Israël renforce sa colonisation avec l’annonce de nouvelles routes en Cisjordanie
Zubeyde Cacan
L'Humanité du 31 mars 2025
Le camp de réfugiés de Nur Shams, à l’est de la ville de Tulkarm, en Cisjordanie, le 5 mars 2025.© Nasser Ishtayeh/SOPA Images/SPUS/ABACAPRESS.COM |
Le gouvernement israélien a adopté, dimanche 30 mars, un projet de construction de nouvelles routes en Cisjordanie occupée, à Maalé Adoumim, située à l’est de Jérusalem. Une étape supplémentaire dans la colonisation du territoire occupé.
Selon le bureau du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, ce projet vise à « fluidifier le trafic et améliorer les infrastructures de transport entre Jérusalem, Maalé Adoumim et la vallée du Jourdain ». Dotée d’un budget de 303 millions de shekels (soit environ 75 millions d’euros), cette annonce s’inscrit dans un plan plus large de développement des colonies israéliennes dans la région.
La politique de colonisation est portée notamment par l’aile droite du gouvernement israélien, notamment par le ministre de la Défense, Israël Katz, qui a qualifié une « décision historique ». Et a déclaré : « Ces nouvelles infrastructures amélioreront la sécurité et le bien-être des résidents israéliens, tout en renforçant l’emprise d’Israël sur la région de la Judée et de la Samarie. » La région de la Judée et de la Samarie est une dénomination uniquement utilisée par Israël pour désigner la Cisjordanie occupée depuis 1967.
Une stratégie plus large
La zone concernée par le projet, connue sous le nom de E1, est particulièrement stratégique. Elle se situe entre Jérusalem et la mer Morte, coupant la Cisjordanie en deux et créant une rupture territoriale entre le nord et le sud de la région. En densifiant cette zone avec de nouvelles colonies, Israël souhaite accroître son contrôle sur le territoire, compliquant ainsi toute possibilité de continuité territoriale pour un futur État palestinien.
Ce projet est dénoncé par les Palestiniens et plusieurs ONG, qui y voient un morcellement du territoire et une entrave à la création d’un futur État palestinien. L’ONG israélienne La Paix Maintenant évoque une « route d’apartheid » et souligne que ces nouvelles infrastructures visent avant tout à renforcer la colonisation israélienne en Cisjordanie. Par ailleurs, la Cour internationale de justice avait rappelé, en juillet 2024, que « les colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est » sont en violation du droit international.
Benyamin Netanyahou profite du contexte international, notamment avec le retour de Donald Trump, un allié inconditionnel d’Israël, afin d’accélérer ses projets de colonisation. Ce chantier, loin d’être un simple projet d’infrastructure, s’inscrit dans une stratégie plus large, c’est-à-dire, un renforcement de la stratégie colonialiste en Cisjordanie, où vivent trois millions de Palestiniens et 500 000 colons, en dépit du droit international.