parce qu’il y a ce basculement prévu par Marx : le centre de gravité s’est déplacé de la vieille Europe et de la côte est des USA, au Pacifique avec le percement du canal de Panama et la découverte de l’or en Californie. Ce par quoi commence notre livre.
De manière cruciale, cette période a vu l’émergence d’une idéologie commune cohérente dans ce domaine qui a représenté la première manifestation viable de ce que nous appelons parfois « l’ordre libéral fondé sur des règles ». Darwin a écrit : « La stabilité géopolitique de la Grande Europe a favorisé la croissance (progressive, erratique, contestée) d’une idéologie commune minimale de « libéralisme limité » ». (Darwin, D’après Tamerlan, p. 224)
Ce libéralisme s’est manifesté dans des variantes nationales distinctes à travers la Grande Europe. Même les soi-disant « slavophiles », qui rejetaient la « réticence culturelle » des occidentalistes envers la pensée et les mœurs européennes comme aliénantes et athées, imaginaient la Russie comme une nation slave chrétienne dont l’élite réformatrice serait en sympathie spirituelle et politique. avec les masses paysannes » (Darwin, D’après Tamerlan, p. 233) La question de savoir si le matérialisme historique et Marx ne sont qu’une variante de cette occidentalisation a été défendue, mais notre livre insiste plus sur la rupture qui s’institue en particulier à travers la Chine et le fait que ce seront des pays du sud qui l’adoptent pour inventer une modernité qui ne soit pas le libéralisme occidental.
La crise sous forme de secousses dont la périodicité s’accélère et le déplacement du centre de gravité en Asie sonnent le glas d’un modèle libéral… qui une fois de plus se retourne en son contraire, le fascisme, pour se perpétuer…
Cette idéologie libérale avait des principes communs et, dans les années 1870, tous les États de la Grande Europe avaient adopté une forme de constitution libérale, contrastant fortement avec ce que Karl Marx appelait le « despotisme asiatique », mais notre livre montre également que le mépris qu’on lui attribue est erroné y compris à travers pourtant la référence hégélienne à laquelle se réfère le libéralisme. Le triomphe du libéralisme hégélien s’est produit bien avant les années 1990, ce qui suggère que la célèbre déclaration de Francis Fukuyama sur la fin de l’histoire en 1989 était moins une proclamation d’un Nouveau Monde qu’une célébration de la restauration d’un régime centenaire après la tourmente révolutionnaire du XXe siècle. Avec la fin de l’URSS, ce n’était pas la fin de l’histoire, c’était l’apothéose d’un modèle historique. Il y aurait encore des conflits, des guerres limites peut-être mais tout cela ne serait que la réalisation de ce que l’occident définissait comme le triomphe de l’esprit, de l’Etat libéral. Ainsi, il est clair que l’eurocommunisme a été un retour vers le libéralisme et encore aujourd’hui il existe dans l’expérience des partis communistes occidentaux mais aussi japonais une adhésion de fait à la thèse Fukuyama sur l’aspect indépassable du libéralisme occidental. Cela s’accompagne d’ailleurs de la fin de la lutte des classes auquel se substituent des antagonismes sociétaux qui n’induisent que des ajustements. La non reconnaissance de la nécessité de la dictature du prolétariat puisqu’il n’y a pas de dictature de la bourgeoisie.
Mais comme le note Marx encore dans cet article sur la Chine que nous reproduisons dans notre livre « Depuis le commencement du XVIIIe siècle, l’Europe n’a pas connu de révolution radicale que n’ait précédée une crise commerciale et financière. Cela vaut non moins pour la révolution de 1789 que pour celle de 1848. Vrai, chaque jour nous percevons des symptômes sans cesse plus inquiétants de conflits non seulement entre les grandes puissances et leurs sujets, entre l’Etat et la société, entre les différentes classes, mais encore entre les puissances elles-mêmes : leurs conflits s’élevant peu à peu vers ce point culminant où il faut tirer son épée et recourir à l’ultima ratio des princes. Chaque jour, des communiqués gros de menaces de guerre universelle parviennent dans les capitales européennes, que dès le lendemain d’autres communiqués dissipent, porteurs d’assurances de paix pour la semaine en cours. Cependant, quels que soient les sommets que les conflits entre les puissances européennes pourraient atteindre, quelque orageux que l’horizon diplomatique puisse paraître, quels que soient les mouvements déclenchés par des minoritaires excités de tel ou tel pays, nous pouvons être sûrs que la rage des princes et la fureur des peuples sont également apaisés par le souffle de la prospérité. Il est peu probable que des guerres ou des révolutions mettront aux prises l’Europe, si ce n’est par suite d’une crise commerciale et industrielle généralisée dont le signal devrait comme d’habitude venir d’Angleterre, représentative de l’industrie européenne sur le marché mondial. »
Il y a a crise dont nous analysons par ailleurs le caractère actuel spécifique qui met à mal cette conception de l’achèvement de l’histoire.
Ce qui se passe en ce moment a un double visage, le démantèlement de ce modèle par les Etats-Unis eux-mêmes pour retrouver la pureté originelle, et l’étrange partenariat entre la Chine et la Russie en relation avec les pays du sud. C’est ce que nous explorons dans notre livre ce qui sans doute sera passé sous silence comme l’a été longtemps ce qu’annonçait dès 1983 Fidel Castro, le réveil des peuples du Sud. Il y a bien des points de capiton entre tous ces mondes et l’art et la manière d’en découdre a échappé aux Etats eux-mêmes.
Qui mesurera la véracité de la mise en garde de Trump sur l’imminence d’une guerre mondiale, la tentative d’ériger un nouveau modèle qui se séparerait du « libéralisme » occidental auquel s’accroche jusqu’au nazisme la vieille Europe ? L’Amérique cherche ses frontières alors que s’est déplacé le centre de gravité.